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A S H A N T I

À ce stade de l'aventure qu'est ma vie, avoir couché avec l'ami d'enfance de mon frère ne me fait ni chaud, ni froid. Enfin si quand même, j'ai peur de la réaction de mon frère mais aucun regret. J'ai tiré mon coup, fin. Il n'y aura pas plus.

Oui, je ne regrette pas car ça été mon meilleur coup. Gianni. Avec son doux prénom italien.

Cependant, ça s'arrête là.

En général, je ne calcule pas tellement les amis de mon frère. Je leur dit bonjour et je passe ma route ou de temps à autre s'il les invite à dormir, je joue avec eux puis je m'en vais.

Et surtout, Gianni. On s'est jamais vraiment regardé. Sauf hier soir. Il est passé croyant qu'Espoir serait là mais il n'y avait heureusement que moi.

C'est plutôt simple à expliquer. On s'est zieuté pendant deux longues minutes et de fil en aiguille on s'est retrouvé sur mon lit à jouer au jeu du sexe.

Le lendemain je suis partie de mon propre chez moi. J'ai pas de regret mais un peu de honte quand même parce qu'il aurait fallu nous voir, deux affamés. Avant ce jour, j'ai jamais su que je pouvais saliver devant ce mec.

Si Espoir l'apprend il peut à tout moment m'envoyer dans mon pays sans retour.

Espoir, a été adopté par mes vieux dès son plus jeune âge. On est inséparables. Il est comme la plupart des frères, protecteur et aimant ainsi que drôle. Parfois, il lui arrive d'abuser. Il a des problèmes de colère et d'expression. Comment dire ça ? Il ne sait pas s'énerver sans insulter ta race et ta génération à venir.

Bon, il est temps de retourner chez nous. Dans mon appart avec mon frère. Mes parents vivent seuls depuis un an.

Je pense qu'une heure après, il est très probable et recommandé surtout que Gianni soit déjà parti. Je monte et une fois devant ma porte j'ouvre au ralenti. Il y a du bruit. De la musique.

La porte s'ouvre à la volée sur mon grand frère.

ESPOIR - Wesh, ma p'tite gueule pourquoi t'es dehors aussi tôt ?

Je rentre le cœur battant par ce stress que je viens tout juste d'accumuler.

— Il s'agirait de prev... oh. Yo, Gianni.

Il mange tranquillement des céréales, torse nu, cheveux en pagaille. Bon...

Ses yeux descendent sur mon corps avant qu'il ne se mette à sourire en coin. Un signe de tête, c'est tout ce qu'il m'a offert.

ESPOIR - T'as dormi où toi ? Il m'a dit il a dormi ici.

— Bah ici. J'suis rentrée vers quatre heures. On s'est même pas vu.

ESPOIR - Mh. Heureusement t'as laissé ta clé sous le paillasson p'tite tête.

Je fronce les sourcils en riant nerveusement.

— Haha oui. Aussi prévoyante qu'une prophétie ! Bon, j'vais m'laver. Je pue... le cul, dis-je en passant près de l'italien qui lâche un p'tit rire.

Un rire aiguë pour une voix rauque.

ESPOIR - J'sais pas pourquoi c'est ma reuss la vie. Elle est sale j'suis p...

J'ai pas écouté la suite, je suis entrée direct dans la douche et ai lavé tous mes péchés. J'ai encore l'impression d'avoir ses doigts sur moi.

— Gogole, dis-je en frottant ma peau.

C'est que du sexe. Pas le premier, ni le dernier hm ?

Toc. Toc. Toc.

Ça fait au moins quarante minutes que je glande dans la douche. La je suis assise sur ma serviette, par terre en train de me raser les jambes. Oui, j'ai fait crac crac les jambes pas rasées.

— Espoir, j'me lave mon frère attend un peu non ? Dis-je saoulée.

Je change de rasoir quand j'entends derrière la porte une voix grave dire « c'est Gianni ».

— Hein qu... aïe putain.

Je me suis coupée.

Fuck. Entre.

La porte s'ouvre légèrement alors que j'essuie tous mes poils tombés ainsi que le sang avec un mouchoir. Ne me demandez pas pourquoi je ne me rase pas dans la douche. C'est sûrement pour éviter les poils dans les tuyaux.

Il entre, cette fois habillé, son regard descend directement sur moi, rasoir en main.

GIANNI - C'est c'que j'pense ?

— Ouais, je me rase.

GIANNI - J'ai rien senti.

— Les jambes.

Il hoche la tête avant de s'adosser à la porte, bras croisés.

— Il est où mon frère ?

GIANNI - Descendu. J'le rejoins là.

— Tu lui as dit quoi ?

GIANNI - Que j'cherchais mon bigo puis j'descendais.

Si naïf mon frère alors que c'est le plus grand des paranos.

— Si t'es venu me dire qu'on oublie c'qu'il s'est passé, je compte pas oublier mais garder les choses comme elles étaient avant pas de soucis.

Il paraît surpris quelques secondes.

GIANNI - T'es pas difficile à la négo.

— On voulait la même chose, on a eu, fin.

GIANNI - Ça m'va, piccola.

— Ça veut dire qu... connard, dis-je alors qu'il s'en est allé.

Je pouffe de rire toute seule et sans réelle raison.

Ma foi. Ce soir, j'ai des cours à donner aux petits du lycée. Notamment à Milo. Milo Conti, le petit frère de quinze ans de Gianni. Je l'aide à faire ses devoirs. C'est Espoir qui m'a lancée dans ça.

J'aime bien ma vie, disons qu'elle est drôle.

J'aime bien ma vie, disons qu'elle est drôle

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A S H A N T IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant