Chapitre 1 : Espion

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Le vent frappait son visage avec force au point où ses lèvres en devenaient gercées et douloureuses. Ses cheveux flottaient au gré de ces bourrasques tout comme son long manteau. 

Ce n'était clairement pas un temps à se promener sur le toit d'un immeuble d'une vingtaine d'étages, Noah le savait. Ce n'était pas une question de savoir s'il allait pleuvoir, mais seulement quand. 

Il souffla bruyamment et tenta de retrouver sa concentration. Il ramena ses jumelles devant ses yeux et observa en silence. Il espérer au moins ne pas être venu pour rien. 

Au travers de la lunette de ses jumelles, il put apercevoir le trafique habituel. C'était le soir et tous rentraient chez eux après un long et dur labeur. Pourtant, parmi ce chaos ordinaire de voitures et d'individus, un groupe semblait sortir de cette cohorte quotidienne. 

La voiture noire aux vitres fumées venait de s'arrêter devant la devanture de l'immeuble qui faisait face à celui sur lequel était juché Noah. Du véhicule sortit un groupe d'hommes, luxueusement habillés, de longs manteaux noir couvrant leurs épaules et leur promettant une protection contre ce vent. Ils étaient quatre à ce que pouvait voir Noah. Il tenta d'observer de plus prêt et remarqua que sur le dos de leur main aucune marque n'apparaissait. 

C'était des illiés et ça, c'était une super nouvelle. 



Mais Noah ne devait pas baisser sa garde. Après tout, c'était la raison même de sa présence ici. Depuis le temps, les mages étaient parvenus à exercer dans leur domaine sans catalyseur. Il devait découvrir pourquoi les illiés parvenaient à faire preuve de magie. Au fil de ses recherches et de celles de ses camarades, il était parvenu à découvrir l'existence de ce qu'appelaient les mages les catalyseurs artificiels. 

Comment était-ce possible ? Et dans ce cas pourquoi étaient-ils toujours poursuivis ? 



Les mages avaient besoin d'un catalyseur. Au fil des années, les récits avaient changé et s'étaient modifiés, pour finir par mentir sur l'origine de la magie. En réalité, les mages étaient incapables de faire preuve de magie. Ce n'était pas d'eux dont elle provenait. Mais seuls eux étaient capables de la diriger et de la transformer en sort. 



À cette pensée une vive douleur prit essence au niveau du cœur de Noah. Il se recrovillia sur lui-même sentant douloureusement son cœur battre dans sa poitrine. Oui, la magie ne provenait pas des mages qui n'étaient au final que des hommes, mais bien des catalyseurs. Sauf que cette dernière en leur main était plus un poison qu'une force. Noah était incapable de contrôler la magie qui lui avait été accordée. Non, disons plutôt imposée. C'était une force implacable qui s'exprimait par vague et qui jour après jour lui rappelait sans cesse qu'à l'aube de ses vingt ans, il n'allait pas tarder à mourir. La magie ne pouvait pas être enfermée. Et quand elle était restreinte par son hôte, elle le tuait petit à petit, lentement et progressivement. L'espérance de vie d'un catalyseur était de trente ans, quarante tout au plus. 

La douleur disparue lentement et Noah se concentra sur son souffle. Expirer... inspirer... lentement. Il fallait qu'il reste calme. La douleur appelait la crainte et la peur appelait au déferlement de ses pouvoirs. 

C'est de cette malédiction qui avait doté des êtres de pouvoir incommensurable sans leur laisser la possibilité de les contrôler, que son nés les contrats. Les catalyseurs se liaient à des illiés qui devenaient ainsi des chevaliers leur promettant amour et protection en échange de la magie qu'ils pouvaient contrôler. Le catalyseur pouvait ainsi vivre longtemps et le chevalier jeter des sorts et exprimer la magie. 

Un contrat équitable... jusqu'à ce que les chevaliers, assoiffés de pouvoir se considèrent plus comme propriétaire que comme protecteur des catalyseurs. Ils les forçaient à se soumettre, encourageaient et contrôlaient leur reproduction pour leur permettre à tous de devenir des mages tout en gardant cette force secrète, réservée à un cercle très précis.

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