Je ne savais pas quoi répondre, alors je lui adressa mon plus beau sourire et me retourna, bien décidé à aller vers l'avant, à laisse ma mère et tout... À laisser ma zone de confort. Traînant mon seul bagage derrière moi, je n'osais pas me retourner et voir encore une fois ma mère en larme ; sinon je risquerais de ne plus monter dans cet avion.
Il commençait à se faire tard, après quelques formalités, contrôle du passeport ainsi que le remplissage d'un tas de feuilles, me voilà assis dans cet avion du côté hublot.
Ne savant pas quoi faire durant ce long voyage, je me mis à remémorer toutes ces dix-huit ans passés avec ma mère. Hormis elle, jamais je n'eu connu ne serait-ce qu'un autre membre de sa famille à elle, encore moins mes grands-parents. Il y avait peut-être bien une raison valable qui justifiait leur absence.
En ce qui concerne mes années de lycée... Pendant mes trois années scolaires, solitaire je l'étais, ne pas vouloir me familiariser aux autres. La discrétion était mon point fort à rester tout le temps dans mon coin ; que parfois sentir quelqu'un à mes côtés paraissait telle une gêne.
En même temps, il y avait cette fille. Cette fille qui réclamait mon attention ainsi que mon amour. Qu'est-elle devenue ? Pense-t-elle toujours à moi ? Putain j'en sais foutrement rien. De toute façon son attitude me saoulait, elle était chiante et collante à la fois comme la bave d'une salope. Malgré tout je l'ai toujours repousser, grossier que j'étais... Que je suis.
C'est la voix d'une hôtesse qui me délivre de ma trance, annonçant le décollage imminent. J'en profite alors pour détailler la fille, presque du même âge que moi assise près de moi. Ses yeux rouges et humides attira en premier mon attention. Sans doute, elle était de ce lot de gens qui pleurent lors d'un adieu ou un au-revoir.
Bien décidé de ne point céder à l'ennuie après le décollage de l'appareil, je fis sortir de ma poche ce que j'aimais tant. Un roman et pas n'importe lequel, c'était celui dont jamais je ne me laisserai de lire "ma raison de vivre" de Rebecca Donovan.
Entre mes mains, je m'étais attardé à contempler l'image sur la couverture affichant Emma Thomas ayant le visage déterminé sous la pluie, qui je dirai probablement perdue dans ses e vu l'enfer qu'elle vivait.
D'un clic avant que je ne pris la peine d'ouvrir le livre, la voix féminine à côté de moi égrène quelques mots :
- Waouh ! Ce livre, je croyais être la seule à l'aimer. Lâcha t-elle, les yeux scintillants.
Cette brunette n'avait plus ce regard nostalgique de tout à l'heure, dû aux adieux ou au-revoir avec ses proches et semblait bien décidée de profiter de son voyage.
- C'est mon préféré, ainsi que les deux derniers tomes. Lui répondis-je, mon regard figé dans le sien.
Elle était plutôt belle, ses épais sourcils ainsi que ses yeux de sainte ni touche et ses lèvres parfaitement dessinées reflétaient encore plus sa candeur. Hélas la majeure partie de son corps était recouvert d'un long vêtement musulman, plus précisément d'une robe violette aux manches longues, sans oublier son hijab. À en croire sa masse corporelle, elle devait avoir des bonnes formes. Dommage que cela n'est pas à la porter de mes yeux.
- Ces deux derniers tomes ? Il y'a une continuité ? Me questionna-t-elle étonnée.
Sa si douce voix semblait ne pouvait m'empêcher de la quitter du regard. Dans l'immédiat, elle haussa ses fameux sourcils. Visiblement, elle était en attente d'une réponse. Ah ouais !
- En effet, le deuxième tome se nomme "ma raison d'espérer" et le dernier "ma raison de respirer.
C'est en m'étant frotter l'arrière crâne que je lui avais répondu, tout gêner par le fait que je l'ai un peu trop regarder.
D'un ton gai elle répliqua.
- OMG ! C'est parfait, j'aurais dûe m'en douter, l'histoire n'allait pas se terminer de cette façon quand-même. Tu les as avec toi en ce moment ?
Je ne pouvais plus tenir cette conversation, je risquerais de tomber dans les pommes, si elle continuait à me parler avec ses beaux yeux grandement ouverts. Moi si subjectif, réservé et enfermé me voilà qui bave devant cette meuf musulmane. Pour cette fois-ci, je n'avais pas tardé à lui répondre.
- Sur moi ? Non ! Ils sont dans mon bagage de l'autre côté de l'avion. Je te les donnerai à l'atterrissage si tu veux bien
À l'heure qu'il est, je serai sûrement en train de rougir, si j'avais la peau laiteuse.
- Je te remercie. Dit-elle. Au fait, j'suis Tabib... Tabib Al azaoui. Reprit-elle à se présenter en me dévisageant.
- Enchanté Tabib, je me prénomme Johan.
Je fis de même à lui dévoiler mon prénom, à cette inconnue trop parfaite en lui adressant un sourire tout comme elle le faisait.
Le reste du vol se déroulait au calme. J'ignorais encore combien de temps j'avais passé à dormir et à mon réveil, cette fille dormait comme un bébé. Il faisait jour je pouvais enfin admirer les nuages à travers le hublot. L'arrière du siège devant moi s'était incroyablement transformé en une table dont deux assiettes y réfugiaient ainsi que des verres en plastique et deux bouteilles de jus.
Apparemment c'est ce qui était sur la table de tout le monde. Mon sommeil m'a fait louper la distribution de la bouffe, mais bon elle était là. Ayant l'estomac vide, je prenais plaisir à plonger dans mon assiette alors que la respiration de la musulmane à côté de moi me paraissait de plus en plus régulière.
Après avoir rempli mon estomac, deux hôtesses s'approchèrent de moi afin de débarrasser l'assiette vide ainsi que l'autre plat que je n'avais pas mangé. L'arrière du siège qui m'avait servit de table à manger retrouva sa forme d'avant en un rien de temps.
C'est alors que mes pensées se tourna vers un Être, un Être qui me paraissait inconnu. Je pensais aux septs merveilles du monde puis je me disais que cette musulmane à côté de moi en était une, ordonnant immédiatement à mes yeux de se poser sur elle.
Elle semblait si calme et paisible dans son sommeil. Son siège était transformé afin qu'elle s'allonge confortablement. Pour une raison inconnue, je dépose ce fameux roman sur elle au niveau des cuisses.
