La lumière du matin caresse doucement les rues de Marysville. Un air frais s'engouffre dans ma veste ouverte alors que je m'arrête devant le café où j'ai donné rendez-vous à Emma, ma meilleure amie. C'est un endroit modeste mais chaleureux, avec ses grandes baies vitrées et ses murs en briques rouges. Le genre d'endroit où l'on peut passer des heures à refaire le monde autour d'un café brûlant. C'est ici que nous avons passé des centaines de moments ensemble, à rire, à pleurer, à rêver. Et c'est ici que je lui ai demandé de me rejoindre une dernière fois avant mon départ.
Emma m'attend déjà, assise à notre table habituelle, un coin près de la fenêtre. Elle joue nerveusement avec une serviette en papier, son visage rayonnant habituellement est assombri par une mélancolie qu'elle essaie de dissimuler derrière un sourire. Quand elle me voit, elle se lève d'un bond et m'enlace avant même que je n'aie atteint la porte.
— Tu pars vraiment, hein ? murmure-t-elle, sa voix trahissant un mélange de tristesse et de résignation.
Je sens ses bras se serrer un peu plus fort autour de moi, et je lutte contre la boule qui commence à monter dans ma gorge.
— Oui, je pars, dis-je doucement. Mais je reviendrai te voir. Promis.
Nous nous asseyons, et Emma commande nos habituels cafés latte. Elle ajoute un muffin au chocolat, notre péché mignon, et je souris en voyant ce petit geste de nostalgie. C'est elle tout craché. Toujours à essayer de rendre les moments ordinaires un peu plus spéciaux.
— Je sais que tu dois le faire, Abby. Je comprends pourquoi tu pars. Mais ça ne rend pas ça plus facile, dit-elle en brisant un morceau de muffin, qu'elle émiette sans y toucher.
— Emma, je... C'est compliqué. Ce n'est pas que je veuille fuir Marysville ou toi. C'est juste... un besoin. Depuis que maman est partie, tout ici me rappelle qu'elle n'est plus là. Et puis, mon père... Il a été là pour moi quand j'en avais besoin. Maintenant, c'est à mon tour de renouer avec lui, de... reconstruire quelque chose.
Emma hoche la tête, mais je vois bien que mes mots ne suffisent pas à apaiser sa peine.
— Tu sais que je suis là, toujours, hein ? dit-elle après un moment de silence, son regard accroché au mien. Peu importe la distance. Même si tu te perds au fin fond du Wyoming, je viendrai te chercher si tu as besoin.
Je ris doucement, bien que l'émotion me serre la poitrine. C'est exactement ce que dirait Emma. Prête à tout, même à affronter des bikers dans leur fief, si cela pouvait m'aider.
— Je le sais. Et je t'aime pour ça.
Nous trinquons avec nos tasses, comme pour sceller une promesse invisible. Les minutes passent, teintées d'un mélange de rires et de silences. Puis l'heure tourne, impitoyable, et je sais qu'il est temps de partir.
Devant le café, Emma me serre une dernière fois dans ses bras. Cette fois, je sens ses larmes mouiller mon épaule, et je ne peux pas empêcher les miennes de couler.
— Sois prudente, Abby. Et ne laisse aucun type te marcher sur les pieds. Surtout pas ces bikers, lance-t-elle en tentant de plaisanter, même si sa voix tremble.
— T'inquiète pas. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire, dis-je en esquissant un sourire que je ne ressens pas vraiment.
Je monte dans ma Mustang, et elle reste là, immobile, à me regarder démarrer. Quand je m'éloigne, je jette un dernier coup d'œil dans le rétroviseur. Emma est toujours là, petite silhouette figée au milieu du trottoir, une main levée dans un geste d'adieu.
J'ai toujours connu mon père, Liam Carter, mais sa présence dans ma vie a été sporadique. Ma mère, Serena Walker, vivait à Cheyenne, dans l'État du Wyoming, lorsqu'elle l'a rencontré. C'est là que je suis née. Leur histoire aurait pu ressembler à un de ces contes modernes où la fougue d'un biker rencontre la stabilité d'une femme forte. Mais la vie n'est pas un conte. Mon père voulait faire d'elle sa régulière, et dans un sens, elle l'était déjà. Jusqu'au jour où tout a basculé. Un accident l'a laissé dans le coma, puis paralysé pendant un temps, réduisant ses rêves à néant.
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Skull Of Death [RÉÉCRITURE]
Lãng mạnÀ la suite d'un accident tragique, Abby n'a d'autre choix que de tout abandonner et de recommencer à zéro. Mais pas n'importe où ! Elle se retrouve à Cheyenne, sa ville natale, où vit toujours son père, ancien président du redoutable club de motards...