Je t'aime pour toujours

0 0 0
                                    

Guerre, toujours la guerre, pour toute raison qui soit, cest de sa faute, à la guerre. Cest elle qui a détruit ma vie, jétait comblée, et elle, en deux temps trois mouvements, et me la pris.

1941, Charles, mon mari, doit partir combattre les allemands. Il est libraire, cest un homme simple, romantique, très gentil avec moi. Nous nous étions rencontrés dans sa librairie, en 1936.

1936 :

Jentrais dans sa librairie, je ne cherchais pas duvre précise, à vrai dire, javais un rendez-vous assez important pour ma carrière professionnelle. Et sous le coup du trac, jétais arrivée en ville un peu trop tôt.

2 heures, à vrai dire, il fallait que je moccupe à tout prix. Jai donc trouvé cette petite librairie dans le coin dune petite rue assez retirée. En entrant, quelque chose me frappait immédiatement à lesprit, lodeur.

Un mélange dodeur de bois brûlant dans une cheminée et de café menveloppait. Cela métait très agréable, ces mêmes senteurs se trouvaient chez ma grand-mère. Sous le coup de lémotion, des larmes coulèrent sur mes joues.

Cest alors que Charles eut la bonté de moffrir un mouchoir et de me donner un verre deau, il était charmant, jeu un coup de foudre.

Physiquement, il était brun, il avait une raie au milieu, des cheveux mi longs qui tombaient sur ses beaux yeux bleus teintés de noir, il était un peu plus grand que moi, plutôt fin, et un sourire à illuminer la journée de quiconque le croisait.

Notre premier rendez-vous eut lieu dans un bar quun de ses amis tenait, ce nétait pas le plus bel endroit de la ville mais nous aimions y aller, nous rions et chantions ensemble toute la soirée sur les chanson que proposait le jukebox.

Et pour la première fois, il membrassait. Moi, la fille qui sétait mise à pleurer pour une simple odeur, il me serrait dans ses bras, et le temps sétait arrêté, il ny avait plus que nous, mon cur battait si fort, que jen ai eu mal.

Alors, sous le doux son de" Si tu reviens"de Réda Caire , je mendormais dans ses bras, le cur apaisé par son baiser. (oui je me suis endormie dans le bar)

Lorsque la guerre éclata, en 1939, nous avions tous les deux pris conscience quun jour ou lautre, nous devrions nous quitter, et quil devrait aller combattre.

Alors, pour ne rien regretter avant son départ, nous décidâmes que chaque jour serait inoubliable.

Le lendemain, nous pique-niquions devant la Seine. Le Soleil et la douce chaleur des jours dun été naissant se faisaient ressentir.

Le jour daprès, nous allions au théâtre, regarder notre pièce préférée, souvent, nous allions dans nôtre jardin et nous lisions des journées entières.

Lorsque que la neige apparaissait, nous restions au coin du feu enlacés sous une couverture avec un chocolat chaud, et à chaque fois, je mendormais dans la douce chaleur de ses bras.

Lorsque le printemps arrivait, nous allions cueillir des fleurs chacun de son côté et celui qui offrait le plus beau bouquet à lautre remportait un baiser. Il gagnait souvent, à vrai dire, ça me gênait énormément de perdre, mais il rigolait toujours dun air satisfait et innocent, puis nous finissions nus, dans le lit, entouré dun voile de satin blanc, et autour duquel les bouquets étaient éparpillés. Au fil du temps, cétait notre tradition.

Ces dernières années étaient passées très vites, et nous vivions dans un paradis à deux, le bonheur régnait en maitre dans nos curs, un tel bonheur que en 1941, lorsquil fut appelé au combat, jai pleuré durant deux jours entiers, cétait la dernière fois que jeu senti la douce chaleur de ses bras envelopper mon corps.

1941 :

Voila, il était parti, plus je le voyais séloigner de moi, plus je voyais savancer vers ce train maudit, plus mon cur se serrait, javais mal, encore plus que lorsquil membrassait pour la première fois, et comme à notre première rencontre, les larmes coulaient à flots sur mes joues.

Il se tourna vers moi, me sourit et cria : « Je taime pour toujours ».

Je meffondrais alors, je ne voulais pas quil sen aille, je voulais quil revienne, peu importe le fait quil devienne un traître aux yeux de la patrie, je voulais quil sorte de ce train, quil menlace, comme il le faisait toujours.

Deux semaines plus tard, je reçu une lettre plutôt sale et poussiéreuse, cétait lui, cétait Charles.

« Bonjour mon amour,

Comment vas-tu ? Bien, jespère. Ici, je ne dors plus, nous sommes environ 2000 dans cette tranchée, il fait très froid, beaucoup de maladies se développent, nous sommes envahis par les rats, et nos rations se font plutôt rares.

Hier, jai gouté pour la première fois de la terre. Cest notre repas, désormais.

Je ne veux quune chose, cest te revoir, tu me manques énormément.

Tu sais, ici, jai peur de mourir sans pouvoir ne plus jamais te revoir.

Hier, jai vu un de mes camarades se vider de son sang sur le champ de bataille, et jai dû labattre, à la suite de ses implorations. Jen ai vomi, je crois devenir fou. Je rentre le plus tôt possible, je te le promets.

Je taime pour toujours,

Charles. »

Imaginer lhomme de ma vie dans cette situation me dépassait. Jen pleurais chaque soir. Par la suite, je reçu une centaine de lettres venant de sa part pendant encore quelques mois, puis, à partir de Novembre 1941, plus aucune nouvelle. Pas le moindre signe de vie. Jétais morte de peur, mon cur risquait de lâcher à chaque fois que jentendais des nouvelles du champ de bataille.

Cest en plein hiver 1941, que jappris, par lettre, la terrible nouvelle, celle qui me détruirait pour la fin de ma vie, la mort de mon bien-aimé.

Cest un de ses camarades qui mavait envoyé une lettre pour mexpliquer comment cela sétait produit.

« Cest en pleine nuit que lennemi a lancé un assaut, Charles à été le premier à défendre notre bataillon, après une vingtaine de minutes à se battre, il reçut une balle qui a perforé son poumon gauche. Peinant à respirer, il nous implorait de labattre. Il est mort comme cela. Il à certes été vaincu, mais il est maintenant un héros. »

Charles est mort, je narrivais pas à le réaliser.

Depuis, je chéris ces magnifiques souvenirs et me suis promis de naimer que lui, car mon amour perdu me rendait heureuse même après sa disparition.

Et chaque soir, au coin du feu, je lui dis « Je taime pour toujours ».

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Mar 18, 2021 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Amour perduWhere stories live. Discover now