My broken heart

Jeong In

Notre "conversation" repassait en boucle dans ma tête. Je n'avais pas pensé qu'un jour mon cœur puisse être serré au moins que l'envie de rendre mon dernier repas ne me prenne. Je m'arrêtai dans ma course quelques minutes seulement après avoir quitté l'appartement de mon ex petit ami. Je me pliai en deux, une main sur le ventre, l'autre sur mon torse qui se soulevait avec difficulté.

Depuis que je sortais avec toi j'avais enfin commencé à avoir confiance en moi. Cela s'était fait par petits pas, chacun de tes mots à mon égard, de tes gestes attentionnés m'avaient aidé. Et en quelques instants, tu avais tout démoli tel un ouragan s'acharnant sur un château de cartes. Je ne sentais même plus les larmes couler sur mes joues. En me redressant, je vis des regards de passants posés sur moi. Ta déclaration ayant détruit tous mes progrès, ne pas penser au regard des autres était trop dur. Mon cerveau interpréta, comme avant, tous les regards et gestes qu'il pensqut m'être destinés, comme quelques mois auparavant.

- Il me fait pitié, semblait chuchoter une femme.

- Il est horrible. Personne ne doit vouloir de lui.

- Il a l'air vraiment stupide, regarde son air de gosse et de chien battu en même temps.

Je posai mes mains sur ma tête. "STOP" hurlai-je mentalement. Les voix s'arrêtèrent et mes larmes se tarirent. Étonnamment, ma tristesse n'était plus dominante dans mon corps. Un autre sentiment bien plus ravageur venait d'y prendre place.

Ma colère était féroce et tournée vers tous ces gens, toi Hyunjin et moi-même.

Je souhaitais que ton cœur souffre autant que le mien.

En entrant chez moi une vingtaine de minutes plus tard, je ne saluai même pas ma mère et mon frère et claquai la porte avec haine. Je m'affalai sur mon lit. Je n'arrivais même pas à penser correctement. Les mots se bousculaient dans ma tête. Même mes sentiments n'étaient pas clairs. Je n'arrivais pas à te haïr correctement non plus car je t'aimais toujours Hyunjin. Mais d'un autre côté, je sentais ce sentiment puissant qu'était l'amour se changer en rage comme avant sur le chemin de ma maison. Enfin non, pas de la colère. Je pense que c'était de la haine que je ressentais à ce moment. Une haine profonde et noire. Une haine ravageuse.

Je balayai d'un mouvement tous les objets se trouvant sur ma table de nuit dont notamment ma lampe de chevet, mon réveil et quelques livres de cours. Sais-tu seulement à quel point je me suis donné à fond durant notre relation dans tous les sens du terme ? J'ai redoublé d'efforts dans mes études, t'ayant entendu dire que tu adorais les garçons intelligents. J'en avais fait des nuits blanches plongées dans les cahiers.

Peut-être notre relation était-elle toxique pour moi après tout. Peut-être. Mais je n'avais vraiment pas envie d'envisager cette option.

J'entendis des pas s'approcher de ma porte.

- Jeong In ? m'interpella ma mère doucement. Tu vas bien ?

- Oui maman, répondis-je en cachant avec talent mon ton énervé.

- C'était quoi ce bruit ? insista-t-elle.

- Ma lampe de chevet est tombée, inventai-je.

- D'accord... Tu viens manger ?

- J'ai pas très faim ce soir. Bon appétit.

Je suppose qu'ayant pris comme autre habitude de manger moins, cela n'inquiéta pas particulièrement ma génitrice qui s'éloigna sans un mot de plus.

Je m'acharnai de nombreuses minutes sur mon oreiller avant que le sommeil ne m'envahisse soudainement. Je ne pus y résister. Toutes les émotions de cette journée m'avaient fatigué à un point incroyable. Je m'endormis donc, sale et habillé.

Lorsque je me réveillai le lendemain, ma première pensée fut pour toi, comme toujours. Sache Hyunjin qu'à ce moment-là, je souhaitais ta mort. La haine m'aveuglait sans aucun doute mais c'est ce qu'elle me soufflait.

Quand je passai les portes de notre établissement scolaire, je te vis. Tu avais la tête baissée et tes deux amis de toujours que je n'avais jamais vraiment apprécié, Minho et Felix, tentaient apparemment de parler avec toi. Sans un regard de plus, pour éviter de ne faire une bêtise à ton égard, devant tous ces étudiants, je me dirigeai vers mes amis.

Ceux-ci avaient la bouche grande ouverte en me voyant approcher. Il est vrai que depuis que nous étions ensemble, je ne venais plus vers eux très souvent... Ils comprirent à mon visage, sûrement à mes yeux rougis que je n'avais pas tenté de cacher, mission de toute façon perdue d'avance, qu'il valait mieux éviter de me poser des questions.

Avant notre entrée en cours cependant, Seungmin, mon meilleur ami que j'avais délaissé pour toi ces deux derniers mois, me serra dans ses bras et me chuchota à l'oreille.

- Tu sais que tu peux me parler si ça ne va pas Jeong

- Je sais, merci Min.

Je le serrai à mon tour. Je n'étais pas seul, c'est ce qui comptait au fond. C'est ainsi qu'un peu plus joyeux, je passais la porte de la salle de classe. Les heures passèrent et j'écoutais avec attention le professeur. Je ne voulais pas qu'en plus d'avoir réduit mon cœur en miettes tu ne gâches aussi mon avenir Hyunjin.

Durant la pause de midi, je parlai avec Seungmin de notre rupture et il ne dit rien. Il n'y avait rien à dire de toute façon. Il me serrait simplement dans ses bras le plus souvent qu'il le pouvait.

Les cours reprirent, j'écoutais toujours. Cela m'empêchait de penser.

À la sortie des cours, je me dirigeai avec Chan et Jisung vers l'arrêt de bus que nous prenions tous les soirs pour rentrer. Nous arrivâmes malheureusement trop tard pour avoir une place au fond et fûmes obligés de nous asseoir à l'avant.

Mes écouteurs dans les oreilles, je balançais de la tête sur la musique rock, violente qui se jouait. Le bus démarra, une vingtaine de minutes après la fin des cours comme à son habitude pour attendre les élèves ayant des réclamations auprès des professeurs.

J'observais la route par la fenêtre avant du véhicule.

Je te vis.

Je te vis traverser la route tête baissée comme durant le reste de la journée.

Je te vis continuer.

Le chauffeur lui ne semblait avoir rien remarqué.

Il allait s'arrêter j'en étais certain.

Tu continuais, te trouvant à présent sur notre route.

Le véhicule avançait toujours.

30 mètres.

20 mètres.

10 mètres.

Tu étais au milieu de la route. Le conducteur venait à peine de te voir. Le coup de frein nous projeta en avant. Mais la vitesse était trop élevée. Nous continuions à rouler vers toi.

Je vis juste tes yeux s'écarquiller avant l'impact.

Un silence le suivit avant que je ne sorte du bus, bousculant le chauffeur qui jurait au passage.

Je te vis sur la route. Oh mon dieu Hyunjin quand je pense que la veille je te souhaitais mort, je t'en supplie. Vis. Je me sentais tellement coupable.

Puis je la vis. Ta cage thoracique se soulever alors que le son des ambulances se faisait déjà entendre.

Je me baissais vers ton visage que j'embrassai à pleine bouche.

Je t'aime Hyunjin.

Et même si ce n'est plus réciproque, je t'en supplie ne meurs pas, je n'y survivrais pas.