CHAPITRE 24

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    J'attends tranquillement que le shérif Brody et les autres policiers quittent la propriété pour me tourner vers Joss. Un simple regard, et nous nous comprenons. Il m'adresse un clin d'œil de connivence. Dans le milieu des ranchers, certaines affaires sont réglées par nous-mêmes. La situation est grave, mais pas désespérée à mes yeux. Il n'est pas encore né celui qui m'empêchera d'aller jusqu'à Dallas récupérer l'homme que j'aime.

— Je sais, c'est déjà fait, m'assure-t-il. J'ai envoyé un message à Jerry pour qu'il fasse le plein de l'hélico et être prêt à décoller immédiatement.

Je pose la main sur son épaule, hoche la tête et lui adresse un sourire. Un remerciement silencieux.

— Merci, Joss, je peux toujours compter sur toi quand je suis dans la merde.

— Et ça sera toujours ainsi. Tu es comme un fils pour moi, et j'apprécie vraiment beaucoup ce petit. Je serai satisfait d'avoir un deuxième garçon, surtout s'il te rend heureux. Allez, viens, on a un vol à prendre, me dit-il avec un clin d'œil.

Le vol pour atteindre le motel ne dure pas plus de dix minutes. Je pose l'appareil sur un terrain vague à deux pâtés de maisons de l'endroit, afin que la police qui encercle l'hôtel haut de gamme ne s'aperçoive pas de notre présence. C'est risqué, j'en suis conscient, mais je veux être aux premières loges. Les Russes ne doivent se douter de rien. Cela impliquerait la mise en danger de la vie d'Alex. Et ce n'est pas le but.

Nous nous faufilons dans les rues désertes de ce côté de la ville. Seuls quelques bars pleins de viande soûle sont ouverts. Lorsqu'on arrive à quelques mètres du motel, le parking semble vide. Le shérif de notre localité n'est pas encore arrivé. Sans compter qu'il devra laisser la main à celui qui gère cet arrondissement de Dallas. Pas moins de sept voitures banalisées encerclent le motel. Joss m'attrape par le bras et me désigne d'un mouvement de tête deux flics armés, postés dans un recoin, qui pointent leurs armes en direction de la chambre la plus isolée. Je ne doute pas que d'autres hommes sont en planque aux alentours.

Je compte rapidement les portes de l'établissement de plain-pied en forme de L qui semble disposer de quatorze chambres. D'après ce que j'entends, le parking ne semble pas si vide que ça. Quelques personnes sont amassées, à l'abri d'un bâtiment, à une vingtaine de mètres. Je suppose qu'il s'agit des clients qui ont été évacués au cas où les choses tourneraient mal.

— Andrew, me chuchote Joss en l'écartant deux badauds qui se sont écartés du groupe. Nous devons faire quelque chose avant que les choses ne tournent mal.

— Je sais, Brody ne va pas tarder à arriver, il vaudrait mieux trouver une solution. Nous avons perdu trop de temps. Plus les minutes passent, plus Alex est en danger. Tu as une idée ?

— Peut-être bien, mais pour ça, je dois parler à Mitch, c'est le gérant du motel, et un ami de longue date.

— Tu connais le gérant ? Tu m'en caches des choses, Joss ! je rétorque pour donner une pointe d'humour à l'atmosphère pesante qui règne sur le parking. Regarde, je lui dis en pointant mon doigt vers un homme qui discute un peu à l'écart avec un policier près d'un fourgon. Il ne s'agirait pas de ton Mitch, par hasard ?

Joss regarde dans la direction que je lui indique, et me claque l'épaule.

— Si, c'est lui, il faut que je lui parle avant que Brody débarque.

Le gérant regarde dans notre direction. Joss en profite pour lui faire un signe afin qu'il nous rejoigne. À mon grand soulagement, le type semble le reconnaître, dit quelque chose au policier, et vient à notre rencontre.

— Joss, mais qu'est-ce que tu fous ici ? C'est un vrai boxon, un malade a séquestré un type dans l'une des chambres.

— Je le sais, Mitch, c'est pour cette raison que nous sommes ici. Tu crois quoi, que je me balade sur ton parking en pleine nuit pour le plaisir ? Je te présente Andrew Mackenzie, mon patron. Le type séquestré est un employé du ranch, et un ami.

White Horse RanchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant