Il était une fois

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Il était une fois 

Il était une fois… Tous les contes commencent comme ça, pourtant ma vie est loin d’en être un. Un roman noir plus qu’un de ces récits illusoires, gavés de niaiseries et de futiles espoirs. 
Il était une fois… Si seulement ma vie avait commencé comme ça, pourtant ça ne semblait pas être dans les projets du Destin. 

Tout débute par un faux départ, une arrivée en fanfare, transformant le rêve en cauchemar.
Malmenée dès la naissance, j’ai perdu cette innocence, trop tôt pour être raisonnable, trop tôt pour que ça soit négligeable. Le premier regard fût sommaire, vive agression de lumière, pour atterrir dans ce monde seule, emmaillottée dans son linceul. 
Pas de présence maternelle pour éduquer cette jouvencelle, juste un père effondré, qui a tout abandonné. Tandis qu’il dépérit, certain d'être maudit, les années passent et se fracassent, anéantissant à coups de masses, mes frêles espoirs fugaces. 

L’adolescence, cette période pleine de violence où mon innée indépendance m’emporte vers d'extrêmes expériences. De gouttes à gouttes, lentement je me noie,  l’âme en déroute, tyrannisant mon foie. De perverses influences m’ont attirés plus de souffrances, poudre blanche comme sentence, à l’alcool elle vient faire concurrence. 

Un verre de trop suivi par l’avalanche, et voilà maintenant que je flanche.  Fatiguée, résignée,  c'est assez je déclare forfait. Pourtant quelle lâcheté quand on y pense, refuser de saisir cette chance, de savourer chaque minute, peu importe que soit longue la chute. Car sans moments de doutes et de malheur,  comment saurait-on ce qu’est le bonheur ? Alors que lentement la vie me quitte, dans ma tête tout se précipite. Regrets violents valsent avec la peur, quand ce monde se remplit de noirceur. 

Pourtant, Tyché sur moi s’est penchée, et maintenant je ne veux plus tricher. Finies les fausses solutions,  envolées les vaines illusions ! Il est temps de profiter de ce don,  et de rendre hommage à celle dont je porte le nom. Honorer dignement ce cadeau et me libérer de ce fardeau. 

Dans cette pièce aseptisée nous nous sommes rencontrés, au milieu des fous et des âmes perdues, divine providence pour deux illustres inconnus. Le même malheur emplit ton regard, et dans tes yeux j’ai l’impression de me voir. Tes cicatrices en miroir, sur tes bras elles se profilent, accusatrices de ton désespoir, et de ces moments difficiles. 

 Je n’étais pas prête à ouvrir mon coeur, je pensais même que tu aurais pris peur. Mais tu es resté à mes côtés et mes espoirs et mes doutes tu as écouté. J’ai tenté de te faire fuir, te protéger de mes désirs, car ils sont sombres et sans appel, et jettent une ombre sur ton ciel. Ta patience et ta détermination ont raison de mes résolutions. Lentement tu panses mes blessures, et mon armure se fissure. 

J’ai brisé ma carapace le jour où j’ai du te faire face. Même malgré mes menaces, tu es resté de glace, petit homme tenace, qui jamais ne se lasse. La séduction est ton fort, et quand tu m’emportes dans tes accords, je ne peux te donner tord et je chavire sous la pléthore. 

Arrache mes vêtements, comme tu l’as fais de mes tourments. Entraînes moi dans cette danse, ce tourbillon des sens. D’essence la plus pure, viens m’en recouvrir, acceptes ma nature et deviens mon avenir. 

Sur ma peau tes doigts se promènent, et tes assauts envahissent ma plaine, toi mon héros qui se démène, pour mettre un terme à cette géhenne. La morsure du cuir est une faveur qui me glisse dans cette torpeur et alors que les coups pleuvent, je les accepte comme une preuve. Épreuve ultime que je te fais subir, toi l’homme si doux qui souhaite me guérir, auras-tu la force de combler mes attentes ? Sauras-tu être féroce quand cette pression augmente ?

Tes lèvres torturent mes seins, entre tes dents tu les retiens. Cette douleur si réelle, pourra-t-elle être plus qu’une étincelle ? Déclenchera-t-elle l’embrasement, celui que depuis tant de temps j’attends ? Tant de questions encore sans réponses, et pour cela je crains que tu renonces. Or tu sembles sûr de toi, tu trembles mais restes là. Ton courage m’éblouis alors que ta détermination jamais ne faillit. 

Attache-moi à cette croix, fais de mon corps un pantin de bois. Lacères ma peau et comme un renouveau, soumets-moi à tes pulsions et donnes-moi l’Absolution.
Fais-moi renaître par cette douleur, deviens mon Maître et chasse ma peur. Je t’offre mon être à toi mon sauveur, pendant que tu me pénètres de toute ta longueur. Ton membre en moi s’active, me transporte encore plus haut, et moi j’attends que tu m’invectives, de ces petits noms d’animaux. 

Enfin ta langue se délie et tu entres dans ma folie, comme une douce mélodie, j’entends tes mots qui m’humilient. Je vois dans tes yeux à quel point cela te coûte, et je m’en veux de mettre ton cœur en déroute. Mais c’est une chose que je ne contrôle pas, une métamorphose qui je crois te déçoit. Arriveras-tu à passer outre ? Pourras-tu des moeurs t’en foutre ? 

Lorsqu’avec violence tu m’accables, de coups de reins implacables, mon corps est en ébullition, et atteint son point de fusion. De ma bouche s’échappent des plaintes et tu les accueilles telles des saintes, quand t’abreuvant de mes larmes, tu chéries ce divin vacarme. Comme un pansement sur une plaie, de ton fluide je me repais. Cette délicieuse explosion est devenue ma nouvelle passion, et avec dévotion, tu debutes ma domination.

Je t’ai attendu toute ma vie, errant au milieu des ennuis. De ce brouillard tu m’as sortie, toi mon phare mon égérie. Maintenant ensemble nous avançons, grandis par toutes ces leçons. Dans le flou nous naviguons, bercés par nos désillusions, prêts à braver toutes les tempêtes et accomplir toutes les quêtes. Notre amour est à l’aurore, et ne demande qu’à éclore, quand dans une danse sans fin de nos corps, entre mes bras lentement tu t’endors. 

Pas de ”ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ” , parce que tout ce qui compte, c’est le moment présent. 

Poésies ou comment dansent les motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant