Une rencontre destructrice

Chapitre 2

"Avant de porter un jugement sur ce qu'on n'aime pas, il faut d'abord essayer" -Jin

Nous sommes dans l'ascenseur depuis 2 minutes selon ma montre, le temps passe à une lenteur folle. Le débit de mon supérieur m'étonnera toujours. Il ne s'est pas arrêté de parler depuis que nous avons quitté le bureau. 

Ce n'est pas pour autant que j'ai besoin de parler, M.Choa fait la discussion seul. Il me suffit d'acquiescer de la tête ou d'approuver d'un petit "hum-hum" ou "oui". Je ne m'en plains pas mais cela va commencer à m'horripiler durant le trajet.

Arrivés au sous-sol, le parking ne présente plus que peu de voiture, moins d'une dizaine je dirais. Il ouvre sa voiture, une belle voiture comme on peut si attendre d'un supérieur. Je ne pourrait présenter sa voiture car je ne m'y connais point. Par contre je peux assurer qu'on ressent le luxe de la voiture. On s'y installe, et je ne me sens pas à l'aise dans ce luxe trop apparent.

Mon supérieur allume le moteur, après s'être installer. La musique se lance, peut-être que cela va m'épargner une autre discussion. A mon plus grand désarroi, il semble que la musique lui a inspiré un sujet de discussion.

-Lil, vous ne parlez que peu de vous, et j'aimerais en apprendre plus sur vous. Comme, quel est votre style de musique préférée, ainsi que vos artistes du moment.

Il a osé. Je n'apprécie pas les personnes qui se mêlent de la vie personnelle d'autrui. De plus, mon supérieur m'a appelé par mon prénom, que je n'apprécie pas et en plus sans mon accord.

De plus je ne sais pas quoi répondre. Ma playlist est constitué majoritairement de fonds sonores ou de morceaux de piano. Rien de tel pour se détendre, laisser cours à sa créativité, sans pour autant nuire lors d'une écoute durant un travail.

-Vous me prenez au dépourvu, mon style de musique est difficile à décrire. Il varie souvent, même si en général je préfère les musiques aux chansons, je me renseigne sur les tendances musicales actuelles. 

Je ne suis pas ignorante, et je détesterais ça, des sujets d'actualité, des tendances... Je ne suis juste pas intéressée par la vie des artistes. Pour moi leur musique est une présentation en elle-même. Mais je reste sur ma position, en disant que les morceaux de piano sont les mélodies les plus belles qui ne puissent exister.

-Votre réponse vous correspond totalement je trouve. Pour ma part...

Je ne devrait pas m'en étonné, mais je n'ai pas eu besoin de lui retourner la question. Ce qui montre un certain niveau d'égocentrisme pour poser une question dans le seul but d'y répondre et se mettre en avant. Malgré cela je le remercie intérieurement  de pouvoir tenir une discussion seule, ça me soulage d'un poids.

-... J'écoute majoritairement la musique actuelle, mais ce sont souvent les mêmes groupes, chansons, idoles qui reviennent. J'ai fini par me faire un avis sur ces artistes assez péjoratif. Ils connaissent la célébrité facilement, s'en suit la fortune... pour au final faire de la musique tout juste correcte et souvent répétitive. Je me retrouve mieux dans les chansons plus anciens, celles d'aujourd'hui perdent les bases mêmes de leur origine.

Ne prends pas la parole, c'est ton supérieur. Ne prends pas la parole, c'est ton supérieur. Je fulmine, comment peut-il critiquer un secteur qu'il ne connait pas? De plus il n'a pas conscience du travail mené par chacun. Il ne pourrait parvenir à faire un dixième de ce qu'ils endurent, il ne peut même pas se l'imaginer. On peut avoir un avis sans pour autant dévaloriser autrui. Il me semblait que l'on apprenait cette différence aux enfants, la différence entre "je n'apprécie pas" et "c'est de mauvais goût". Chaque avis est subjectif, mais cela ne donne pas le droit de faire de son avis, une opinion qui devrait être acquise à tous. Non, il faut que je le remette à sa place.

-Je... 

-Nous sommes arrivés

Ce malotru, je ne pensais pas que l'un de mes supérieur descendrait si bas dans mon estime. Pour résumer, il est égocentrique, impose sa vision du monde sans écouter une autre opinion, critique sans réel fondement, de plus il coupe la parole donc impoli... 

Je descends de la voiture sans lui jeter un regard et lui lance un "Merci" neutre, voulant éviter de transmettre mon humeur meurtrière. Je m'avance vers le bar et m'y engouffre.  Je trouve tout de suite mes collègues, ils ont l'air bien éméché. Pourtant l'ambiance n'est pas lourde, plus amicale. Je les observe rapidement, aucun supérieur ne semble forcer les plus jeunes à boire. Pour autant, je n'apprécie pas d'être là, j'ai déjà envie de partir.

Mes collègues semblent enfin de me remarquer et nous proposent de venir nous installer. La soirée bat à son plein, mais je m'ennuie. Leurs conversations ne m'intéressent guère. Alors je sirote mon verre d'alcool en observant tout ce qui m'entoure. Cela semble beaucoup plus intéressant que le mélange de bruit présent dans cette salle.

Un rire bruyant attire mon regard sur une table de 7 personnes en face de ma tablée. Il semble que ces jeunes hommes sont proches, et passent une soirée plus intéressante que la mienne dans un esprit jovial.

Deux sont de dos, deux autres font les bords opposés et trois me font face. Pourtant, je n'arrive à en voir qu'un seul bien. Les deux autres sont cachés par leur voisin d'en face.

Le seul jeune homme que je pouvais observer, a son visage orienté vers un tableau derrière lui. Mais celui-ci tourne sa tête vers ses amis pour faire, je suppose, la discussion avec eux.

A l'instant même où je le vois mon cerveaux cesse de fonctionner.