Chapitre 20 : Ville

27 1 0
                                    

Mon réveil habituel retentit depuis mes cordes vocales. Je décollai mon dos de mon matelas trempé, dégourdis mes muscles et repris mon souffle. Je me levai sur mon matelas, regardai droit devant moi, et habillai mon visage d'un sourire malicieux. Je sortis de cette sacoche où il faisait chaud et humide, et attrapai un tee shirt large étendu sur une branche, ainsi que le jean de la veille.

Aujourd'hui, je retournais en ville.

Je mis une cape noire dans laquelle, à défaut d'avoir grandi, je flottais. Je fermai ma sacoche et l'enfilai autour de ma taille. J'étais prête.

Pas besoin de petit déjeuner, je trouverais de quoi me nourrir.

Je mis ma capuche, pour cacher mon visage. Je marchai durant une heure jusqu'à arriver près de Londres. Un arrêt de bus était là, en direction du centre de la ville. J'attendis, regardant le paysage autour de moi. Depuis combien de temps n'avais-je pas vu de paysage urbain ?

Quand le bus arriva enfin, j'y entrai et me payai un ticket, avec une pièce de deux Pound.

En repensant au dernier bus que j'avais pris, je me dis que celui là avait le mérite d'être normal.

Je m'assis sur un siège en face d'une vieille dame et d'un type louche. Même si tous les types paraissaient louches dans les transports en commun, une fois qu'on avait vécu de mauvaises expériences. C'était une des tristes réalités de ce monde.

Un regard de jugement de la part de la dame. Je m'en demandais la raison, puis me rappelais mes cheveux en bataille, mes cernes creusées et d'un noir violacé, ainsi que mes cicatrices qui parcouraient mes joues. Sentir ce regard me faisait bizarre, je n'en avais pas affronté depuis des mois.

Dans un roman, le bus se serait arrêté à mon arrêt pour me délivrer de ce malaise ambiant. Ha, ha. Ironie, quand tu nous tiens... Non, plutôt que de s'arrêter maintenant au bout de quelques courtes minutes de trajet, le bus continua de rouler pendant trente longues, très longues minutes.

En ayant assez de ce regard pesant, je levai la tête vers cette quintagénaire, et lui offris mon plus beau sourire. Ce qui fonctionna, elle détourna le regard et préféra lire l'hebdomadaire anglais par dessus l'épaule de son voisin. Moi, je portais mon attention sur le paysage qui défilait depuis ma fenêtre. Les maisons se faisaient de moins en moins rares, jusqu'à ce que nous entrions dans la banlieue londonienne, et que l'on se retrouve entourés de briques rouges et de pavés. Puis bientôt on apperçut des immeubles.

Jusqu'à ce que le bus freine devant un abribus qui indiquait "Londres - Centres"

Une fois sortie, je tentai de me rappeler à quel arrêt de métro se trouvait le Chaudron Baveur. J'aurais mieux fait de le noter. J'entrai dans une bouche de métro, et parcourus le plan des yeux. Il me semblait vaguement repérer le quartier en question, je choisis donc un arrêt qui me parlait vaguement, et établis mon trajet en suivant les lignes du doigt.

J'étais prête. Un passage au guichet pour m'acheter un ticket, et j'étais partie.

------------------

Arrivée à destination, je marchai à pied jusqu'à la taverne. L'air était plus étouffant qu'en forêt, mais les différentes odeurs me changeaient de là bas. L'odeur du pain quand on passait devant une boulangerie, l'odeur de l'essence, l'odeur des gens.

Au manoir, la seule odeur que j'avais connue était l'odeur poussiéreuse du luxe et de l'ancien, mélangée à celle du sang. Bien que celà puisse paraître anodin à n'importe qui, j'étais sûre que si je la sentais à nouveau je vomirais mes tripes.

Mais trêve de mauvaises pensées. Mes yeux se posèrent sur une auberge en piteux état, rien à voir avec les lumières de l'année précédente. Une ambiance pesante m'accueillit quand j'ouvris la porte. Un seul client sirotant un thé, et l'homme au bar n'était pas celui qui m'avait aidé. Je me demandais ce qui lui était arrivé...

Mes pas grinçaient sur le vieux parquet, et je m'approchais, sans un mot, du passage. Bientôt un mur me séparait de leurs regards, et un mur de briques se dressa devant moi. J'avais l'air maligne, sans baguette, je ne pouvais pas entrer.

Ma capuche noire couvrait toujours mon visage.

Alors, j'entendis quelques "tac" contre les briques, de l'autre côté du mur. Le chemin de traverse se dévoila, et une adolescente un peu plus âgée que moi s'avança sans me prêter attention. Je fis de même, et profitai de la voie qui m'était ouverte.

La rue était quasiment déserte. Un seul magasin animé et coloré semblait ouvert. Ah non, je guettais quelques faibles lumières, discrètes. Un groupe d'adolescents se tenait devant une boutique qui semblait être les restes d'une boutique, et criaient "Par ici, distribution de livres d'anciens élèves !" Rien à voir avec la dernière fois que j'étais venue. Je jetai un coup d'œil à ma liste. J'avais déjà les ouvrages de potion demandés ainsi que les ustensiles. Pour la robe de sorcier... Je me contenterais de ma cape noire. Pas besoin de ce qui était noté facultatif...

Il me fallait seulement quelques ouvrages. J'avançais d'un pas décidé vers le groupe d'adolescents qui semblaient en plein débat.

- Thessa on est pas des anciens élèves ! Change ton slogan !

- Roh toi la ferme, on est leurs aînés, c'est pareil ! C'est bon joue pas sur les mots non plus.

- Ahem...

Les élèves se tournèrent vers moi. La dénommée Thessa prit la parole.

- Oh, bonjour petite ! Hum... Tu as perdu tes parents ?

Un soupir.

- Oui, l'année dernière, accident de voiture, rétorquai-je.

Un blanc.

- Oh... Euh... Laissa-t-elle échapper, déstabilisée.

- Mais non idiote, je vais entrer en première année, je veux juste des livres ! Vous les distribuez non ?

Un des élèves me fusilla du regard. Je roulai des yeux. La fille reprit un peu ses esprits.

- Oui ! S'exclama-t-elle. C'est une initiative des vieux élèves parce que la boutique de livres a fermé et on distribue les manuels dont on a plus bes-

Je lui mis la liste sous le nez pour la faire taire.

- Sauf les livres de potion, je les ai déjà.

- Oh... Euh... D'accord...

Elle regroupa, définitivement perturbée, les livres dont j'avais besoin, avant de me les tendre. Je lui offris un sourire sincère.

- Merci beaucoup !

- D- de rien !

J'étais déjà partie. Ils murmuraient des paroles comme "Quelle mal élevée..." "Pour une première année, elle a du caractère." "Ah donc je suis pas la seule à l'avoir prise pour une môme !"

Ces remarques m'arrachèrent un sourire en coin.

Si déjà je les déstabilisais, Poudlard n'était pas prêt pour mon arrivée !

J'ouvris ma sacoche et laissai les livres glisser à l'intérieur. Il me restait du temps, alors pourquoi ne pas aller faire un tour à la boutique de farces et attrapes ?

La marque des ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant