Retrouvailles

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Région sauvage, Avril 3121

Je jette un œil derrière moi. Il ne reste plus qu'une jeep qui nous poursuit encore. Le vent fouette mon visage. J'ai l'impression d'être libre sur ma moto. Je file à toute allure sur les sentiers poussiéreux alors que défilent autour de moi les quelques arbres ayant résisté à l'éruption du super volcan et qui commencent juste à se couvrir de feuilles, ainsi que des rochers ocres indiquant la présence d'anciennes collines aujourd'hui disparues. Je tourne la tête et aperçoit Phébé qui roule sur un chemin parallèle au mien. Je suis certaine qu'il doit retrouver, au guidon de sa moto, les mêmes sensations qu'il avait sur les vagues de Fossea, quand il faisait du surf.

Il porte le même bonnet noir en laine que moi, ainsi que des lunettes qui nous protègent du vent et des poussières. Nous nous faisons un signe de tête. Gaïa et le reste du groupe doivent être désormais en sécurité dans la grotte avec les nouveaux arrivants. Je tourne alors la poignée, monte une vitesse puis deux. La moto accélère dans un bruit assourdissant et nous laissons presque sur place la dernière jeep. Nous nous rejoignons avec Phébé en haut d'une colline qui se trouve sur notre droite.  Nous stoppons notre véhicule, en descendons et attrapons l'arme que nous portons en bandoulière dans notre dos. C'est un fusil à longue portée. Nous nous accroupissons et attendons que la jeep soit dans notre champ de vision.  Alors qu'elle arrive , Phébé se tourne vers moi.

- A toi l'honneur Manéa. Tu est très douée pour ce genre de tir !

 Je lui souris. Je positionne mon viseur et tire. Le coup est net et précis. La balle atteint son objectif sans problème, comme lors de mes nombreuses répétitions au camp. Je n'aurais jamais pensé devenir une aussi bonne tireuse. La balle s'est logée dans le pneu avant gauche. La jeep fait une embardée puis va s'encastrer dans un rocher. Le moteur se met à fumer. Les soldats s'extirpent du véhicule, difficilement, mais sans blessures graves apparentes. Les voilà coincés ici pour un bon moment. Je remets mon fusil en place et remonte sur ma moto, heureuse d'avoir accompli ma mission sans accroc. Je réajuste mes lunettes, appuie sur le bouton d'allumage, débraye de la main droite et enclenche avec mon pied ma première vitesse. Je tourne la manette d'accélérateur et nous repartons en direction de la grotte où nous attendent les autres. Nous en profitons pour nous amuser à faire quelques pointes sur la route. Je me sens tellement bien dans ces moments-là, j'ai l'impression de voler. J'oublie tout . Quelques instants de bonheur avant de retourner à Altis.

Nous arrivons devant l'entrée de la grotte. A l'intérieur, nous retrouvons Dirkie et Gaïa. Ils sont en train de s'entretenir avec les dissidents que nous avons récupérés. Ils sont de plus en plus nombreux à nous rejoindre. Il n'est pas rare de faire de telles expéditions deux à trois fois par mois maintenant. Notre groupe de résistants augmente de jour en jour.

Gaïa nous aperçoit et vient vers nous. Elle a encore ce regard sévère qui impressionne tellement les personnes qui ne la connaissent pas. Mais je m'y suis habituée.

- Alors, vous avez réussi à les stopper ? nous demande-t-elle.

- Manéa s'en est chargée, comme d'habitude, lui répond Phébé en souriant.

- Parfait, je vais prévenir Altis.

Sans un mot de plus, elle s'éloigne alors vers le fond de la grotte pour joindre notre QG par radio. Si je m'étais attendue à quelques mots de félicitations, j'aurai été déçue, mais j'ai appris, que pour Gaïa, il est tout à fait normal de faire son travail correctement et que les compliments ne font pas partie de son vocabulaire. Tandis que Phébé se dirige vers Dirkie, Gaïa revient déjà vers moi et me tend la radio.

- Loïs veut te parler.

- Ok, fis-je en prenant l'appareil. Merci Gaïa.

Je m'écarte dans un coin de la grotte pour pouvoir discuter à l'aise.

FOSSEA Irae Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant