Chapitre 2- le caporal chef

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Ce matin, c'est le grand jour. je l'ai attendu des années durant, et je n'arrive toujours pas à réaliser que c'est aujourd'hui. Je me lève de mon lit qui grince de mécontentement, et tâtonne dans l'habituelle pénombre qu'est le monde jusqu'à mes vêtements. Je n'entend aucun bruit, il doit être tôt. Mais bien sûr, il m'est impossible de le savoir sans réveiller quelqu'un dans la chambre, ce que je ne veux absolument pas faire par peur de m'attirer leur foudres. Je m'habille en prenant soin de lisser mon pantalon, et enfile mon équipement tridimensionnel, chose qui m'avais pris de longs mois avant d'y parvenir parfaitement. Je quitte doucement ma chambre, en espérant que le craquement des lattes n'alerte personne. Je marche maladroitement jusqu'à l'exterieur, dans le but que mon ouïe surdéveloppée capte quelque chose. Seul les oiseaux sont là. Je m'assied sur une motte de terre recouverte d'herbe, et m'abreuve de ce silence si rare au sein des brigades d'entraînement. Seul le vent fait voleter mes cheveux comme un souffle. Quelle heure est-il à la fin, je ne voudrai pas rater la cérémonie de fin d'entraînement?
Je me recroqueville contre l'herbe en soupirant, essayant de me détendre et de me débarasser de ce stress pré-évènementiel. Toujours aucun moyen de savoir l'heure, ça en devenait frustrant.
Soudain, un bruissement de feuille se fait entendre un peu plus loin, quelques mètres derrière. Je me retourne en sursautant, et attend, toujours juchée sur ma motte de terre, que la personne daigne de parler.
"- Lia, c'est toi? Demande une voix discrète et espiègle, voix que je connaissais bien car je l'associais à celle d'une de mes camarade de chambre, Louca.

- Ah Louca c'est toi... Je répond, soulagée.

- Que-ce-que tu fais debout à cette heure là? Questionne la jeune fille.

- Il est si tôt que ça?

- Il est 5h30 du matin, répond Louca, avec une pointe d'ironie et d'amusement dans la voix. J'imagine parfaitement ses cheveux qu'on m'avais décrit tel des nuées ardentes de flammes, voler au vent. Mais comme toujours, comment savoir ce que sont des flammes?

- Oh, je vois. J'espère que je ne t'ai pas réveillée?

- Non ne t'en fait pas, je suis trop stressée pour dormir de toute façon. Dire que ce soir je serais aux brigades spéciales! Et toi, tu va où?

Je ne voulais pas lui dire, car à coup sûr ce contact naissant s'évaporerais aussi vite qu'il n'était apparu. '' mais au fond quelle importance, ce soir vous serez séparées par des centaines de kilomètres? ''

- Je ne sais pas encore, j'ai pas décidé.

Parfois mieux vaut mentir.

- Il serait temps! Tu n'a même pas une idée? S'enquiert la jeune femme.

''Elle est beaucoup trop curieuse, je déteste ça. ''

- Non.

Je dus répondre un peu sèchement, parce que j'entendis les feuilles craquer sous ses pas, signe qu'elle repartais. Quelle idiote je fais! Pour une fois que j'avais l'occasion de me lier avec quelqu'un, voilà que je laissais ma mauvaise humeur reprendre le dessus et empiéter sur mon état d'esprit!

- Attend, ne pars pas! Je m'exclame, dans une vaine tentative de me faire pardonner.

- Ne viens pas te plaindre qu'on te traite mal, si c'est comme ça que tu te comporte avec les gens qui ont pitié de toi!'' Crache-t-elle.

Ce qui me fait le plus mal, ce n'est pas ce qu'elle a dit. J'y suis habituée, même immunisée. Non, ce qui me fait souffrir c'est le ton empreint de dégout qu'elle utilise pour me parler. Un ton tellement méprisant qu'il semblait même injustifié, mais qui renforçait une de mes convictions: chaque personne qui daignait de me parler le faisait par pitié pure et simple.
J'entends ses pas s'éloigner petit à petit, faisant craquer les feuilles sur son passage. ''C'est rien, c'est comme d'habitude...''
Je me relève de ma petite motte de terre, et balaie vigoureusement la terre qui macule à présent mon pantalon. Je suis bonne pour aller prendre une douche. Je me met à marcher, mais mon front percute soudain quelque chose. Je passe ma main contre l'objet, et rencontre l'écorce rugueuse d'un tronc d'arbre. ''Je l'avais oublié celui-là... ''
Une fois de retour au QG, j'enfile quelques couloirs avant d'arriver en face des douches des filles. J'attrape maladroitement la poignée, et l'enclenche pour rentrer dans la pièce. Des voix. Dont une que j'aurais préféré éviter: Louca. Je me raidis sur place, et reste les bras ballants contre la chambranle de la porte.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 17, 2021 ⏰

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