Chapitre 2

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Les Sentinelles partirent de leur côté pour mener Monsieur Rossi en prison. Puisqu'il n'était pas utile que je retourne à mon bureau pour écrire un rapport qui ne me prendrait pas longtemps, je décidai de rentrer chez moi. Je ramenais régulièrement du travail à la maison.

Je grimpai sur mon flyboard et refis les mêmes tours appliqués autour de l'immeuble pour m'engager dans la circulation. Cette fois-ci dans la strate la plus basse, et non la plus haute : je n'en profitais que lorsque j'étais en mission. Je dus prendre mon mal en patience, les citoyens sortant tous du travail. Je me contins de doubler les innombrables flycars et flycycles, trop respectueuse des règles.

Gattaria était découpée en trois cercles concentriques. Le plus extérieur accueillait les serres agricoles qui nous nourrissaient et une partie des habitations. L'autre partie des immeubles résidentiels se situait dans le second cercle, dont les édifices atteignaient cinq étages et non plus trois. C'était là que je vivais, proche du cœur de la Cité.

J'atterris enfin devant mon immeuble et entrai avec mon flyboard sous le bras. En bas des escaliers, je tendis l'oreille : personne.

Le meilleur moment de la journée.

Je remontai sur mon bébé et m'élançai. Mon flyboard se mit à tourbillonner dans l'escalier en colimaçon, si vite qu'il en était parallèle aux murs. Les marches défilèrent à toute allure, me procurant une ivresse inégalable.

Je me redressai pour traverser le couloir et sautai au sol. Je récupérai mon moyen de transport tout en scannant ma main sur le boîtier de la poignée.

— Maman te tuerait si elle te voyait faire ça, chantonna une voix la porte à peine ouverte.

Je rangeai mon flyboard sur son socle de recharge, retirai mes chaussures et me dirigeai vers la cuisine. Sans surprise, Milla, Soren et Jonah buvaient un demi-verre de jus de fruits. Une denrée restreinte qu'ils avaient pris l'habitude de s'offrir chacun leur tour en rentrant de l'entraînement.

— Salut, petite geek ! s'exclama Soren avec un sourire de contentement.

— Tu ne te lasseras jamais de ce surnom, soupirai-je en me dirigeant vers le frigo.

— Jamais.

Je me servis un verre d'eau en dissimulant mon agacement. Cela lui faisait trop plaisir.

— Les escaliers ne sont pas une rampe de jeux, reprit Milla comme si notre ami n'avait pas parlé.

— Ne fais pas comme si tu allais me dénoncer à Maman, défiai-je mon aînée.

Son beau visage s'illumina d'un sourire complice.

— J'aime faire planer cette menace sur ta petite tête d'intello.

Je portai mon verre à mes lèvres pour cacher mon expression. Le mot « menace » avait fait resurgir les images de l'altercation. La réaction de Monsieur Rossi m'avait chamboulée plus que je ne l'aurais cru.

Le bruit caractéristique de la porte empêcha les garçons de me taquiner sur mes capacités. Milla, elle, ne détacha pas ses yeux vert émeraude de moi.

— Bonsoir, les enfants.

Mes parents apparurent, imposant ce silence coutumier à toutes leurs entrées. Ce n'étaient pas tant leurs carrures de combattants qui impressionnaient, mais le charisme qu'ils dégageaient, surtout côte à côte. Les courts cheveux bruns de mon père accentuaient les angles de son visage, tandis que la natte blonde de ma mère la rendait martiale. Leurs yeux, pourtant d'une couleur différente, irradiaient la même autorité confiante.

AppartenanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant