Je serais toujours là pour toi //ff jikook

V.

Sans un mot, Ji-Min et Jeong-Guk descendirent du bus. Leurs doigts étaient restés entrelacés tout le long du trajet, mais ils n'avaient pas l'air de s'en rendre compte. Ils firent quelques pas dans le noir complet. Ils ne parlaient pas. On n'entendait que le souffle de leurs respirations respectives, qui allait se perdre dans le grand ciel obscur de Séoul.

Ji-Min s'aventura un peu plus loin dans l'opacité de la nuit, sachant parfaitement quelle direction prendre. Devant eux se dressa soudain un grand édifice, illuminé de bleu et de blanc.

Lorsqu'ils y pénétrèrent, quelque chose éblouit Jeong-Guk, et il plissa les yeux. Le bâtiment n'était en fait qu'une seule et même salle, immense, au plafond de verre qui laissait entrevoir la voûte-céleste. Et en dessous, délimitée par des barrières, s'étendait une large plaque de glace dans laquelle se reflétait la pleine lune. Tout était désert, calme.

"Une patinoire" murmura Jeong-Guk.

Il se tourna vers Ji-Min.

"C'est magnifique..."

Ji-Min, tout fier de lui, étira ses lèvres en un sourire.

"Je sais.

- Mais...

- Mais ?

- Il y a un problème.

- Lequel ?"

Jeong-Guk fit une mou gênée. Comme si sa fierté et son orgueil venait de disparaître à l'instant.

"Je ne sais pas... patiner."

Ji-Min rit, et lui tendit une paire de patins à glace.

"Bien sûr que si tu sais."

***

Jeong-Guk était parvenu, non sans mal, à enfiler ses patins, puis à marcher jusqu'à la barrière, où il se cramponnait désormais fermement. En riant, Ji-Min s'approcha de lui. Leurs mains se retrouvèrent avec hâte, et Jeong-Guk enlaça ses doigts avec les siens.

Enfin, Ji-Min le tira avec douceur vers lui, et Jeong-Guk s'aventura fébrilement sur la glace. Il ne perdit pas l'équilibre, et avança un peu plus. Il lâcha la barrière, et sa main libre vint prendre celle de Ji-Min.

"Tu vas voir, c'est facile. Tu as un bon équilibre."

Ils sourirent.

"Regarde. Marche de deux pas, laisse ton pied droit glisser vers l'extérieur... tu sais le faire, il suffit d'essayer, et tu verras."

Ji-Min patina jusqu'au centre, entraînant Jeong-Guk avec lui.

"Essaye. Tu peux le faire."

Avec regret, leurs mains se quittèrent et Jeong-Guk se retrouva seul, sans aucun appui.

"Ne t'inquiète pas. Ne réfléchis pas, vas-y."

Jeong-Guk répéta les mouvements montrés par Ji-Min, et parvint avec une facilité déconcertante à rejoindre l'autre bout de la patinoire.

"J'ai compris" murmura Jeong-Guk.

Il se tourna et leva un pied au dessus du sol brillant.

"Patiner, c'est comme danser."

Il prit un peu d'élan, et se laissa glisser.

"Il faut être stable... méthodique... sensible."

Et il se mit à danser. Il l'avait dans le sang, il le savait. Tourner, retourner, retomber en équilibre, se servir de ses bras et sentir ses pieds tracer un chemin parfait sur l'eau gelée... c'est comme s'il savait le faire depuis toujours.

Ji-Min n'avait pas bougé. Il suivait des yeux la silhouette de Jeong-Guk virevolter autour de lui.

Il était si beau quand il dansait.

Ses cheveux volaient autour de son visage. Tout son corps tournoyait à une vitesse folle. Et lorsque ses pieds quittaient le sol, il ressemblait... à un ange.

Jeong-Guk s'arrêta, et s'appuya contre la rambarde. Ji-Min s'approcha de lui.

"Tu vois que tu sais faire" lui chuchota t-il.

Et sans lui laisser le temps de reprendre son souffle, il l'entraîna de nouveau sur la glace. Ji-Min fourra une main dans la poche de sa veste, et tapota l'écran de son téléphone portable. Jeong-Guk sursauta. Le lourd silence de la patinoire disparu pour laisser place à la musique. Et quelle musique ! Sa chanson préférée. Comment est ce que Ji-Min savait cela ?

Dès l'instant où la musique commença à jouer, ce fut comme si leurs esprits fusionnaient. Leurs mouvements étaient identiques. Mais ils n'étaient pas comme un danseur et son reflet... non. Ils étaient un seul et même danseur.

Ji-Min serra un peu plus les mains glacées de Jeong-Guk. Ils tourbillonnaient, dansant une valse interminable. Ji-Min avait mal à la tête, mais il ne pouvait plus s'arrêter. Ses yeux, plongés dans ceux de Jeong-Guk, commencèrent à pleurer tout seuls. C'était à cause du froid. Ou bien... il y avait-il une autre raison ?...

Et alors qu'il fixait Jeong-Guk, ses cheveux en bataille, ses lèvres violettes, ses yeux pétillants, il comprit.

Il comprit qu'il n'aurait plus jamais la force de se séparer de lui.

Qu'il ne voulait plus se séparer de lui.

Il souhaita que le temps s'arrête. Juste quelques années. Juste quelques siècles.

Et il sentit le retour des papillons.

Comment appelait-on cette sensation déjà ? Cette sensation d'attachement... de dépendance ? Cet insupportable désir charnel ? Ah oui, ça lui revenait maintenant...

C'était quelque chose comme... amour.