Chapitre 13

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La pièce était vide mais l'aura qui émanait de celle-ci était étouffante, le prince et les jumeaux prirent leurs aises en se jetant sur les fauteuils du salon que détenait ce bureau.  J'en fis de même ne sachant quoi faire d'autres. Pour une raison qui m'échappait encore je ne me sentais pas du tout à l'aise.

Nous nous trouvions dans un bureau et j'avais cru que nous ferions face au roi ce qui n'était visiblement pas le cas. J'avais la ferme conviction que si je m'hasardais à demander quoi que ce soit aucune réponse ne me serait donné, alors je laissais le silence bercer le bureau au vu de ce qui m'entourait.

Le bureau où nous étions était élégant comme le reste de la demeure mais avec un côté plus vintage, le bois massif donnait un aspect assez rugueux,  il n'y avait visiblement pas de baie vitrée pour illuminer la pièce, et le petit salon était composé de fauteuils en cuir dans les tons noirs et d'une petite table en verre.

Mon fauteuil étant de dos à l'entrée de la pièce et donnait sur un tableau pour le moins étrange et lugubre. Je voulus l'examiner plus attentivement mais je fus coupé dans ma réflexion lorsque j'entendis le bruit caractéristique de l'ouverture d'une porte,

- Que faites vous là ?

Une voix rauque et puissante fit accélérer les battements de mon cœur, l'aura pour la moins étouffante d'il y'avait quelque minute amplissait désormais totalement la pièce, créant une atmosphère pesante, j'eus l'impression d'être déconnecté de la réalité car les voix me parvenaient telles des murmures.

- si tu ne veux plus nous voir trouves une solution au problème que je t'avais évoqué...
Déclara le prince nullement affecté par la mauvaise humeur évidente de celui qui semblait être le roi.

Un bourdonnement incessant sifflait dans mes oreilles, et mon souffle se coupa un instant, m'empêchant d'écouter la suite de leur discussion. Quelques secondes s'écoulèrent puis tout à coup tout cessa.

Visiblement c'était ma journée de malaise.

Je repris doucement contenance.
La voix du prince me parvînt enfin normalement lorsqu'il termina d'argumenter, et que le silence prit place dans la pièce. Emery brisa ce silence en déclarant :

- Je crois qu'il serait préférable que nous laissions enfin aller notre invité.

Venait-il réellement de sous entendre que j'étais une invitée... Le terme n'était vraiment pas approprié étant donné qu'on m'avait presque séquestré et contraint à rester dans cette demeure.
Je me mis debout afin de me retourner dans leur direction et leur fit face.

Mon regard fût aussitôt attiré par celui dont l'aura était aussi bien dangereuse qu'envoutante, nul autre que le roi, et tout fut plus clair.
Le temps semblait  s'être  suspendu...

Ce regard électrique, ses lèvres pulpeuses, ce visage froid, son nez fin, et sa chevelure noir me firent l'effet d'une gifle, mon âme-sœur était face à moi...
Nos regards se croisèrent et un sentiment indescriptible m'assaillit, seul le grondement guttural qui émana de lui me montrais qu'il avait ressenti la même chose que moi.

Son aura se déploya dans la pièce, essayant d'effleurer mon esprit car au delà de l'attraction physique, il existait l'attraction psychique: un désir de connexion indescriptible entre deux âmes liées...

  Mais ce bonheur fut de courte durée lorsque d'atroce souvenir revînt et que sa voix retentit :

-. Mienne

Mon cœur rata un battement...
J'étais perdue, déboussolée, et complètement désorientée.Celui-là même qui avec son frère avaient exterminés une grande partie de ma famille se tenait face à moi...

J'avais été tellement naïve et avais peut être inconsciemment refusé de faire le rapprochement, des siècles plutôt leur ressemblance m'avait frappé durant la guerre. Mais aujourd'hui tout était plus clair, s'il détenait le statut de prince c'était parce qu'il était le frère du roi.

Son aura se mit à tournoyer autour de moi voulant m'envelopper, et ce fût tellement apaisant qu'un bref instant je me laissais aller, mais la réalité me rattrapa rapidement, et je décidai de briser cette illusion en repoussant son aura.

À ce moment je me rendis compte de l'éclat rouge qu'avaient pris ses pupilles, désormais debout derrière son bureau il avait sûrement dû se déplacer durant mon petit malaise, il émanait de lui une dangerosité sans pareille, et mon acte devait certainement avoir mis sa bête en colère. Mais peu m'importait. Il essayait tant bien que mal de reprendre contenance, lorsque je me détournai.

Le prince nous regardait les sourcils fronçés tandis que Emery et Riley avait l'air ébahis.

-  Riley ramène la à ses appartements.

Fût la seule phrase que j'eus le loisir d'entendre une fois de plus, avant que Riley ne m'escorte. Toute chamboulée je me ressaisis lorsqu'on arriva devant ma chambre et que celle ci s'en alla sans plus tarder, la pénétrant je me dirigeai droit vers mon lit où je m'allongeais et me perdis dans mes pensées.

Des siècles plutôt je ne désirais point rencontrer celui qui m'était destiné, mes sentiments auraient été confus, et je n'aurai jamais su comment appréhender ce nouveau lien qui m'était imposé.

Mes expériences étaient encore ancrées en moi, ainsi que les séquelles et les déchirures qui les accompagnaient, la solitude avait toujours été mon meilleur compagnon, et pour une fois j'avais prié la déesse d'exaucer ma doléance: ne plus jamais rencontré mon lié. Hélas, rien n'allait jamais dans mon sens, elle avait décidé de réunir en une même âme deux monstres, pour l'un la soif de pouvoir était plus importante que la vie d'Innocent et pour l'autre l'être en lui même défiait toutes les lois de l'équilibre et s'apparentait plus à un échec de la création.

J'avais la désagréable  impression  que le sort ne cesserait  jamais  de s'acharner.

Quelques minutes plus tard, après maintes réflexions l'épuisement mental que je  ressentais  me fit sombrer dans le sommeil.
  
                            *
            
                   *                *

Un bruit  assourdissant  me réveilla  brutalement, vu l'obscurité qui m'entourait  la nuit devait  déjà  être bien avancée, je revins totalement à la réalité  lorsque  j'entendis frapper violemment à ma porte, je me levais doucement et avec toute la nonchalance qu'il m'était possible  de détenir je me rendis à la porte, j'ouvrais celle ci faisant  face à  emery...

- Connaissez vous  la signification  du mot douceur ?

Demandais je derechef avec un calme surprenant

Cela faisait des jours  que je ne m'étais  pas aussi bien reposé, et pour peu que j'avais de la tranquillité  il fallait toujours  qu'un individu vienne tout gâcher...

- j'aurais pu être doux si ça ne faisait  pas des minutes que j'étais planté  devant cette porte comme une nouvelle  décoration

Repondit-il tout aussi calmement, puis reprenant il dit:

- enfin,  je crois qu'il est temps de rentrer chez vous, préparez vos affaires je suis chargé  de vous accompagner, retrouvons  nous à l'entrée  dans 10 minutes

- 5 seront suffisantes, je n'avais pas vraiment préparé d'affaires pour ses vacances improvisés,

Déclarai-je ironiquement

- OK , ce qui est certain s'est qu'a votre prochaine visite vous n'oublierez pas de préparer des affaires en conséquence alors

Dit il avec un sourire en coin

Trouvait - il une situation pareille amusante?

- il n'y aura pas de prochaine  fois

- Ça je n'en suis pas si sûr

Je n'eus pas le temps de répondre qu'il se retourna et s'éclipsa.

J'éclairais donc la pièce et pris  la seule  chose dont j'avais besoin mon téléphone.  Je sortis de cette pièce la refermant je me dirigeai  vers le hall d'entrée avec une seule hâte  retrouver rapidement ma liberté...

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