Réussir à survivre.

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Le soldat nous soulève violemment de notre chaise. Il appelle un de ses collègues qui arrive dans la minute qui suit. Nos mains sont toujours entravées par nos menottes

- Peter, aide-moi ! La colonel veut que l'on descende ces deux prisonniers. On va les emmener derrière le campement.

Son équipier est un jeune soldat. Il me fixe d'un air très gêné. Il ne semble pas avoir l'habitude de se trouver dans une telle situation. Il reste planté là, sans réaction, ce qui a le don d'énerver l'autre soldat.

- Hé, tu rêves ou quoi ?

Le militaire semble revenir sur terre. Il m'attrape par les bras et m'entraîne à la suite de son acolyte. Ce dernier traîne Néven qui se débat comme il le peut. Je repense à Loïs, à mes amis, à ma famille. Comment ai-je pu me mettre encore une fois dans un tel bourbier ?

Nous atteignons un coin à l'écart du camp. Des caisses sont empilées tout autour de nous. Une vieille moto gît sur son flanc, un peu plus loin. Cet endroit ressemble à un lieu de rangement, celui, de toute évidence, où ils stockent leur ravitaillement. Ils nous balancent par terre, l'un à côté de l'autre. Je suis pétrifiée. Je voudrais tant revenir en arrière, obéir à Loïs. Je scrute Néven. Il a l'air étonnamment concentré. Qu'est-ce qu'il mijote ? Tout d'un coup, mes sens sont en alerte. Il a sûrement une idée derrière la tête. Néven a toujours une solution en réserve, mais laquelle ? Alors que je réfléchis, le plus vieux des soldats apostrophe son compagnon.

- Tu as pris ton arme avec toi, j'espère ?

Le jeune met la main à sa ceinture. 

- J'ai mon revolver, fait-il bêtement.

Le vieux soldat secoue la tête

- Qui est-ce qui m'a collé un manchot pareil ? C'est pas possible ! Qu'est-ce qu'ils vous apprennent en formation ! C'est ton HT876 qu'il te faut, pas ton revolver ! Et ramène aussi des pelles pour qu'on les enterre après ! Il n'y a rien de pire que des corps en décomposition à l'air libre !

Le jeune soldat tourne les talons et part en courant récupérer le matériel demandé. Le vieux militaire nous ordonne alors de nous agenouiller, les mains derrière le crâne. Néven ne bouge pas d'un pouce. Notre bourreau grommelle et s'approche de lui afin de l'obliger à obéir à ses directives. Alors qu'il se trouve à quelques pas de lui, Néven se relève promptement puis envoie un coup de pied dans le ventre du vieux soldat qui s'affale par terre en  poussant des gémissements. Avant que son adversaire n'ait pu réagir, il se place derrière lui et lui encercle le cou avec les menottes. Le vieux soldat tente de se dégager mais Néven a beaucoup plus de force que lui. Il suffoque et  petit à petit ses yeux se ferment doucement. Je reste figée, regardant si le deuxième soldat ne revient pas. Néven me sort de ma rêverie.

 - Manéa, viens lui prendre les clés qu'il a dans la poche !

Je m'exécute rapidement. Je fouille les poches du vieux soldat alors que Néven le tient toujours emprisonné entre ses bras. Je les sens sous mes doigts et les attrape.

- Vite, ouvre mes menottes ! fait Néven, fébrile, tandis qu'il laisse tomber sa victime à terre. Puis, il m'ôte les miennes et récupère le revolver et le fusil du militaire.

Mais au moment où nous nous levons pour nous échapper, le jeune soldat surgit déjà, les bras encombrés de deux pelles et de son arme en bandoulière sur son épaule. Il nous aperçoit et s'immobilise soudainement. Il cherche à comprendre ce qu'il s'est passé mais Néven ne le laisse pas réfléchir plus longtemps. Il le menace de l'arme qu'il vient de voler.

- Avance jusqu'à nous et ne fais pas un bruit ! lui intime Néven, toujours campé droit sur ses jambes.

Il obéit sans rechigner, on voit de la peur dans son regard. Il fixe son collègue allongé près de lui, les yeux révulsés . Je ne pense pas qu'il le regrette une seconde mais il doit se demander quel sort on lui réserve. Néven me tend les menottes.

- Attache le Manéa ! lance-t-il dans ma direction.

Je me dirige vers le soldat et je vois maintenant de la terreur dans ses yeux. J'ai presque de la peine pour lui. Je lui enserre les mains avec les menottes. Néven avance vers nous, l'arme toujours pointée sur notre prisonnier. Puis, arrivé à notre hauteur, il pose son revolver et son arme. Puis, il se baisse et enlève sans ménagement le blouson du mort. Il découpe dedans, avec son couteau, des bandes de tissu. Avec la première, il bande les yeux du jeune soldat qui n'a toujours pas ouvert la bouche et, avec une deuxième, lui couvre les lèvres. Enfin, il reprend son arme et se met en position de tir. Je le regarde horrifié ! Il ne va tout de même pas abattre le soldat. Avant que je n'ai le temps d'intervenir, Néven tire deux coups, juste à côté de lui. Ce dernier tremble de tout ses membres.

- Viens Manéa, on se tire ! me dit Néven. 

Je le suis alors qu'il part en direction de la vallée mais, au lieu de continuer tout droit, il me fait signe de l'imiter et de revenir silencieusement sur nos pas. Je l'interroge des yeux. Il se dirige vers les caisses entassées dans un coin, en ouvre une sans faire le moindre bruit et enlève ce qu'elle contient, en l'occurrence quelques vêtements. Puis, il s'installe à l'intérieur et m'enjoint de le rejoindre en me faisant un signe de la main, toujours sans dire un mot. Il remet les habits sur nous et ferme le caisson avec son couvercle.

- Qu'est-ce que tu fous ? lui murmuré-je.

- On va attendre la nuit pour s'échapper. On aurait eu aucune chance à pied. Il n'y a pas d'endroit où se cacher. 

J'acquiesce de la tête. Je lui fais confiance. Heureusement, les caisses sont grandes et nous sommes assis les jambes allongées. C'est un peu comme quand nous étions dans la tempête de sable. Nous entendons les soldats donner l'alerte en découvrant leur coéquipier. Ils interrogent le jeune soldat qui leur explique ce qui s'est passé à son retour. Il est vrai qu'il change un peu la version de l'histoire en racontant s'être battu avec Néven et moi mais, qu'à un contre deux, il ne faisait pas le poids. Il dit ensuite nous avoir entendu partir en direction de la vallée. Un des soldats va chercher Télia qui peste contre l'incapacité de ses équipes et ordonne une chasse à l'homme contre les deux fugitifs.

- Vous les retrouvez et les abattez ! C'est compris ? hurle-t-elle.

Puis, c'est le silence. Nous attendons des heures, cachés dans notre abri de fortune. Nous avons soif et il commence à faire froid. Néven regarde sa montre. Il est deux heures du matin, le camp doit être endormi. Nous sortons de notre cachette avec précaution. L'endroit est désormais désert. Néven s'approche de la moto qu'il a repérée en début d'après-midi.

- Tu crois qu'elle fonctionne ? chuchoté-je.

- Je n'en ai aucune idée, me répond-il, en la soulevant pour la remettre sur ses roues. Croisons les doigts ! 

Il secoue le réservoir à essence pour se donner une idée de la quantité présente et nous nous éloignons à petits pas du campement. Une chance que les soldats nous aient emmenés à l'écart, l'évasion est plus simple. Au bout de plusieurs minutes de marche qui nous ont mis à l'abri des soldats, Néven essaie de mettre la moto en route. Après plusieurs essais, elle démarre dans un bruit assourdissant au milieu de la nuit. Néven  prend les commandes et je monte à l'arrière. Je m'accroche à lui et nous filons à toute vitesse pour essayer de mettre le plus de distance entre les soldats et nous que le bruit du moteur a dû réveiller maintenant...

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Coucou,

J'espère que vous allez tous bien. Je vais bientôt battre mon record de retard de parution 😂. Toujours moins de temps et toujours plus de travail ! Je m'en excuse.

Comme vous avez pu le lire, Manéa et Néven ont réussi à survivre tous les deux mais la chasse à l'homme n'est pas terminée. Les soldats vont vite comprendre qu'ils se sont fait bernés et vont tout faire pour les rattraper. 

Merci pour votre fidélité et vos commentaires 😍





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⏰ Dernière mise à jour : Nov 27, 2023 ⏰

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