La Lune Est Belle N'est-ce Pas ?

8. Espion amoureux

Après de longues heures de conduite je peux enfin poser ce casque de moto. Je suis éreinté. Il me l'avait dit " Ne prends pas la route aussi longtemps " " tu dois faire des pauses " mais comme toujours j'en ai fait qu'à ma tête. C'est bien ce qui me définit.

Je souris en fixant la bâtisse et passe ma main dans mes cheveux avec une nonchalance feinte. Je suis timide, je suis timide et j'ai peur. De quoi ? D'un petit être adorable ?

Je secoue la tête et descends de mon véhicule posant le casque là où j'étais auparavant. Je me rhabille convenablement et avance d'une démarche, que je manie pour qu'elle soit " sûre et déterminée", vers la porte. Une fois face à elle, je dépose de légers coups sur le cadran.

Personne ne vient. Je décide donc d'appuyer sur la sonnette. Dieu seul sait, que je hais ça pourtant, plus que tout au monde. Mais si c'est pour lui alors je veux bien faire cet effort. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour lui ?

J'entends des pas se diriger vers la porte et je cache le tremblement de mes mains en les glissant dans mon dos. La porte s'ouvre et je fixe sa maman, d'instinct je me crispe un peu plus.

Cette femme n'est pas si terrifiante, mais l'impact qu'elle pourrait avoir l'est. C'est terrifiant l'idée qu'elle pourrait m'empêcher de voir la seule personne que je souhaite voir. Un peu comme la maîtresse arrête d'emmener hippie, l'hamster de la classe.

Je sors de mes pensées pour finalement répondre à sa question.
- Oui c'est bien moi Sacha madame ! Je suis content que vous m'ayez permis de venir.

Elle sourit et une conversation commence, peu à peu je me détends et je me dis que finalement elle ne doit pas tant me haïr que ça.

Elle m'indique l'étage avec un clin d'œil et un nouveau sourire se glisse sur mes lèvres. Je fixe les escaliers, plus que quelques pas. Plus que quelque marches et les rêves pourront devenir réalité.

Je frémis d'impatience et monte marche par marche, mon cœur bat de toutes ses forces dans ma cage thoracique. Si bien que- Je me dis qu'à tout moment il sortira de sa chambre intrigué par ce bruit. Mais non, il ne le fait pas.

À la place, mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon écran. Je l'attrape, le déverrouille et regarde son message. " J'aime ton écriture de tout mon coeur tu es le meilleur " je souris et mes joues se teintent de rouge, je réponds rapidement et le range à nouveau dans ma poche.

Je dois continuer à avancer. Je dois continuer et surtout je veux le surprendre. Après tout, je ne suis pas aussi prévisible qu'il le dit. Non mais oh !

La preuve en est là, il ne se doute de rien. Les escaliers grincent sous mes pas et je termine mon avancée. Je m'appuie nonchalamment au cadran de sa porte de chambre et l'observe. Allongé sur le ventre, il fixe son téléphone en pianotant dessus. Un film tourne sur son ordinateur et j'identifie celui dont il vient de me parler.

Pour l'instant je ne fais rien, je l'observe seulement. C'est déjà tellement de pouvoir le voir, alors je retrace chaque détail de son corps, de sa chambre. De tout ce qui fait de lui, qui il est, pour le retenir et ne jamais l'oublier.

J'inspire en posant un peu plus la tête contre le cadran, son odeur. Son odeur est littéralement partout. Voici un tuto de comment rendre fou un homme en quelques secondes. Je me demande quand il remarquera que je l'observe, je sais d'avance que son instinct devrait le lui dire.

Et mon téléphone ne cesse de vibrer, il a sûrement dû répondre à chaque RP et chacunes de nos très nombreuses conversations.

Finalement son attention dérive à nouveau sur les réels Instagram et je roule des yeux amusé.