Prolepse

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"Lâche moi..."

Non. Je me débats pour m'arracher de son étreinte, je le repousse, je lutte contre lui.

"Ne me touche pas !" Je me redresse pour le dévisager. Il m'observe les yeux écarquillés. Je sèche mes larmes du dos de mes deux mains, furieuse, et le fusille du regard. "C'est ça que tu aimes? Me faire du mal ?" Je m'essuie le nez avec la manche de mon pull. Il me regard, méfiant. "Pauvre cinglé, criai-je", "Lana ..." plaide-t-il, choqué. "Il n'y pas de Lana! Va te faire soigner Crawford!"

Je sors de la salle de bain, refermant la porte derrière moi. Je m'y adosse un instant, toujours agrippée à la poignée. Où aller ? Je pars ? Je reste ? Hors de moi, j'essuie les larmes qui me brûlent les yeux. Je n'ai qu'une envie: me rouler en boule. Guérir ma foi brisée. Comment ai-je pû être aussi stupide ? Évidemment qu'il ne m'aime pas, qu'il voulait juste me faire espérer.

D'une main tremblante, je me frotte vivement les joues. Aie ! Ça brûle ! Où puis-je aller ? Certainement pas dans sa chambre mais plutôt dans la chambre d'amis. Je m'y dirige, raide et faible, en sachant que Justin peut m'y rejoindre à tout moment. La chambre est plongée dans l'obscurité, la nuit ne fait que couvrir l'extérieur. Je me couche sans retirer mon pull et mon jean. Je le resserre autour de moi, je me roule en boule et me laisse aller à sangloter contre mon oreiller. Qu'est ce qui m'est passé par la tête ? Pourquoi l'ai-je laissé aller si loin ? Je voulais qu'il me montre comment aimer,ce sentiment qui rend les gens si heureux. Mais il fait trop noir pour moi dans son monde. Je n'y arrive plus. Je me sens tellement seule et stupide. Je veux ma maman. Je me rappelle de son visage, de son sourire. Je me rappelle de ses mots qu'elle me répétait tout le temps lorsque j'étais qu'une enfant: "Mon ange, étudie. Tu es tellement jeune, ne fais pas comme moi. Les études passent en premier et les garçons en deuxième. Tu as toute la vie devant toi pour rencontrer un beau garçon".

Il faut que je parte. Voilà. Il faut que je le quitte. Il n'est pas bon pour moi, je ne suis pas assez bien pour lui. Comment est ce que ça pourrait marcher entre nous ? L'idée de ne plus le revoir me fait, cependant suffoquer... Mon chanteur ! J'entends le déclic de la porte. Il est là. Il pose ses clés sur la table de chevet et le lit remue sous son poids quand il s'allonge près de moi. "Chut, souffle-t-il". J'ai envie de m'écarter de lui, de reculer jusqu'au bord du lit, mais je suis paralysée. "Ne me repousse pas, Lana," S'il te plait...Il m'attire dans ses bras, et enfouit son nez dans mes cheveux en m'embrassant le cou. "Ne me déteste pas, souffle- t-il sur ma peau d'une voix poignante et douloureuse



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