chapitre 3

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Jadee ne souhaitait plus qu'une chose: que cette dernière heure de cours se termine le plus vite possible. Il ne restait plus que deux places libres dans la salle: une à coté d'Alice, déjà sa voisine la veille; et l'autre à coté du type qu'elle avait bousculé un peu plus tôt. Sans savoir pourquoi, peut être à cause du sentiment inquiétant qu'elle avait ressenti, elle préféra s'asseoir à coté d'Alice. Celle-ci lui adressa un grand sourire quand elle prit place.

- Salut!

Pour toute réponse, elle reçut un regard peu amène de sa voisine. Elle marqua un temps d'arrêt, mais ne se tut pas pour autant:

- Je m'appelle Alice Haloye, on était déjà à côté hier, tu te rappelles? Quand est-ce que tu as emménagé? Tu viens de quelle ville?

Un silence s'ensuivit. Alice fit une moue déçue, jusqu'à ce que s'élève la voix de Jadee.

- C'est qui, ce gars?

- Ah, tu l'as déjà remarqué? s'enthousiasma-t-elle. C'est Lucas Deran. Il est vraiment beau mais c'est le genre super froid, qui ne te regarde même pas quand il te parle. Enfin, tu vois, quoi. Là, devant, la rousse, c'est Taeira. Ils sont presque toujours ensemble; je crois qu'ils sont cousins, ou un truc dans le genre...

Elle continua a présenter les élèves un à un, mais Jadee avait déjà décroché depuis un moment. Elle regarda encore ce Lucas. Son instinct lui soufflait de se méfier. Et son instinct ne la trompait jamais.

Elle sentit la bête bouger en elle, toujours pas rassasiée. Ce soir aussi, elle se transformerait. C'était ainsi depuis son adolescence. Chaque mois, elle se transformait. Parfois juste une nuit, parfois deux, ou trois, jusqu'â ce que le monstre qui l'habitait sois repu. Et pour qu'il le soit, il lui fallait du sang. Beaucoup de sang. En tout cas plus qu'un seul humain ne pouvait en fournir.

Elle n'avait jamais su pourquoi, ni comment. Elle savait juste qu'elle tuerait, quoi qu'il arrive. Bien sûr, elle avait éssayé de la combattre, s'était enchaînée, mutilée, perdue dans la forêt ou la campagne, sans que rien n'y fasse. Elle se réveillait toujours auprès d'un corps sans vie. Elle essayait tant bien que mal de se raisonner, de se dire qu'après tout, ce n'était pas vraiment elle la tueuse... Mais chaque matin après s'être "nourrie", le sang sur ses mains lui rappelait que, si, c'était bien elle.

Lucas avait tout de suite remarqué sa présence, dès le moment où elle était entrée dans la salle. Il avait alors eu tout le loisir de la détailler: de longs cheveux noirs qui lui arrivaient à la taille, qui contrastaient à merveille avec son teint pâle, une silhouette fine, élégante. A première vue, elle n'inspirait rien de particulier. Jusqu'à ce qu'il croise son regard. Des yeux verts, aussi glacés que l'Artique, qui vous gelaient sur place.

Il en resta comme paralysé, tandis qu'un frisson, plus d'exitation que de peur, parcourait son échine, et qu'un sourire naissait sur ses lèvres. Cette fille, l'aura qui l'entourait signifiait plus que le simple danger. C'était la mort.

Crois moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant