PROLOGUE

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Ruth regardait le sol, jouant avec ses mains. Elle soulevait le talon de sa chaussure plate et le reposait nerveusement, sa frange me cachait la vue de son visage. Soudain, elle leva sa tête vers moi et plongea son regard noir dans le mien. Je sentais la tristesse dans ses yeux, j'y voyais perler quelques gouttes translucides. « Je suis désolé, je m'excuse. Vraiment. » dit-elle d'une voix apeurer, nerveuse. Elle tira sur une des mèches qui encadraient sont doux visage pâle. Ruth était tellement belle, ses joues étaient creusées comme il fallait, ses yeux sombres respirait de bonté lorsqu'elle souriait. Et ses lèvres, rose et délicate semblait avoir été modelée sur une fleur annonçant le début du printemps.

- Tu crois que cela change quoi que ce soit ? Questionnai-je, irrité.

- Non, je sais. Dit-elle.

D'un mouvement brusque, je tourna les talons et m'en alla. Le son de mes Stan Smith était particulièrement désagréable sur les trottoirs inondés de Londres. Je regagna ma maison en quelques foulées lorsque la pluie silencieuse de début de soirée se mît à tomber. Maria, notre femme de ménage m'attendait à la porte lorsque j'entra. Elle ne posa pas de questions et m'accorda un sourire compatissant que je lui rendit. C'était quelque chose qui m'a toujours parut naturel, Maria et moi. On ne se parlait pas souvent mais à chaque fois que je la croisait, j'avais le sentiments qu'elle savait ce que je vivais.

J'entra dans ma chambre et balança mon sac au pied de mon lit avant de m'y étaler de tout mon long. Mon manteau, gorgée d'eau me collait à la peau. Je l'ôta et m'allongea sur le dos, fixant le plafond. Je resta longtemps ainsi, à fixer cette étendu blanche dont la nuit y créait des zones d'ombres. Bam. Cela se passa tellement vite que je ne fus même pas sur que ce fut réel. Une ombre venait de glisser sur le plafond en évitant judicieusement mon lustre avant de disparaître. Je me releva d'un bond, les cheveux mouillés collant à mon visage. Mes yeux étaient écarquillés de terreur. Je balaya ma chambre d'un regard, il devait être 19h, on ne distinguait pas grand chose. En regardant dehors, mon cœur s'arrêta net. Ma fenêtre était grande ouverte et mes longs rideaux blanc virevoltaient a l'extérieur. Je me leva et ferma ma fenêtre, replaçant mes rideaux a l'intérieur avant de sortir de ma chambre. C'était la toute première fois que je ne m'y sentais pas en sécurité.

Take me to Neverland, PeterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant