Chapitre 25 : La vie est un palimpseste

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Ses lèvres étaient douces, ses bras l'étreignant avec délicatesse. Ce n'était pas un baiser brûlant de passion, il s'était baissé lentement vers Thaïs et avait posé ses lèvres contre les siennes. Quand il s'écarta, ses cheveux noirs flottaient dans l'air froid et ses yeux bleus, quasiment blanc dans l'obscurité, le sondait avec une intensité presque obscène. 

« La dernière fois que j'ai prononcé ces mots ça s'est mal terminé mais je suis à peu près confiant que ça se passera différemment cette fois, murmura Arthur. Thaïs, je t'aime.

— La dernière fois que j'ai prononcé ces mots il n'avait pas autant de valeur qu'aujourd'hui. Je t'aime. »

Thaïs ne savait plus quoi dire mais il savait ce qu'il voulait et ce depuis des jours. Il s'approcha encore plus du Serpentard et le serra contre lui, sa tête posée sur l'épaule du garçon. Il pleura. De chaudes larmes de joie.

« Hé, hé ! Thaïs ! Ne pleure pas. C'est une bonne nouvelle, non ? » demanda-t-il inquiété par la réaction du Poufsouffle.

Le Serpentard fit apparaître un mouchoir dans un mouvement de baguette. L'esprit de Thaïs piétinait entre le Nirvana et un petit sentiment de honte alors que son nez prenait l'horrible apparence d'un nid de limace. Il lui fallut un moment pour retrouver son calme et enfin parler entre les respirations chaotiques de ses sanglots.

« Pardon, dit-il, je ne pensais pas réagir comme ça mais ce sont des larmes de joie, beaucoup de larmes de joie. »

Il essuya d'un revers de main sa joue et afficha un sourire pour montrer que tout allait bien. Arthur le prit de nouveau dans ses bras pour le réconforter de ses émotions.

« Désolé, j'ai mis un peu de temps pour te le dire. Je sais que tu attendais sur moi, ça va aller ?

— Tiens-moi encore un instant que je sois bien sûr que c'est la réalité. »

Le Serpentard s'exécuta ou plutôt ne s'exécuta pas car il resta bien à sa place, au plus près du jeune Poufsouffle. Thaïs ne sut pas si le temps fut long ou pas, étonnamment, même en haut de la tour d'astronomie, il y avait une douce chaleur aussi il soupçonna le Serpentard d'y être pour quelque chose.

« Pourquoi tu voulais que je vienne ici ?

— Tu viens instantanément d'oublier les vingt dernières minutes ? demanda surpris Arthur. Parce que si c'est le cas je viens de te dire que je t'aimais.

— Je veux dire : pourquoi la tour d'astronomie ? »

Arthur lui pointa le sol et Thaïs remarqua qu'ils se tenaient au centre d'un cercle magique avec des dessins géométriques complexes. Le Serpentard agita rapidement sa baguette et sous les yeux du Poufsouffle le ciel s'embrasa. Les nuages lourds de neige qui recouvraient le ciel dans leurs épaisses apparences blanches cotonneuses s'étaient soudain dissipés et le ciel irradiait de millions d'étoiles, la grande cicatrice de la voie lactée coupait le ciel en deux dans des nuages de gaz blancs, roses, bleues et jaunes. La lune, qui avait recommencé sa course depuis trois jours, s'était éclipsé pour l'occasion.

« C'est de la belle magie ! s'exclama Thaïs.

— J'y ai passé toute ma soirée de vendredi, je suis content que ça te plaise. »

Une fois de plus le temps s'étendit à en perdre la mesure. Thaïs n'aurait su dire s'il restait silencieux car il observait ce spectacle avec la ferveur d'un enfant moldu devant un magicien ou parce qu'il ne savait plus quoi dire. Il porta son regard vers le deuxième spectacle qui s'offrait à lui, Arthur qui souriait, les yeux reflétant avec splendeur la voile illuminée du ciel.

Le Gentil Et L'AmbitieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant