Chapitre 1

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Dana :

Ça y est, je pars. Je ne peux plus retourner en arrière maintenant. Mais alors que je me disais que je n'allais pas regretter mon choix, j'ai des doutes. Non je ne dois pas y penser. Tout va bien Dana, tu as pris la bonne décision. Je me parle souvent à moi-même pour me convaincre que j'ai raison mais là j'ai un peu de mal... Je regarde par la fenêtre, il va bientôt faire jour. Je suis censée arriver à 10 heures et je trouve déjà le temps long. Le bus est parti de Nantes il y a une demi-heure pourtant. Je regarde l'heure pour la deuxième fois en une minute, mais non elle n'a pas changé, il est toujours 5h du matin. Je déteste faire ça mais dès que je m'ennuie je le fais, c'est plus fort que moi.
Je décide alors de mettre mes écouteurs, je suis plutôt sociable habituellement mais dans ce bus je ne connais personne.
Oh non ! Mes écouteurs ! Je ne les trouve pas, pourtant ils devraient être là, dans mon sac ! Je repense à ce que j'ai fait avant de partir : prendre mon manteau, mon sac, mettre mes chaussures, ne pas oublier mon portable et... mes écouteurs ! Ils sont restés sur mon lit ! Je suis vraiment trop dans la lune, ça ne me passera jamais ce défaut ! J'observe les voitures passer tout en réfléchissant. J'ai toujours trouvé qu'on se sentait surélevé dans un bus, comme en apesanteur au-dessus des voitures.
En fait, prendre le bus ne me dérange pas mais avoir quelqu'un que l'on ne connaît pas à côté de soi, c'est un peu gênant, je trouve. Souvent les gens "adeptes" du bus mettent des écouteurs pour se couper du monde. Finalement le bus est un endroit collectif mais chaque personne est plus ou moins seule.

Un peu plus tard, alors que mon estomac se met à gargouiller, j'entends :

-Nous allons nous arrêter à la prochaine aire d'autoroute. Vous pourrez acheter de quoi manger pour la matinée et aller aux toilettes.

C'est le conducteur qui parle dans son micro à tous les passagers. Quelques minutes après, le bus s'arrête. Je descends puis fonce aux toilettes. J'ai faim mais je dois me laver les mains. Je déteste sentir qu'elles sont sales, je ne suis pas maniaque mais les bus et les aires d'autoroute, c'est pas ce qu'il y a de plus propre ! Je regarde quelle tête je peux avoir car tout le monde sait que pendant les voyages, on a toujours l'air fatigué et décoiffé. Ça pourrait être pire, mes cheveux bruns sont légèrement désordonnés, mes yeux verts sont soulignés par des cernes, car je n'ai pas beaucoup dormi, ma peau est claire, presque trop, et mes tâches de rousseur sont presque invisibles, à cause du manque de soleil, malgré le fait que c'est l'été. Je ne reste pas longtemps car mon estomac me rappelle à l'ordre. Je me dirige vers la partie épicerie de la station et achète de quoi grignoter. Tous les passagers du bus se sont mis à des endroits différents. Il n'y a pas beaucoup de monde mais bon, il est 7 heures du matin donc c'est normal. J'essaie de trouver un endroit tranquille et m'assois, quand quelqu'un m'interpelle.

-Excusez-moi, je cherche le bus pour... je m'interromps car mon portable sonne. Je m'excuse et m'éloigne, puis décroche enfin : c'est ma mère.

-Allô ?

-Dana, c'est maman. Qu'est ce que tu fais, c'est quoi cette histoire de voyage ? Rentre à la maison !

-Bonjour maman, tu as trouvé mon mot à ce que je vois.

Je réponds dans le plus grand des calme, puisque que je savais qu'elle réagirait comme ça. C'est ma mère tout de même. Mais enfin, qu'est-ce qui m'a pris de partir de la maison comme ça ? Peut-être que je devrais tout laisser tomber, rentrer chez moi et oublier ce qui vient de se passer. Oublier que je ne connais même pas mon père ? Non. Qu'est-ce que je raconte ? Je suis en train de perdre la tête, ça y est.

Je dois trouver mon père. J'ai commencé et je ne peux pas m'arrêter maintenant. Il n'y a pas de retour en arrière possible. Je dois le faire.

-Dana répond moi tout de suite !

-Oui je vais tout t'expliquer. Écoute j'ai pris un bus à 5 heures ce matin. Je veux aller voir papa. J'ai besoin de savoir qui il est. J'ai besoin de savoir pourquoi il n'a jamais été là. J'étouffe dans tous les secrets et je ne peux pas faire comme si je n'avais pas de père !

Toutes les informations sortent de ma bouche sans que je puisse les retenir. Je dis tout à ma mère d'habitude. Alors lui avoir menti aujourd'hui et ces derniers jours était vraiment compliqué pour moi. Je sais que ce que je fais n'a aucun sens et est dangereux mais je suis obligée de le faire. Sans ça, je ne peux pas grandir et être stable dans ma vie. Tout le monde a besoin de son père, tout le monde. Alors pourquoi est-ce que moi je n'aurais pas le droit d'avoir le mien ?

-Dana chérie...

-Ne t'inquiètes pas maman, je suis sûre qu'il voudra bien de moi ! C'est mon père tout de même ! Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi, je suis grande maintenant et je te promets de faire attention. Je t'appelle plus tard, je dois partir.

-Écoute, aucun parent n'accepterait que son enfant parte si tôt et sans lui en parler avant mais je veux bien te laisser essayer. Je comprends que tu en aies besoin et que tu veuilles savoir.

-Merci maman ! Je dois te laisser. Bisous, je t'aime fort.

-Moi aussi... Fais attention à toi.

Je raccroche. Cet appel était brusque. Mais je ne peux pas faire autrement, je suis seule dans cette aventure et je vais foncer, je vais faire le maximum pour trouver mon père et je vais le trouver. J'en suis sûre.

Quand je regarde autour de moi, presque tous les passagers du bus sont partis et le garçon de tout à l'heure a disparu. Je m'apprête à sortir du magasin quand je vois un distributeur de chocolats chauds Starbucks. Je décide d'en acheter un pour me réchauffer un peu dans le car. Je remonte dans le bus et m'assois à ma place, près de la vitre. J'attends que tout le monde soit entré dans le bus pour qu'on puisse partir quand j'entends un bruit sourd et reçois des éclaboussures de ce qui me semble, par l'odeur, être du café. J'entends pester et regarde ce qui se passe dans l'allée, quand je le vois...

Birth SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant