Chapitre 28 : Et une année passa

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Doucement les vacances passèrent. Thaïs sentait sa gêne s'effacer auprès du Serpentard, il se reposait plus volontiers sur son côté même s'il se rendit rapidement compte que ses épaules de batteur n'étaient pas vraiment confortables. Le contact était devenu moins effrayant et Arthur semblait parfois capable de finir des phrases sans s'interrompre pour réfléchir.

La soirée du nouvel an approcha, des feux multicolores explosèrent, les étoiles firent pâle figure, les yeux brillèrent des mêmes éclats et la fin des vacances approcha. La neige recouvrait encore les landes écossaises, un manteau immaculé si ce n'est sur le passage des élèves revenant de la pause festive d'hiver.



Les trois Poufsouffle et le Serpentard avaient pris leurs aises dans une des salles d'études les plus conviviales. Il y avait des salles d'étude avec des canapés et des cheminées comme on aurait pu en trouver dans la salle commune. Ce n'étaient pas les pièces les plus calmes mais en ce dimanche de vacances le petit groupe n'avait pas prévu de se plonger dans la lecture ou la relecture de leurs cours. Theseus s'était installé sur un tapis au sol près de la cheminée comme il le faisait souvent et Elena avait réquisitionné un fauteuil sur lequel elle s'était recroquevillée douillettement. Arthur, son portable en main, parcourait le vaste océan Internet avec Thaïs, la tête sur ses jambes, allongeait sur le canapé qu'ils partageaient.

« Depuis quand tu portes ces bagues ? », demanda Elena abruptement, les yeux fixés sur la main d'Arthur.

Les deux bagues de mariage de ses parents étaient enfilées sur son annulaire gauche. Il joua avec un des anneaux comme si lui aussi venait tout juste de remarquer les bijoux à ses doigts.

« Tu les as reçues à Noël ?

— Oui mes parents me les ont envoyées.

— Ah ! Généreux pour des personnes qui renient leur propre enfant, fit-elle dédaigneuse.

— Je ne sais pas vraiment qu'elle est le message de ce cadeau. Je crois que mon père est complétement perdu depuis que sa sœur est morte. Elle était vraiment différente d'eux : douce, chaleureuse. »

Sa voix était empreinte d'une mélancolie. Il tournait un des anneaux encore et encore. Thaïs se releva alerté par la moue maussade d'un sourire se rappelant un bonheur passé.

« J'ai passé tellement de temps chez elle pour fuir mes parents. Ça ne leur plaisait pas d'ailleurs. Et pourtant elle répétait à chaque fois que je devais les comprendre, me mettre à leur place et essayer de leur pardonner.

— Pourquoi elle les défendait ? demanda Theseus, abasourdi. S'il n'aimait pas sa propre sœur, le type doit être complétement azimuté... enfin je veux dire ton père ne me semble pas très aimable.

— Tu peux dire que c'est un gros con, on sera au moins deux à le penser, répondit Arthur sans gêne. Elle leur trouvait des excuses par rapport à leurs expériences de la vie, elle disait qu'ils n'avaient pas toujours été aussi partisans des sang-purs.

Ils avaient à peine la vingtaine pendant la deuxième guerre des sorciers. Les Greengrass ont toujours été une famille relativement neutre sur le statut du sang, il y a une vieille devise dans ma famille qui dit "Que ton nom soit connu pour tes faits et non ceux de tes parents". Mes parents travaillaient au ministère à cette époque, dans le département de la coopération magique internationale. Il n'avait plus aucun droit de communication avec l'extérieur du pays, ils étaient surveillés, parfois menacés.

Quand la guerre est passée, on les a accusés d'avoir coopéré avec les mangemorts. Ils étaient des sang-purs et ils n'avaient rien tenté pour rechercher de l'aide dans les pays alliés. Il y a aussi eu des personnes de notre famille qui ont effectivement rejoint le camp de Voldemort. Ma tante disait qu'ils ne l'avaient jamais supporté, qu'ils avaient été traînés dans la boue à cause de leurs origines nobles. Ils se sont éloignés de tout le monde, les sang-purs les plus extrémiste, leurs anciens amis. Ils les détestaient tous d'après ma tante, elle pensait qu'au final ils s'étaient enfermés dans leur rancœur au point de correspondre à l'étiquette qu'on leur avait attribué.

Le Gentil Et L'AmbitieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant