C’est une journée noire, noire comme les ailes du corbeau qui s’envole dans la nuit. Noire comme le pelage du chat annonciateur d’ennuis. C’est une journée noire comme mon cœur, réduit en charbon par tes mots destructeurs.
Aujourd'hui est le jour où ma vie a prit fin. Celle que je voyais avec toi, celle que j’imaginais dans tes bras. Tu y as mis un terme, assurant le coup fatal quand tu as fait de notre duo, un trio avec le vile crabe.Injustice et colère se sont invitées à ma table, gâchant ce dernier repas que nous partageons ensemble. Seul le temps et ta douce voix réussiront à m’apaiser. Mais de temps, tu n’en es plus maîtresse et pourtant tu sembles résignée. Sur ton visage pas de tristesse, juste une lueur qui brille dans tes yeux. La même qui brûle depuis des années, entretenant cette passion que nous avons consumée.
Tu es mon amour, mon tout, mon âme et ce depuis si longtemps déjà, que j’en ai oublié le goût insipide d’une vie sans toi. Comment vais-je survivre sans ton rire harmonieux ? Comment pourrais-je vivre avec ce cœur amputé de cette si grande partie, dont tu t’es emparé à l’aube de nos vingt ans ? Et qu’en est-il de nos projets, ceux dont on parlait avec des étoiles pleins les yeux et qu’on a sottement repoussé, trop confiants sur cet avenir que nous croyions tout tracé ?Alors de ton angélique voix, ma reine et mon bourreau à la fois, tu m’obliges à te promettre une chose incroyable, insensée et même totalement inconcevable. Une promesse égoïste et pourtant désintéressée, symbole de la force de ton amour et de ta loyauté. La promesse de vivre, de continuer et pire encore, celle d’à nouveau la partager.
L’écœurement a succédé à l’incompréhension et enfin Dame Résignation a fait son apparition. Je me suis tu et j’ai savouré chaque mots s’envolant de tes lèvres comme on écoute le chant d’un oiseau, essayant de graver à jamais dans mon esprit cette si belle mélodie. Tels des papillons éphémères, ils sont d’une beauté sans pareille et pourtant si frêles.La vie ne vaut pas la peine d’être vécue sans amour.
Cette phrase, comme un mantra tu me la répètes, tentant de me convaincre d’accéder à ta requête. Mais ce que tu oublies ma douce moitié, c’est que pour toi je suis prêt à tout accepter. Au prix de larmes et de souffrances, je saisis quand même cette dernière chance. Ce dernier cadeau que tu veux m’offrir, retrouver l’amour avant de te laisser partir.
Le temps file, t’enlève un peu chaque jour, cette part de toi si gracile qui résiste toujours. Annonces et rencontres vaines ne font que t’enfoncer dans ta peine. Pourtant je fais de mon mieux, mais quelle autre femme pourrait égaler mon ange descendu des cieux ?
Le désespoir commence à m’étouffer, alors que je te vois peu à peu sombrer, quand un rayon de soleil vient s’infiltrer dans cet avenir si sombre et délabré. Sous la forme d’une fougueuse furie, une femme envahit notre vie. Au départ présente pour veiller sur ma bien aimée, elle a par sa joie notre demeure illuminée. Et bientôt celle qui est une aimable confidente devient alors une délicieuse amante, nous entraînant sur les chemins inexplorés, de l’amour partagé.
Sous tes yeux reconnaissants, pour la première fois à une autre je me dévoile. Si terrible et si intense moment, qui je le sais, nous fait si mal. Sa peau n’a pas la même saveur, ces différences accroissent ma peur. Mais d’un sourire tu m’enjoins de continuer et je me prête au jeu pour te combler. Notre invitée si attentionnée , constate ma nervosité et n’a besoin que d’une seconde pour comprendre que tu es mon monde. Elle te prend délicatement la main et là, je comprends ton dessein . Trois êtres malmenés par la vie, qui ne forment qu’un. Trois destins entremêlés, jusqu'à ce que tu passes ton chemin.
Danse des corps, fusion des esprits, quand tout trois l’on s’endort, apaisés et unis. Plus qu’un partage de chaleur, une promesse d’un avenir meilleur, empli des souvenirs charnels de cet amour éternel. Gratitude et bonheur, je les lis dans tes yeux
Aujourd'hui est une journée noire et ton nom gravé sur cette pierre blanche résonne en moi comme un écho. Noire comme mes vêtements, ceux d’un mari endeuillé. Mais grâce à toi mon cœur n’est plus cendre et avec elle je vais avancer. Et ne jamais oublier à quel point je t’ai aimé.