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Quand mon cerveau génère trop d'informations en même temps, quand il m'est impossible de savoir ce qui est intéressant ou non, ce que je dois garder ou au contraire ce que je dois jeter, quand j'ai besoin de me déconnecter quelques temps du présent pour pouvoir me reconnecter au passé, j'ai pris cette habitude, cette habitude classée bizarre pour certains, étrange pour d'autres, de me séparer en deux parties, celle de mon corps connecté à mon cerveau, mon cerveau marche avec mes jambes, mon cerveau sourit avec ma bouche, mon cerveau sent avec mon nez, etc... Mais une deuxième partie est créée, celle de mes pensées.
Je pense à trop de choses à la fois, je pense aussi à des trucs complètement débiles, des trucs qui n'ont aucun rapports avec ce que je suis en train de faire, ou ne pas faire, je ne sais pas, je ne sais plus, pensée m'accompagne partout et fait tout le temps la cosette avec moi, je l'aime bien même si elle est bruyante, elle parle tout le temps pour rien dire.
Parfois elle me dit que ce serait bien de faire une course avec la voiture qui est derrière moi quand je suis sur le trottoir, elle me dit que je gagnerai, gagnerai quoi ? Je ne le sais qu'à la fin, et je m'élance, j'avance plus rapidement, je regarde derrière moi, elle est proche, alors je cours, je cours jusqu'à la porte de ma maison et pensée me dit que si je ferme la porte avant que la voiture passe, j'ai gagné, gagné du rien. La satisfaction ? La fierté ? Je me rendrai fier à faire la course contre une voiture ? Techniquement je vais moins vite qu'une voiture, oui je me rends fier.
Aussi, quand le bus me dépose en haut de ma rue, pensée me dit que je dois être arrivé à ma porte sans qu'il n'ait encore démarré, alors je cours, je fais attention à la plaque devant la mairie, la dernière fois je suis tombé et je me suis fait un bobo au genou, je vais tout le temps à droite, pas à gauche car je vais devoir traverser la route mais il n'y a pas de passage piéton, parfois aussi, j'ai peur de tomber du trottoir, parce que devant ma maison il y a des pots de fleurs qui prennent toute la place du trottoir alors je suis obligé de marcher sur la route en espérant gagner contre le bus ou la voiture sans qu'il ne m'écrase.
En parlant de la mairie, ça me rappelle que j'avais fait un stage là-bas pour ma troisième, ce n'était pas mon idée, mais c'était proche de chez moi étant donné que ma mère ne pouvait pas m'accompagner en voiture pour un autre stage car elle travaillait elle. À chaque fois j'étais jaloux quand les mamans des autres allaient chercher leurs enfants à l'école, collège, lycée maintenant, car je me dis que ma mère ne peut pas faire ça car elle travaille, elle m'a dit aussi que ceux qui viennent chercher leurs enfants alors qu'il n'est que quinze heures ou bien quatorze heure ont soit pas de travail, soit ils se ''trouent pas le cul'' à faire les heures habituelles parce que eux ne sont pas allés à l'université. J'ai demandé à mon ami pourquoi il dérangeait toujours son papa quand il avait des permanence au lieu de rester avec moi, il m'a dit que son père n'était pas occupé alors je lui ai demandé si son papa travaillait, il a dit non alors j'ai dit que c'était un mauvais papa, comme maman m'avait dit mais mon ami s'est faché et est parti, avec son papa en plus. Quand je suis venu chez lui après notre dispute, quand on s'est réconcilié, son papa m'a mal regardé, son fils a rapporté alors qu'on avait dit qu'on disait rien aux adultes parce qu'ils sont méchants, il n'a pas tenu sa promesse, j'étais triste alors je lui ai crié dessus.
Revenons en à la mairie, la madame, c'était la secrétaire parce que ma mère m'avait dit que le maire ne faisait rien à part faire chier son monde, bref, elle m'a demandé pourquoi j'avais choisi ce stage, elle m'a demandé ensuite, en me coupant la parole, je n'aime pas ça, si c'était parce que c'était tout près ou si c'était parce que ça m'interessait, ma mère m'a dit à ce moment là dans l'oreille de ne pas dire que c'était parce que c'était proche, j'ai répondu ''les deux'', elle a sourit à ma mère qui m'a lancé un regard gêné, j'ai pas compris mais j'ai souri.
La madame était sympa avec moi, le chauffage un peu moins, elle m'a dit ''le chauffage fait un bruit horrible, tu veux que je l'arrête ?'' j'ai dit ''non'', j'avais froid mais mes oreilles avaient chaud, le bruit était horrible, une sorte de cliquetis sortait, comme si un insecte était retenu prisonnier entre les sortes de dents du chauffage, comme si il l'avait mangé, ça faisait le même bruit que quand on tape avec notre pied dans un chauffage collé au mur, une sorte de ''ploc'' mi aigu mi grave, c'était stressant car le bruit était irrégulier.
La madame m'a montré les mails, je n'osais pas dire que finalement ça ne m'intéressait pas, elle m'a dit ''bon c'est pas vraiment la partie intéressante, va juste me copier un exemplaire d'un acte de naissance demandé dans cette enveloppe'' j'ai répondu avec ma tête, de haut en bas, elle a sourit, elle avait de grands ongles et de beaux cheveux lisses, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle était le cliché parfait de la secrétaire et pourtant son job ne consistait pas à rien faire, je ne comprends pas.
Les enveloppes se sont succédées et c'était la seule chose que j'aimais faire, aller chercher dans un des gros bouquins classés par années le nom d'une personne ou d'un couple, le photocopier avec la grosse machine noire et le mettre dans l'enveloppe demandée en précisant, acte de naissance, acte de mort ou acte de mariage avec le nom de famille de la personne tout en oubliant pas de ranger les livres à leur place, par années, comme la madame m'avait dit de faire, j'étais pas habitué à ce qu'une autre personne que ma mère me donne des ordres mais je les ai quand même respectés.