Quatre

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''Tu vis où ?''
''pas loin d'ici, dans un petit village d'artiste, et toi ?'' ma maman m'a dit que c'était mieux si je renvoyais la question posée à mon interlocuteur, c'était plus poli.
''Tu vois la maison rouge là-bas ?'' dit il en me pointant une jolie petite maison rouge aux volets beiges qui était derrière nous, je l'aime bien, elle est belle, elle ressemble à la mienne mais la mienne est marron claire, pas rouge, pas beige, je préfère celle-là.
''Oui.''
''Bah c'est la mienne.''
''T'as une jolie maison.''
''Oh merci !''
''De rien.'' il faut répondre de rien aussi quand la personne est sympa, sinon tu dis rien et tu souris et quand c'est au travail tu dis ''avec plaisir'' alors que tu n'as pas pris de plaisir à faire ce que ton superieur t'a demandé.
''J'ai bien aimé parler avec toi, est ce que je peux répondre ''avec plaisir'' à ton merci ?'' il sourit.
''Bien sûr !''
''Alors avec plaisir Valentin.''

La deuxième fois que je l'ai revu, le bus s'était arrêté vers la fin du trajet en soupirant bruyamment, Sébastien avait arrêté de parler en voyant que je m'étais déconnecté de lui, que je ne faisais plus attention à lui du coup et a regardé la personne monter avec un petit sourire alors que le chauffeur avait dit ''c'est la dernière fois que je te prends !''. Sébastien avait rigolé en disant ''quel coquin ce chauffeur'' et Valentin, la personne qui était montée était Valentin, lui avait dit ''ta gueule.'', j'ai ouvert la bouche en grand en le grondant ''il ne faut pas dire des gros mots Valentin''. Il a ensuite sourit, comme si j'avais enlevé d'un coup de baguette magique sa mauvaise humeur et a dit en souriant ''c'est vrai tu as raison, pardon.'', j'ai souri moi aussi en disant que c'était pas grave mais qu'il ne faut pas recommencer sinon ma maman allait le gronder parce qu'elle n'aime pas les gros mots, il a rigolé et a caressé ma joue en murmurant ''cute.''

Comme je l'ai dit précédemment, quand une personne murmure un mot ou une phrase courte, j'ai l'impression que c'est son vrai lui qui parle, que ce n'est pas de l'hypocrisie alors il pense vraiment que je suis cute, de deux, je suis bilingue alors je sais que cute ça veut dire mignon et que c'est l'adjectif que je lui ai défini et qu'il m'a ensuite rendu lors de notre première conversation que je me refais avec pensée quand je m'ennuie parce que je l'aime bien, elle m'apaise. Alors je récapitule, il pense que je suis mignon et il est sincère dans ses paroles parce qu'il a murmuré son ''cute''.

Je n'ai rien répondu, je me suis laissé bercer par sa caresse douce alors que Sébastien se plaignait que Valentin ait toute mon attention et pas lui. Valentin s'était placé derrière nous, derrière le siège de Sébastien précisément et s'était levé, se tenant au fauteuil de mon voisin avec son coude, l'autre tenant à côté de mon oreille alors que sa main commençait à dériver vers mes cheveux.

Je ne recevais jamais de contacts, pas que mes parents soient méchants, non, juste, je n'aime pas le contact, qu'on me prenne dans les bras, qu'on me fasse passer de corps en corps pour une rencontre familiale, qu'on me touche pour me dire bonjour, au revoir, merci, de rien, bien joué, bravo, etc... Je le supporte pas au point de faire une crise de panique, j'ai rapidement su comment faire pour me doucher pour que mon père arrête de le faire à ma place parce que les bains et les douches finissaient toujours mal, je finissais en pleure et lui avec une trace de morsure sur son bras découvert de sa chemise qu'il montait au niveau de son coude pour pas la tremper dans le bain alors que je tremblais comme si j'avais froid dans ce bain si homogène, si calme, comme si la tempête venait de se terminer.

Quand je fais ce genre de crise, je ne sais jamais ce que je fais et je regrette pas, je déteste qu'on me cache des choses, la dernière fois, mon papa m'a caché le fait que mon ancien ami m'a appelé pour mon anniversaire, j'ai pleuré et je me suis enfermé dans ma chambre, il l'a ouverte avec sa clé alors qu'il sait que je déteste quand il fait ça et il est venu vers moi en courant ce qui m'a fait peur puis il a posé sa main sur mon épaule dans le but de me réconforter mais je l'ai repoussé tellement fort puis je l'ai gifflé, je n'aime pas qu'on me touche et qu'on me cache des choses, il avait fait les deux.

Bizarrement, le contact de Valentin semblait si invisible, comme si j'imaginais qu'il me touche, que ses doigts que je sens ne sont que ceux de pensée, qu'elle soit avec moi depuis le début, m'inventant Valentin, alors je préfère rien dire et garde les yeux fermés en entendant Sébastien se plaindre à côté de moi.

''Hé Eli', on est arrivé.'' entendis je, c'est Valentin, Sébastien lui a laissé sa place, je regarde rapidement derrière Valentin en paniquant mais je fais face au doux sourire de Sébastien qui ferme la petite poche de son sac rouge après avoir posé ses écouteurs noirs.
''Tu vas rejoindre tes amis ?'' il me lance un sourire et met son poing devant moi, je comprends et pose mon poing sur le sien.

C'est quelque chose qu'on fait instinctivement, c'est quand on s'apprête à dire quelque chose d'important et que l'autre doit écouter ou c'est juste pour montrer notre amour à l'autre. Ces poings, un simple contact dont je ne voyais pas l'utilité, aujourd'hui, je le réclame.

''Eli', mes amis sont tes amis aussi, ils t'ont déjà adopté, alors ce ne sont pas ''mes amis'', ce sont ''nos amis'' d'accord ?''
''Oui'' dis je en récupérant mon poing pour éviter qu'il le prenne dans sa main, c'est dérangeant mais encore une fois, j'ai l'habitude, comme quand il prend mon bras soudainement, avant, je m'enervais et je me roulais par terre en pleurant et il ne comprenait pas et pleurait aussi parce qu'il pensait qu'il m'avait fait mal, je lui criais de ne plus me toucher et lui me murmurait qu'il était désolé, ses paroles sont vraies, elles sont murmurées.

Dans l'innocence de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant