On arrive devant mon immeuble une minute plus tard. Typiquement New Yorkais : briques rouges, escaliers extérieurs et grandes fenêtres qui habillent la façade. On entre dans le hall et le soulagement ressenti est indescriptible. Plus de pluie, plus de vent et le hurlement de la tempête est soudainement atténué. Les plaintes du ciel étaient définitivement trop bruyantes.
Je secoue la tête et passe une main dans mes cheveux pour en faire tomber les gouttes de pluie. En jetant un discret regard à Alistair, je vois qu'il fait de même et une nouvelle fois, je me demande comment je me suis retrouvé dans cette situation, avec lui. Tout me paraît incongru. Je suis quelqu'un de solitaire et réservé et ce n'est pas dans mon habitude de suivre des inconnus dans des drôles d'idées – comme celle d'aller se balader dans New York alors que le ciel pleure toutes les larmes de son corps en criant son malheur avec le vent -.
-T'habites au combien ?
La voix d'Alistair me tire de mes pensées et je lève la tête.
-6 ième étage, je grimace. L'ascenseur ne marche pas.
Ça ne semble pas décourager -rien ne semble jamais le décourager apparemment- puisqu'il s'empresse de crier :
-Le dernier arrivé doit un gage à l'autre !
Et sur ce, il entreprend de grimper les marches deux à deux, à une vitesse folle, disparaissant rapidement de ma vue. Je ne m'attendais tellement pas à sa phrase qu'il me faut quelques secondes pour monter à mon tour.
-Tu me dois un défi Cléo !
L'écho fait résonner la voix d'Alistair dans la cage d'escalier et mon prénom ricoche contre les murs.
-T'es déjà arrivé !? je lui demande.
-Je suis au 3 ième alors j'ai bien l'air parti pour !
Je l'entends rire et je lève les yeux au ciel.
-T'es parti avant moi, je réplique, plus pour moi-même que pour lui.
-Est-ce que ce serait de la mauvaise foi que j'entends là !?
Je retiens un sourire.
-Porte combien ? fait Alistair, là-haut.
-Faudra m'attendre pour le savoir, je réplique.
J'atteins mon palier quelques secondes plus tard et Alistair est nonchalamment appuyé contre le mur. En me voyant arriver, un grand sourire victorieux se dessine sur son visage.
-Alors ? je soupire en posant mon sac pour chercher mes clés. Mon défi ?
Je trouve ma petite clé dans ma poche avant et ouvre l'appartement 112.
-Cléo, appart numéro 112, il note à voix haute.
Je me tourne vers Alistair en poussant la porte de l'épaule.
-C'est quoi mon gage ? je répète en rangeant ma clé et en revenant prendre mon sac.
-Viens.
-Où ?
Alistair désigne l'espace juste devant lui. Commençant à m'habituer à ses drôles d'idées, je m'avance jusqu'à lui et passe une main autour de la bretelle de mon sac à dos – plus pour cacher ma nervosité que par confort -. Le brun me fixe de longues secondes, ses yeux gris clair déstabilisants plongés dans les miens. Il n'y a pas vraiment d'émotion sur son visage, en tout cas, pas déchiffrable. Il a juste un petit sourire qui flotte sur ses lèvres roses et je remarque une goutte de pluie qui les effleurent.
-Tu veux bien m'embrasser ?
Je fronce les sourcils en entendant sa question.
-Pourquoi tu voudrais que je fasse ça ? je lui demande, surpris.
Alistair hausse nonchalamment les épaules et s'écarte alors du mur contre lequel il était appuyé. Il s'approche de moi, au point que nos torses se collent presque et je lève la tête vers lui. Du coin de l'œil, je vois sa main s'approcher de mon visage. Je réprime un frisson que je ne saurais dire s'il était d'anxiété ou de surprise grisante quand ses doigts effleurent mes cheveux.
-Parce que c'est ça ton gage, il murmure alors, se penchant vers mon oreille. Tu me dois un baiser.
VOUS LISEZ
message subli (minable) [terminée]
Historia CortaSeptembre. La pluie, un café, un regard, une chanson, quelques mots. Novembre. La pluie, un café et des souvenirs. Ou quand les amants rêvés sont noyés sous la pluie de New York. -Vivre l'impossible dans la mesure du possible, t'essayes souvent d...