C’était finalement le moment. Je l’avait presque oublié. Il y a certaines informations que notre esprit efface sans que l’on lui ait formulé une demande, prenant seul le contrôle de la situation ; pour nous protéger, ou alors peut-être nous préserver pour un futur bien pire. Il ne nous renvoie un message de rappel seulement quelques instants avant l’heure fatidique, comme un « bonne chance » lancé à soi-même. Je m’avançais au milieu de cette foule, reconnaissant à moitié mes proches qui me regardaient avec une expression en disant beaucoup – beaucoup trop – et cherchant sans grande envie la porte métallique où était inscrit en lettres majuscule « SORTIE ». J’essayais de garder les idées claires mais une force intérieure me demandait (ou bien m’obligeait) à me rappeler ce que j’avais vécu ces 6 derniers mois. Au fond, tout ça n’était qu’un jeu. Un jeu cruel bien-sûr, auquel je me serait bien passé de participer, mais tout de même un jeu. Malheureusement, certains d’entre nous ne joueront plus dorénavant. Peut-être est-ce le meilleur qu’il puisse leur arriver. Peu importe. Je repris mes esprits réalisais que la porte était juste en face de moi. En prenant la peine d’être attentif, on remarquait quelques rayures très fines sur l’imposante poignée. Juste avant de la tourner, je regardais une dernière fois en arrière, une manière très peu habile de montrer un semblant d’assurance, même si mes joues inondées de larmes trahissaient ma fatigue pesante. Depuis quand pleurais-je ? C’est dans cet état d’esprit perturbé au plus au point que je passait cet obstacle de fer, le pas lourd mais décidé.
