𝒮𝓂𝒾𝓁𝑒 𝟤/𝟥

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L'entraînement était horrible, comme d'habitude. Je m'entraînais sans envie. Mon sourire s'estompait de jour en jour. Je n'avais plus le goût à jouer au foot. Je perdais cette motivation, cette envie, cette joie. Mes coéquipiers tentaient du mieux qu'ils le pouvaient de me remonter le moral mais je pensais que cela était peine perdue. J'étais reconnaissant qu'ils veuillent m'aider mais rien ne pouvait vraiment me remonter le moral.

J'avais fait le choix de me séparer d'elles pour les protéger mais à présent j'en souffrais. Cela devait faire quoi, peut-être un an et demi ? Deux ans ? Trois ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. J'ai arrêté de compter les mois et les années.

Je pense d'ailleurs qu'elle m'a oubliée. Qu'elle a trouvé quelqu'un d'autre et qu'elle est heureuse. Je pense qu'il y a quelqu'un qui me remplace et qui s'occupe beaucoup mieux de Lucia.

« Ney, attrapes ! » , me lance Kylian.

Attrapant son ballon, sans envie, je lui renvoie bien rapidement. Mon coéquipier et ami viens se placer près de moi et pose ses mains sur mes épaules.

« Tu vas m'enlever cette tête de blasé et sourire un peu ! Allé Ney ! On se bouge ! , m'ordonne Kylian.
- Je n'ai pas envie Ky'.. , soupirais-je.
- Mais tu vas quand même le faire ! On se bouge Ney' ! » , s'obstine Kylian.

Je pousse un nouveau soupir et continue l'entraînement avec lui. Rien à vraiment changé depuis le dernier. Peut-être simplement l'absence de Leandro mais c'est tout. D'ailleurs, pourquoi n'est-il pas là ? Il n'est pas blessé pourtant..

Terminant de me changer, je coiffe mes cheveux à l'aide de ma brosse et la pose contre le meuble de la salle de bain, lorsque j'ai fini. Je m'aventure au salon après ça pour me préparer un encas mais est coupé dans mon élan par mon téléphone. Allant le chercher, je décroche et mets sur haut-parleur.

« T'es chez toi ? , me demande Kylian.
- Comme tous les jours. , répondis-je.
- Parfait, bouge pas, j'arrive ! » , lance-t-il avant de raccrocher.

Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Ça fait bien quatre jours qu'il est plus joyeux que d'habitude. Il y a un anniversaire ou une fête bientôt ? Je comprends rien.

Récupérant quelque chose à manger, je me pose pour le manger et réfléchir pendant de longues minutes. Je ne sais pas si réfléchir est vraiment le bon mot mais je ne réfléchis pas, je pense. Je repasse quelques événements de ma vie. Ça m'arrive souvent en ce moment. Seulement, plus je pense aux événements de ma vie et plus je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'on m'a diagnostiqué. Enfin, diagnostiquer est un bien grand mot mais disons simplement qu'on m'a prévenu qu'il fallait faire attention. Faire attention à quoi ? À ne pas devenir dépressif. Ne pas devenir dépressif, quand j'y repense, c'est une bonne blague de dire ça. Si on ne connaît pas la raison du mal-être d'une personne, comment peut-on donner des conseils.

Je suis en ce moment-même avachis sur mon canapé, regardant la télé. Le film qui passe est inintéressant mais je le regarde pour passer le temps. Enfin, mon non-intérêt est de courte durée puisqu'on sonne à ma porte. Je vais voir qui se trouve devant chez moi et ouvre en apercevant Kylian. Je vais lui ouvrir la porte et retourne à mes occupations. Il est un peu comme chez lui donc il fait ce qu'il veut.

«  Ne dérange rien s'il te plaît, je n'ai pas envie de devoir tout ranger après. , le prévenais-je.
- Ney, tu veux bien t'arrêter deux minutes s'il te plait. , me demande Kylian.
- Pourquoi ? , demandais-je.
- Retourne-toi Ney. » , m'ordonne Kylian.

Poussant un soupir d'exaspération devant son attitude, je me retourne pour croiser son regard. Je m'apprête à le réprimander mais je m'arrête immédiatement lorsque mon regard se pose sur quelque chose. Quelque chose ou plutôt quelqu'un. Mon regard s'ouvre en grand lorsque j'aperçois Leandro Paredes, mon coéquipier et ami du PSG, tenant une personne dans ses bras. La personne qu'il tient dans ses bras a sa tête posée contre son épaule et semble se reposer. Pourtant, celle-ci releva rapidement la tête et se tortilla pour se tourner et ainsi poser son regard sur moi.

Des cheveux courts, coiffés en deux petites couettes chignons pour éviter qu'ils ne tombent sur son visage, croisés entre le brun et le blond. Des yeux bleus dans lesquels on pourrait se plonger et se perdre. Une combinaison avec haut à manches oversizes, comme un t-shirt, de couleur rose pâle avec une bordure de col orange, des fleurs de couleur orange avec les centres et les feuilles de couleur verte. Des petites chaussettes blanches assorties à des converses blanches à bord rouge. Un bracelet en or ornant son poignet gauche. Pour finir le tout, une teinte assez bronzée fait ressortir sa tenue, ses yeux, ses cheveux et sa silhouette. La personne me regarde avec insistance et pointe une main vers moi, comme pour montrer à Leandro qu'il y a quelqu'un devant, tout en souriant grandement.

« T'as vu Lu', y'a papa. » , sourit Leandro.

Celle-ci tourne sa tête vers Leandro et me regarde ensuite, toujours en souriant grandement pour montrer à quel point elle est contente, avant de tendre ses bras. Ne pouvant résister à cet appel, je m'avance rapidement et récupère ma petite Lucia dans mes bras. Celle-ci pose directement sa tête sur mon épaule et place ses petits bras sur moi. Je dépose rapidement un baiser sur le sommet de son crâne et la serre un peu plus contre moi. Un sourire étire mes lèvres lorsque je vois Lucia fermer ses petits yeux et attraper mon haut avec l'une de ses mains.

« On a une autre surprise pour toi Ney. Comme tu sais, on ne fait pas venir un enfant sans son accompagnateur, non ? , lance Kylian.
- Accompagnateur ? Je vais vraiment finir par me vexer. , répond une voix que je connais par coeur.
- Louise.. , murmurais-je.
- Coucou. , sourit-elle, lorsqu'elle se tourne vers moi.
- J'arrive pas à croire que t'es vraiment là. , souriais-je en me rapprochant d'elle.
- Tes deux coéquipiers m'ont expliqué la situation. Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? , demande Louise.
- Je ne voulais pas t'embêter avec ça et je pensais que tu m'aurais déjà remplacé. , répondis-je, gêné.
- Remplacé ? Alors tu ne mentais pas Kylian. , s'étonne Louise.
- Hein ? Qu'est-ce que tu lui as dit ? , demandais-je.
- Tu as dit ce que tu avais à dire Kylian et je t'en remercie. D'ailleurs, au lieu de vouloir lui reprocher de m'avoir raconté, remercie-le, c'est grâce à lui que nous sommes là. , me répond Louise.
- Comment ça ? , demandais-je.
- J'ai récupéré son numéro grâce à ton téléphone et Leandro m'a aidé à lui écrire pour la prévenir. , répond Kylian.
- Je voyais déjà durant les matchs que tu n'allais pas bien mais à chaque fois que je voulais t'envoyer un message, je me rappelais que tu ne voulais pas nous exposer alors je n'ai pas osé. , répond Louise, s'excusant de ne pas l'avoir fait.
- Alors tu ne m'as pas remplacé ? , demandais-je.
- Bien sûr que non ! C'est grâce à Kylian et Leandro que je suis là. , affirme-t-elle. C'est eux qui m'ont prévenu que tu n'allais pas bien. Je le savais déjà mais ils ont confirmé mes soupçons.
- Comment se fait-il que tu le savais ? , m'étonnais-je.
- Tu serais surpris de constater à quel point notre fille aime te voir à la télé et aime le foot. Je te rappelle également que je suis le football depuis un certain temps alors ce n'est pas étonnant. En plus, dès qu'elle en voit elle est heureuse mais lorsqu'elle te voit, elle a un large sourire sur les lèvres. » , rajoute Louise.

Un nouveau sourire étire mes lèvres et je la remercie d'avoir fait le déplacement. Celle-ci me frappe gentiment sur le bras, faisant attention à ne pas réveiller Lucia qui vient de s'endormir. Mon sourire se tord un peu de gêne et je remercie également Kylian et Leandro. Ceux-ci me sourient grandement et me préviennent qu'ils partent pour nous laisser seuls. Je les remercie une nouvelle fois et c'est Louise qui part fermer derrière eux. Pendant ce temps, je vais enlever les chaussures de Lucia et la garde contre moi, ne voulant la déranger, celle-ci très bien accrochée à mon haut grâce à sa petite main toute mignonne. Je rejoins ensuite Louise et l'aide à déplacer ses affaires, et celles de Lucia, jusque dans la chambre. Celle-ci me sourit grandement et colle un baiser sur la joue de notre fille, heureuse de la voir si paisiblement endormie. Elle me regarde ensuite et vient me faire un câlin, comme pour me rassurer qu'elle est bien ici. Comme pour me rassurer qu'elles sont bien ici, avec moi et que rien de tout ceci n'est irréel.

Je l'aime tellement. Je les aime tellement. Je suis tellement heureux d'enfin les retrouver. Et ce sourire. Ce sourire lorsqu'elle m'a vue. Il était tellement beau ce sourire. Tellement mignon. J'aimerai le revoir une nouvelle fois.

Smile Où les histoires vivent. Découvrez maintenant