T'es belle quand tu pleures

Partie 1 (B)

Nous sommes enfin à samedi. Jeme réveille, de bonne humeur. Je me sens bien. Un peu stressée.

Je rentre me préparer. Je met presque une heure à choisir ce que je vais mettre, tandis que Rémy, qui m'a donné son numéro de téléphone, me dit que c'est sa mère qui va le déposer vers 14h00. Il est 10h00, j'ai largement le temps.

Je décide de me maquiller d'une touche de mascara avec un rouge à lèvres rose assez discret.

Je mets ensuite un film pour passer le temps. Le Monde de Charlie. C'est mon film préféré.

C'est l'histoire d'un lycéen, Charlie, qui arrive en classe de seconde et qui est totalement perdu. Comme moi. Il finit par devenir ami avec le personnage d'Emma Watson, jusqu'à tomber amoureux d'elle.

Les musiques de ce film sont incroyables. Et l'ambiance aussi. J'aime ce film à la folie.

Le temps passe, et il est bientôt 14h00. Rémy me dit qu'il va partir.

Je sens le stress me gagner. Et si je ne lui plaisais pas ? Et s'il ne me plaisait pas ?

J'ai énormément discuté avec lui depuis la rentrée. Il m'a racontée sa vie, qu'il avait un frère et une sœur plus jeunes, qu'il voudrait devenir ingénieur en informatique et qu'il adore Naruto et Eminem. Et qu'il faisait aussi du théâtre en option scolaire.

Malgré ça, j'ai peur qu'on n'ait rien à se dire, et qu'il finisse par partir au bout de dix minutes. J'ai peur qu'il me dise que ça ne marchera pas.

Et, surtout, j'ai peur qu'il ne m'embrasse pas.

Je n'ai jamais embrassé personne avant. Je n'ai même jamais été amoureuse, je crois. Et j'ai peur que ça ne m'arrive jamais.

Je chasse mes idées noires. Après tout, on n'est qu'au début de l'histoire. Peut-être que, finalement, ça va bien se passer, et qu'il m'embrassera plus tard.

Je sors de chez moi. Rémy m'appelle et me dit qu'il est au point de rendez-vous. Je m'y hâte, presque en courant.

Je suis si pressée de découvrir celui qui bouleversera ma vie.

Le voilà. Je peux l'apercevoir au loin.

Au moins, il est bien réel.

Je prends une grande inspiration et vais le rejoindre. Il me sourit et m'accueille à bras ouverts.

- Je suis tellement content de te voir, chuchote-t-il à mon oreille. Tu es aussi belle que dans mes souvenirs.

- Au moins, je reste belle à tes yeux, je réponds.

Il rit.

Nous partons au bord de la Seine et discutons longuement. Après une vingtaine de minutes de marche, nous nous asseyons.

- Tu sais, j'ai jamais rencontrée une fille comme toi, m'avoue-t-il. Tu es drôle, intelligente, jolie, et tu as de la conversation. C'est plaisant.

Je rougis.

- N'importe quoi ! Je dis. Je suis normale.

Pour moi, tu es parfaite.

Je me sentais prête à accueillir ses lèvres. A découvrir cette sensation inconnue.

Mais il n'en fût rien. Il me prend juste la main et me regarde droit dans les yeux.

Ses iris m'hypnotisent. Ils sont magnifiques. Je pourrais les admirer pendant des heures.

- Du coup, reprit-il, je suis vraiment content d'avoir pu reprendre contact avec toi. Je regrette de ne pas t'avoir plus parlée quand on était plus jeunes. J'espère qu'on pourra rattraper le temps perdu.

J'acquiesce. J'aimerais beaucoup.

Nous continuons de discuter pendant au moins une heure, avant que sa mère ne l'appelle.

- Je vais rejoindre ma mère sur le parking de la piscine, me dit-il. Tu m'accompagnes ?

- Bien sûr, de toute façon je prends le même chemin pour rentrer !

Il me prend la main. Pas juste comme si j'étais une enfant ; il entrelace ses doigts aux miens et serre ma paume contre la sienne. Je rougis de plus belle.

Alors que nous arrivons presque au parking, il se met face à moi et inspire. Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il fait.

Il pose ses lèvres sur les miennes.

Un tourbillon de sensations traverse mon corps. Comme si plusieurs mini-décharges électriques m'envahissaient et prenaient le contrôle sur mes articulations.

Je ferme les yeux. Ses lèvres ont un goût de paradis. Je me demande si j'embrasse bien, de mon côté.

J'ai des flashs qui apparaissent. Des éclairs s'entrechoquent, se heurtent, pour former un cœur battant, brûlant de passion, de désir, de joie, d'euphorie.

Lorsqu'il termine de m'embrasser, il me caresse le visage tendrement. Je suis aux anges.

- On se verra une autre fois, je t'appelle quand j'arrive chez moi, ma belle.

Je n'arrive même plus à parler. Je suis totalement dans les vapes, dans un nuage de bonheur.

Je rentre chez moi presque en flottant. Je m'allonge sur mon lit et prend une grande bouffée d'oxygène.

Je donnerai tout pour revivre ce moment.

J'ai enfin l'impression que ma vie a un sens. Que je suis là pour quelque chose.

Oui, pour accepter l'amour que Rémy veut me donner. Et je le veux.