Le lendemain, je reste seul, cloîtré à la maison, à regarder des films Disney. Mon frère est chez sa copine pour le week-end, ma mère est chez le médecin. J'ai mis un pull et un pantalon au hasart (la plupart de mes fringues sont noirs donc je ne cours pas à la catastrophe). Alors que Ratatouille est en train de se faire comme ami Rémi, mon téléphone sonne. Je passe ma main sous le coussin pour l'attraper et décroche :
- Allô ?
- Oui caca ? T'es chez toi aujourd'hui ? Tu penses qu'on peut se voir ?
- Non enfin si mais j'ai pas trop la tête à ça, Ori.
- Qu'est ce qui a ?
Je ne l'ai pas appelé par son surnom, c'est louche.
- Esprit est parti.
- Le poney ? Oh je suis désolée, mais tu vas le revoir non ?
- Je te laisse, il y a Ratatouille qui s'est fait enfermé dans un bocal.
Et je coupe la conversation. On se verra demain. Là, tout de suite, j'ai envie de passer ma journée sur mon canapé. C'est vraiment bizarre comme sentiment : une flemme total. Même pas envie de pleurer. Mon téléphone sonne à nouveau. Je le coupe sans regarder mais dix minutes après Ori débarque dans l'appartement (elle a les clés depuis qu'elle a passé deux semaines chez nous pendant que sa mère a déménagé, c'est compliqué). Elle rentre dans le salon, s'assoie à côté de moi sur le canapé et me jette une tablette de chocolat.
- Alors qu'est ce qui ce passe ?
- Tu sais que tu es la meilleure amie au monde ?
- Ouais je sais, on me le dit souvent !
Je rigole de bon cœur.J'arrive au collège en bus, la musique dans les oreilles, épuisé à l'idée que 5 jours de cours m'attendent. Mes yeux glissent sur le panneau d'affichage. Le prochain arrêt et le mien, je commence à me lever. Soudain, un garçon me tombe dessus. Sous le choc, je tombe entre deux sièges et l'imbécile se relève, hilare et insulte ses deux amis qui l'ont poussé. Je me relève également et lance, rageuse :
- T'excuse pas surtout !
Et je descends du bus, tentant de remettre un peu d'ordre dans ma tignasse (geste désespérément inutile). J'aperçois Forest au portail qui discute avec la surveillante. Il fait un peu froid et j'ai un frisson en m'approchant.
- Salut mon ange.
Et il m'entoure d'un bras. À son contact, je me réchauffe immédiatement. Alors que je fond devant mon copain, il continue :
- Devine qui n'est pas là mardi ?
- Un prof.
Il rit et moi aussi, fière de ma blague à deux balles.
- M. Boulangère...
Je fais une moue en visualisant le trou que cela créer dans l'emploi du temps (youpi une heure de permanence).
- ... Et devine ce que ton merveilleux petit ami à fait ?
Malgré le mois de couple qui nous unis, je rosis aux mots "petit ami". La surveillante qui nous observe depuis le début sans rien dire me met également un peu mal à l'aise.
- Qu'a-t-il fait ?
Ma voix sort neutre, presque froide et je regarde Forest guettant sa réaction. Pourquoi suis-je aussi désagréable ?
- Il a déplacé le cour d'après pour nous faire quitter à 15h.
Il a retiré son bras et je me mets à culpabiliser.
- Je suis désolée, c'est ma voix qui est sorti bizarrement...
La surveillante me coupe et lâche :
- Vous comptez rester à gêner le passage encore longtemps ? Descendez dans la cour.
Forest hoche la tête et me guide comme une enfant plus loin, il s'assoit sur le muret juste en dessous du grillage. Je reste devant lui, debout.
- Qu'est ce qui ne va pas ?
Je m'apprête à lui répondre que tout va très bien mais j'ai soudain envie de me plaindre.
- Tu sais Esprit...
- Oui tu m'en a parlé souvent.
- Hé bien il est parti, à la retraite.
Il ne répond rien, je sais qu'il n'est pas doué pour ça, alors il me tire en avant pour m'embrasser. Plus loin, des gens applaudissent et rient. Tout mon corps devient léger et paisible, je me sens pleine d'énergie tandis qu'il passe ses doigts sur mes reins. Nos lèvres se séparent mais je n'écarte pas mon visage. Je chuchote en souriant :
- Pas plus bas...
- Pour qui me prends-tu ? répond-il avec un air faussement offensé.
La sonnerie marque le début des cours. Il me pousse en arrière et je manque de tomber pour la seconde fois. Mais cette fois, Forest me retient par le bras et nous montons en cour pendant que je lui râle après. Alors que nous passons la porte de la salle de mathématique, il me chuchote :
- Ça te dit d'aller à l'écurie mardi après les cours ?
Je hoche la tête. Et comment ! Je compte déjà les heures !31 heures. 31 heures d'attente interminable. 31 heures à m'imaginer en train de montrer à Forest les merveilles de l'équitation et ses douces odeurs (son père est parfumeur alors le pauvre garçon va déguster !). 31 heures à visualiser les box sans le beau poney palomino, celui que je venais voir le plus souvent possible, que je chouchoutais comme le mien. 31 heures à regarder l'horloge deux fois dans la même minute.
Quand le dernier cour du mardi se termine enfin, je salue Ori avant de me précipiter vers Forest.
- Prêt mon ange ? dis-je avec un sourire de débile heureuse.
- Oui ! Mais que comptes-tu faire là-haut exactement ?
- Tu verras ! Dépêche toi mon frère nous attend.
- Mais quelle stressée !
- Je ne suis pas stressée ! répliquais-je en descendant les escaliers.
- Mais oui je te crois !
Bon OK. Je ne descends pas les escaliers, je les dévale. Finalement nous retrouvons mon frère qui a mit sa musique country à fond la caisse. Nous montons et il démarre.
- Je t'appelles pour te dire quand je viens te chercher. Et tâche de répondre, dit Taylor bien fort. Forest je t'aime bien mais pas de connerie.
- Nan mais ça va pas ! m'exclamais-je. On va dans un centre équestre je te rappelle.Nous arrivons et je prends un sac en toile dans le coffre. Taylor repart aussitôt. Je me tourne vers Forest qui semble totalement perdu :
- Je vais aller me changer.
- OK, je te suis.
On rentre dans le club hause, l'odeur de la paille, la chaleur de la cheminée et le bavardage de quelques cavaliers nous accueillent. Tandis que j'entre dans les toilettes, je vois mon copain s'assoir sur un canapé, visiblement sous le charme de la pièce chaleureuse au sol et piliers de bois, poutres apparentes. Je mets rapidement un vieux jeans et un t-shirt usé puis des baskets en toile. Je ressors et il demande à mon approche :
- Tu vas me faire visiter ?
- Oui !
Je me dirige vers l'écurie, Forest sur les talons. En entrant dans celle poney - vide, la paille des box sortis et les poney au pré -, Forest fronce le nez.
- Ah ouais, quand même.
- Quoi ? Ça pue à ce point là ?
- Oh que oui !
- Ah je dois être habitué alors. T'inquiète dès qu'ils auront finit de nettoyer les box, ce sera déjà mieux.
- Il y a intérêt.
Ma monitrice sort d'un box, une pelle à la main.
- Salut Meïssa !
- Salut !
- Vous pouvez me donner un coup de main ?
J'accepte immédiatement et souffle à mon copain :
- Tu peux aller longuement chercher un balai dans l'écurie des chevaux si tu veux, on ne devrait pas en avoir pour très longtemps.
Il sourit - mon dieu ce qu'il est beau quand il sourit ! - et hoche la tête avant de tourner les talons.
Je récupère un balai dans un coin et rejoint Elora.
- Quels box n'ont pas encore été nettoyé ?
- Les trois à droite, je m'occupe de ceux de gauche.
- Ça marche !
- Comment s'appelle-t-il ?
- Forest.
- C'est pas courant comme prénom...
- Sa sœur s'appelle Alexandrine.
- ...mais c'est ça ne veut pas dire que ce n'est pas beau !
- J'ai fait la même tête en entendant son nom pour la première fois, répondis-je en riant.
- Et tu n'avais pas dit que tu avais trouvé quelqu'un d'aussi beau !
Je sens mes joues s'enflammer au souvenir du jour où je lui avouais que je l'aimais. La veille, j'en avais longuement parlé avec Esprit et il avait finit par me convaincre (façon de parler hein, mais ce cheval avait le don de donner l'impression qu'il t'écoutait). Quand Forest avait apprit la nouvelle, il a accepté et j'ai cru que c'était le plus beau jour de ma vie. Mais j'ai vite désenchantée en comprenant que celui-ci ne ressentait pas la même chose que moi et qu'il avait dit "oui" pour rendre jalouse son ex. J'ai tenu bon et me suis voilé la face un long moment et un jour, Forest m'a expliqué ce que je savais déjà : il n'était pas amoureux de moi le jour où il a accepté. Mais il a ajouté un point essentiel, il m'aimait un présent. Petit à petit il s'est attaché à moi et était tomber amoureux. Maintenant il ne me lâche plus.
Je me rends soudain compte que je n'ai pas répondu à Elora. Mais cette dernière ne semble (heureusement) pas attendre de réponse. Et alors que je termine de récurer le dernier box, je le voix. Celui de Esprit. Vide.∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆∆
Voilà le deuxième chapitre !
Je suis du genre à péter un plombs tellement je suis contente d'avoir 1 vote, alors n'hésitez pas à voter toujours plus (je parle en général), ça prend 2 secondes et fait toujours plaisir ! ❤
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Le cheval, le cheval c'est trop génial
RandomSon coeur balance... Non ce n'est pas une énième histoire d'une jeune fille qui doit choisir entre deux garçons, c'est l'histoire d'une jeune fille passionné d'équitation. Ce n'est pas non plus l'histoire de la petite bourge chanceuse qui fait des c...