Éprise. Ce mot tournait en boucle dans ma tête, la fréquence de cette répétition ne faisait que croître, cela me hantait, m'angoissais, je ne pouvais plus ignorer, c'était terminé. Comment pouvions nous en arriver ici? Tout n'était que si chétif que la fêlure en fût disproportionnée, elle ne cessait de se développer dans ma poitrine, au creux de mon âme, je ne pouvais plus essayer de combler ce vide qui se faisait de plus en plus abyssal. Tout était si sombre, si profond, cette lamentable beauté rongeait mes dernières forces, peu à peu je me retrouverai face à cette réalité que je redoutais. Je ne pouvais plus y échapper, maintenant tout était terminé, brisé, réduit en de malheureuses poussières que je voulais rassembler derechef comme autrefois, les garder à mes côtés, comme cale. Pourtant entre mes doigts tout se désintégrait et je ne trouvais que cette vacuité que je connaissais tant, qui me côtoyait depuis si longuement que j'en perdais toutes notions de rationalité. Ce sentiment qui détruit, m'avait permis de te voir à travers des yeux pleins de vices et d'exaltation, une passion qu'aucun n'envie, juste spectateur du moment de lacération entre deux êtres bien trop irréfléchis, quelques fois, maladroits, mais joins par une tempête d'émotions excessivement vives et abandonnées sans avoir été comprises. Cette explosion qui naissait en moi à chacun de tes gestes futiles me rendait de plus en plus faible. Face à cela je ne pouvais plus agir décemment, complètement désarmée, dans l'attente, l'espoir d'un signe, encore. Tout s'accélérait, je ne voyais que toi, tu ne me voyais plus, l'invisibilité que tu m'avais attribuée brutalement me pétrifiait. Tes traits enjôleurs qui saccageaient désormais mon cœur faisaient éclore en moi un sentiment de manque: une attente de toi, une indigence d'amour, ma propre perte. Tes yeux, ce que j'ai toujours le plus affectionné, le reflet de ton être, un puit à émotions, aux non-dits, aux failles les plus imperceptibles. J'aimerai pouvoir dire que j'observe encore ces divines pupilles, que les éléments nous aident à contrôler ces ressentis inconnus jusqu'alors, que je te témoigne ce que j'écris. Cette désillusion de relation, ces entraves qui te semblaient insurmontables... aucunes de ces émotions saumâtres ne m'avaient résignées. C'était peut-être ça l'amour ; cette pensée qui ne délaisse pas, qui atrophie les agissements, qui rend vulnérable... mais cet amour qui ne fût pas partagé ne sera jamais assurément pansé et par-dessus tout corrode lorsqu'il est isolé.
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The Hallowed Chaos / Le Sacré Chaos
PoetryLe sacré chaos fend ses portes, cédant à l'âme humaine en perdition l'aperçu de ses sombres pupilles perverties.