Chapitre 1 - Chevalière

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Alira marchait d'un pas vif le long des rues agitées de la capitale. Son regard bleu était droit et ne ratait pas un détail des rues agitées de la Capitale. Ses pas étaient réguliers, et le son des plaques de son armure s'entrechoquant était similaire à celui d'un métronome parfaitement calibré. Dans ses cheveux verts tels les cimes d'une forêt poussait une fleur à cinq pétales d'un blanc pur. Sur son passage, les gens la saluaient, certains avec le respect dû à la chevalière qu'elle était, et certains avec la chaleur due à celle qui les avait aidés un nombre incalculable de fois par le passé.

Alors que le soleil du matin tapait déjà fort sur sa peau sombre, quelque-chose attira son attention. Elle s'arrêta brusquement, remarquant finalement le détail qui la troublait. Le fleuriste qui avait l'habitude de lui offrir une fleur à chaque patrouille n'était pas là. Chaque fois qu'il la voyait, il lui offrait un de ses plus beaux produits afin, prétextait-il, de lui donner de quoi remplacer la "vieille fleur" qu'elle avait toujours dans les cheveux, fleur qui avait perdu un pétale. 

Cependant, il n'était pas à son étal aujourd'hui. Alira, connaissant ce quartier comme sa poche, marcha dix mètres plus loin et tourna au coin d'une ruelle. Son instinct n'avait pas menti. Le marchand était bien là, menacé par ce qui ressemblait à un usurier engagé par quelqu'un de peu scrupuleux. Ce dernier n'avait pas remarqué la chevalière s'avançant vers lui armée d'un regard noir, et continuait de menacer le vendeur de fleurs. Son couteau était pressé doucement sur la pomme d'adam du marchand terrifié.

- Ça fait combien de fois que tu t'endettes auprès de mon patron ? Cinq ? Six fois ? En tout cas, tu l'as suffisamment énervé pour qu'il me donne le droit de te saigner. Punir les mauvais payeurs compte plus à ses yeux que récupérer ce qu'ils lui doivent, vois-tu...

Le marchand poussa un gémissement de détresse. À cet instant, les deux remarquèrent le bruit de l'armure d'Alira, et se tournèrent d'un même mouvement vers elle. Le marchand était visiblement soulagé que les secours n'arrivent, l'autre était visiblement vexé que l'on vienne l'interrompre. Cependant, il ne se démonta pas et, faisant mine d'ignorer l'avertissement qu'était l'épaulière tête-de-dragon accrochée à l'épaule gauche d'Alira, se mit à faire jouer sa dague dans sa main en s'approchant d'elle.

- Bah alors ma jolie, on s'est perdue ? Y'a rien à voir ici, juste une discussion amicale entre deux amis. Je serais toi, je trainerais pas dans une ruelle sombre comme ça !

- Ah oui, et pourquoi donc ?" répliqua Alira d'un ton sec, continuant d'approcher sans se laisser effrayer..

Le malfrat déglutit, comprenant qu'il était coincé. Pendant ce temps, Alira continuait d'avancer vers lui, tentant de l'intimider. Désespéré, il décida de tenter le tout pour le tout.

- Parce que tu pourrais te blesser... comme ça !!" s'écria l'usurier en balayant de sa dague l'espace devant lui, espérant atteindre la Chevaleresse désormais à portée de coup.

Le coup rata de justesse Alira qui recula au dernier moment, la lame de la dague réussissant à couper une mèche de ses cheveux pourtant courts. Gardant son calme elle fit un pas en arrière, observant calmement son adversaire, la main reposant sur le pommeau de son sabre. À ce moment, un second malfrat, probablement un autre homme de main du prêteur, apparut derrière elle.

- Bon sang William, on peut vraiment pas compter sur toi... attaquer seul une chevalière du Dragon ?

Bien plus grand et mieux équipé que son collègue, le second bandit ne tarda pas à révéler son atout. Il métamorphosa dans sa main une épée faite d'une matière transparente, d'un bleu pâle. Alira fronça les sourcils et se tourna vers lui, comprenant que le combat était désormais un peu plus équilibré. Elle ferma les yeux tandis que le voleur à l'épée fondait sur elle. Au dernier instant, entendant la vibration de l'épée magique en mouvement, elle rouvrit les yeux et l'évita en faisant un pas sur le côté. Elle dégaina son katana et enfonça le pommeau dans le visage du sorcier brigand, qui s'y enfonça en émettant un sinistre craquement. Elle fit alors volte-face en un éclair avant de transpercer de part-en-part l'usurier qui s'apprêtait à la poignarder dans le dos. Celui-ci s'effondra en émettant un gargouillement après qu'Alira eut retiré le sabre de son ventre. Elle le rangea d'un geste sec, la lame immaculée malgré le combat.

Le Roi DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant