Loup-garou

Jour 1 : Commencement

C'est dans le petit village de Yosu, isolé au cœur d'une immense forêt, que se déroulèrent les événements suivants. On raconte que cette ancienne clairière aurait une certaine particularité, ses natifs seraient, pour une raison mystérieuse, dotés de capacités exceptionnelles.

« Ceux qui naissent en ce lieu seront bénis par les dieux » tel était la légende du village de Yosu.

Enfin, « village » s'avérait un bien grand mot, l'endroit ne comportait en effet qu'une vingtaine d'habitants. Ils y vivaient d'une façon simple, sans le moindre luxe, dans de modestes maisons de bois. L'ambiance s'y révélait chaleureuse, bien loin de l'image austère que l'on pouvait s'en faire depuis l'extérieur.

Au matin du lundi 15 août, le Soleil se leva sur le village comme chaque jour depuis toujours. Car c'était aussi ça Yosu, une petite bourgade avec ses coutumes, ses traditions, ses secrets. Un lieu paisible à l'abri de toutes perturbations.

Comme chaque début de semaine, Lucas enfila son habituel manteau marron assorti à ses yeux et ses cheveux courts. Il s'apprêtait à se rendre dans la grande ville à l'ouest, chercher nourriture, vêtements et tout ce dont les habitants avaient besoin. 

— Tu t'en vas déjà, papa ? demanda une petite fille tout en bâillant profondément.

— On est lundi matin ma puce, je ferais vite, promis.

— Tu dis ça à chaque fois et à chaque fois c'est long... 

— Je vais être en retard, je file, s'agaça Lucas avant de s'éclipser, laissant son enfant seule, et ce malgré la présence de sa mère.

Dans un autre coin du hameau, Henri se promenait comme à son habitude près de la ferme. Il portait sur lui une magnifique tenue blanche, avec ses yeux bleus et ses courts cheveux blonds, il ressemblait à un ange tombé des cieux.

Un homme vêtu d'une tenue de camouflage approcha dans sa direction.

— Chasseur  ! Bonjour ! Comment vas-tu ?

— Salut Henri ! Ça va plutôt bien et toi ?

Comme le voulait la tradition, chaque villageois ayant reçu un don de Yosu se voyait appeler par le rôle donné par son pouvoir et non par son nom. 

— Admirer le lever de Soleil dans un si bel endroit... que demander de plus pour aller bien ?

— T'as bien raison !

— Si tu es là, je suppose que tu as besoin de quelque chose ? 

— T'as tout compris.

Le bruit des roues d'une charrette se fit entendre, c'était Lucas qui, comme d'habitude, passa près de la ferme. En apercevant les deux hommes discuter, il s'arrêta un instant.

— Comment va ta famille ? lui demanda Henri une fois les salutations terminées.

— Bien merci !

— En fait Lucas, je commence à manquer de flèches, avoua le chasseur, tu pourrais m'en ramener ?

— Aucun problème, je vais essayer de voir ça, lui sourit Lucas tout en pestant intérieurement, se procurer des flèches risquait de lui allonger sa journée. Désolé Henri, je ne vais pas pouvoir beaucoup discuter aujourd'hui, ma fille... 

— Ne t'inquiète pas, je comprends.

— Merci, si tu veux passer à la maison, c'est...

Mais avant qu'il ne puisse finir sa phrase, un bruit strident retentit, les villageois mirent un instant à en identifier la provenance.