Les chroniques de Pélissac

Un tableau abstrait

Héloïse ne voulait pas aller dans cette institution ridicule perdu au milieu des champs. D'accord,elle n'avait pas toujours était la fille la plus sympathique ni la plus serviable. Mais être envoyé en pensionnat? C'était une punition excessive! Qu'avait elle fait pour mériter pareil châtiment? Certes, la jeune fille avait séché quelques cours mais ce n'était pas un drame! L'échec scolaire,c'est ce que lui répétait toujours sa mère. C'est certain que depuis que son mari l'avait quitté,elle reportait toute son attention sur sa fille. Héloïse Benoît ne détestait pas l'école contrairement à ce que pensaient ses professeurs. Seulement,ça ne l'intéressait pas. À quoi bon apprendre des formules mathématiques quand on ne s'en servait pas. Apprendre,Héloïse voulait bien mais de l'utile et non des dates et théorèmes farfelus.
-"Tu dépasses les bornes!,avait crié sa mère après qu'Héloïse est quitté le lycée pour boire un café en ville. Je ne peux plus te faire confiance! À la moindre occasion tu dérapes!
-Maman,ce n'était qu'une heure d'anglais. Il y a des jeunes qui boivent et qui fument, sécher une heure n'est pas atroce.
-Une heure? Vraiment une heure? Depuis le début de l'année y a t'il une seule semaine sans que tu partes faire tes petites escapades? Sans parler de tes résultats catastrophiques. Que vais-je faire de toi?"
C'est ainsi qu'un mois plus tard Héloïse se vit remplir des tas de papiers d'inscription pour l'institution Louise de Pélissac. "Quel nom prétentieux,pensa l'adolescente,guindé au possible." L'admission ne s'était pas faite au mérite pour elle, sa merveilleuse mère avait dû faire jouer ses relations pour lui obtenir une place. Journaliste de renom, Céline Benoît avait épousé Grégoire il y a 17 ans. Martin était peintre,pas très reconnu dans le milieu, il avait pourtant eu un début de carrière prometteur. Ces toiles se vendaient bien jusqu'au jour où il décida de changer son style du tout au tout. L'art abstrait changea leur vie. Héloïse passait souvent du temps dans l'atelier de son père,de la peinture plein les mains. Des couleurs partout,des formes informes,des lignes pas si linéaire,c'était flou,c'était vivant. Mais ce fouillis artistique coloré qui plaisait tant à Héloïse et son père ne convenait pas aux acheteurs qui se firent de plus en plus rare. Ni à Céline qui ne tarda pas à le faire savoir.
Les disputes éclatèrent et infiltrèrent le quotidien de la petite fille qu'était alors Héloïse. Ces parents divorcèrent. Son monde plein de couleurs et de joie se transforme en un tableau,abstrait lui aussi. Mais un tableau sombre,ennuyeux et incompréhensible,son père avait emporté ce doux tourbillon de folie.  C'est à partir de ce moment là qu'Héloïse commença à vriller. Des escapades régulières,des petits larçins,délits légers qui lui donnaient l'impression d'agir,de faire quelque chose de sa vie. L'idée d'intégrer l'institution Louise de Pélissac lui paraissait moins désespèrée qu'au début. L'adolescente verrait sa mère beaucoup moins souvent. Et l'impression de pouvoir recommencer à zéro. Un nouveau départ,une toile vierge.
Le jour de la rentrée était venu. Héloïse pris son petit-déjeuner,seule sur le balcon de leur appartement. Elle contempla le calme des rues à cette heure plus que matinale,il en fallait de la route pour arriver à cette école! La jeune fille ouvrit la porte de sa chambre,aussi vide et sobre que celle d'un hôtel. Il y avait bien longtemps que toute la décoration avait été retiré. Sa mère entra dans la pièce,pris une valise et répartis sans dire un mot. Héloïse pris le reste de ses affaires et quitta son appartement sans jetter un regard en arrière.

Coucou! J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu. Je pense garder le même rythme de publication. N'hésitez pas à me faire des retours!