Santino

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Je marche d'un pas rapide dans les rues de Mexico, je dois m'éloigner le plus vite de l'Aurora. Je sais pas qui est ce mec mais il n'est pas clair. Il va m'entendre Santino c'était quoi ça ?! Je sors mon téléphone et je compose son numéro. Il est 8:46.
Et là j'entends sa voix.

- Hola hermanita que pasa ? Me demande-t-il la voix enrouée

Je devine qu'il vient de se réveiller.

- C'était quoi ce plan Santino ?? T'es sérieux tu me files une commande comme ça ? Je croyais que tu faisais le nécessaire pour que je n'ai pas à me confronter à ce genre de situation ! m'énervé-je

- Attends attends, calme toi, explique moi tout, dit-il tout à coup sur le qui-vive, t'as fais ta livraison ? Qu'est ce qu'il se passe ?

- Il se passe que pendant que tu dormais, je me faisais menacer par le client que tu m'as confié. J'ai réussi à lui choper le flingue qu'il pointait sur moi mais un peu plus et j'y passais et... continué-je avant de m'interrompre en entendant Santino jurer.

- Putain Hermanita, dis-moi où t'es je te rejoins immédiatement.

- Je t'envoie l'adresse.

Je raccroche et pousse un long soupir. Je cherche le nom de la rue dans laquelle je suis et je l'envoie à Santino.
Je sais qu'il doit s'en vouloir. Je suis comme sa petite sœur pour lui, et quand j'ai été lui demander de quoi dealer il n'avait pas voulu au début. Malheureusement pour lui, il sait que je suis têtue, c'est pour ça que je l'avais prévenu que si il ne m'aidait pas j'aurais été voir quelqu'un d'autre qui n'aurait pas hésité.
En effet, les dealers sont beaucoup moins soupçonnés lorsqu'ils ont le physique d'une jeune fille svelte et inoffensive. Il m'avait juré que rien ne m'arriverais si je suivais ses instructions à la lettre.

Je vais pour m'installer dans un café non loin de moi quand mon téléphone sonne. C'est un appel de mon père. Je l'ignore. Il a dû recevoir un appel du lycée pour lui annoncer que je suis encore absente.

Je m'assois en soupirant à la terrasse et je commande un coca en attendant que Santino arrive. Soudain, je sens des yeux rivés sur moi, je capte ce genre de choses. Et avant même d'avoir vu de qui il s'agissait, je sais que ce n'est pas bon signe. Mon instinct me crie de me retourner et c'est là que j'aperçois un homme en costume, accoudé à une berline noire, au téléphone qui me fixe. Lorsque nos regards se croisent, il hoche la tête et je vois ses lèvres remuer avant de remonter à l'arrière de sa voiture qui repart sans plus attendre.

Je suis cette dernière du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de ma vue en tournant au carrefour du bout de la rue. Je n'aime pas trop ça. Mais je n'ai pas le temps de me poser plus de question quand je vois Santino arriver vers moi. Il est un peu essoufflé, signe qu'il a couru pour me rejoindre au plus vite. Âgé de 19 ans, il est très musclé pour son âge et me dépasse de trois têtes malgré mon mètre 70. Vêtu d'une chemise noire à moitié ouverte et d'un jean troué, il a l'air assez intimidant.

Il m'a pris sous son aile quand mes parents et moi sommes arrivés à Mexico, il y'a 10 ans, après avoir déménagé d'Italie. Il m'avait sauvé d'une bande de gamins qui tentaient de me racketter. J'avais 7 ans et lui 9. Sans lui, je n'aurai jamais survécu à Topito. Avec mon père, il est ma seule famille.

Je le vois froncer ses sourcils noirs en ne me voyant pas. Et ses yeux bleus s'agrandissent de soulagement quand il me repère enfin.

Je me lève quand il s'approche de moi et il me prend dans ses bras musclés. Je profite du moment, je me sens en sécurité quand il m'enlace. Lorsqu'il se détache de moi, il plonge ses yeux dans les miens et me demande :

- Décris-le moi.

Je m'assois et il fait de même. Je sirote mon coca tout en rassemblant les détails dans ma tête.

- Grand, baraqué, blanc de peau, brun au yeux noirs, environ 20 ans, pas de tatouages visibles, barbe naissante et une moustache légèrement prononcée.

-il y'en a une tonne à Mexico, soupire Santino, donne-moi le flingue que tu lui a piqué il y'a peut-être un indice.

- Tu me le rends après hein ? demandé-je, méfiante.

- Mais oui t'en fais pas, aller balance j'ai pas toute la journée, rit-il.

Je sors donc l'objet en question et lui donne, amusée. Son sourire se fige cependant lorsqu'il le regarde de près. Il change de regard immédiatement et me dit d'un ton précipité :

- Tu dois partir, rentre chez toi et restes-y, tu m'as bien compris ?

- Quoi mais je croyais que ... protesté-je avant qu'il m'interrompe pour la deuxième fois de la journée.

- TU M'AS BIEN COMPRIS ?? Gronde Santino.

- C'est bon je me casse putain pas la peine de faire une scène rends moi le flingue au moins.

Exaspéré et le regard noir, il me tends l'arme mais ne la lâche pas pour autant.

- Rentre ahora je te rappellerai.

- Ok j'ai compris tu peux le lâcher maintenant ? m'exclamé-je.

Il libère l'objet de sa poigne, je cache ce dernier dans la poche unique de mon sweat, récupère mon sac et sors du café. Je sens ses yeux bleus me suivre du regard jusqu'à ce que je sois hors de sa vue.

Je monte dans le premier bus qui arrive sans trop savoir où il me mènera. Hors de question que je rentre chez moi et affronter mon père sans savoir ce qu'il se passe. Je m'assois de nouveau au fond du bus et je sors le glock. En le retournant je comprend la panique soudaine de Santino.

Putain pas ça.

Tout mais pas ça.

Sur la crosse du flingue se trouve la marque d'un cartel.

Mais pas celui pour lequel Santino et moi travaillons.

Non pas celui là.

Cette marque c'est la marque du cartel des Cajodrezio.




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El ProtectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant