Barnlaw - Recueil de OS

Déséquilibre (416 mots)

Résumé : Garnet réfléchit à la nature de sa relation avec la Grande Inquisitrice et redoute de tomber amoureux. Avertissement : fin triste.

Dans un couple, il y en a toujours un qui aime plus que l'autre. Garnet aurait bien voulu démentir le dicton, mais force était de constater qu'ils ne dérogeaient pas à la règle. Pouvait-on les appeler un couple déjà ? Garnet en doutait. Ils n'étaient engagés à rien, ne devaient rien à personne et étaient libres de leurs actes. Ça leur allait, c'était bien mieux ainsi. Du moins c'était ce qu'elle avait dit, d'un calme à toute épreuve, encore à moitié nue après leur première nuit. Le chevalier avait accepté la condition. Après tout, qu'y avait-il entre eux ? Une attirance, principalement sexuelle, mais des sentiments ? Non, il aurait ri si on lui avait posé la question. Non, avec elle c'était décontracté, sans pression, les bons moments sans les mauvais, juste une parenthèse de bon temps dans leurs vies.

Si cette question sur la définition de leur relation devait de nouveau se poser aujourd'hui, il donnerait la même réponse. Mais il serait amer. Il répondrait avec détachement, parce qu'il savait qu'elle n'aurait pas changé sa définition, que jusqu'à preuve du contraire il n'y avait entre eux qu'un besoin de répondre à leurs libidos, parce qu'il ne voudrait pas compliquer une situation si simple. Mais il ne serait pas insensible à répondre de cette manière, il ne serait pas satisfait d'affirmer que tout va bien alors que le doute s'installait en lui. En réalité, la situation s'était déjà compliquée de son côté. Il avait commencé à le ressentir chaque fois qu'elle s'approchait de lui, chaque fois qu'elle s'adressait à lui pour des banalités, chaque fois qu'elle se rhabillait pour rentrer chez elle après leurs « rencontres » et que son cœur se serrait. Chaque nouveau rendez-vous lui apportait l'angoisse de la voir déjà repartir, si vite, encore rouge et hagarde. Chaque baiser lui donnait la frustration de n'y sentir que du désir. Il était heureux de la voir heureuse, contrarié de la voir agacée, triste de la voir mélancolique. Il partageait déjà avec elle tout ce qu'ils ne partageaient pas à deux : des sentiments, des émotions.

Quand ils faisaient l'amour... ou plutôt quand ils s'envoyaient en l'air, il n'y avait précisément pas d'amour en elle. Aucune passion, aucun soupir, aucun murmure qui ne pourrait laisser croire qu'au fond, il n'y avait pas que son corps qui réagissait. Garnet voulait plus que cette stupide mécanique.

Dans un couple, il y en a définitivement un qui aime plus que l'autre. Et Garnet a fait l'erreur d'être celui-là.

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Qui veut pleurer avec moi ?