Chapitre 3

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Béryl

— Hors de question.

J'attache négligemment mes cheveux en chignon en considérant la poêlée de légumes devant moi. Ils frétillent dans l'huile alors que je remue doucement avec ma spatule :

— Béryl... Tu ne m'as même pas laissé le temps de t'expliquer.

Je fusille mon frère du regard. Accoudé maladroitement au plan de travail, tout le corps tendu, il ne cesse de me supplier du regard :

— Milo, c'est non.

Il croise ses bras sur sa poitrine :

— Tu n'as aucun argument valable.

Je souffle, lasse. J'ai passé une journée merveilleuse, j'ai retrouvé ma meilleure amie — bien que celle-ci se soit plainte la moitié du temps. J'ai découvert que ma section contient pas mal de personnes que j'apprécie et que nous avons de super profs. En bref, une très bonne année s'annonce. La journée a été très agréable et je n'ai pas envie de la terminer sur une dispute avec mon frère. D'autant plus que j'ai peur de dire le mot de trop, avec lui, j'ai constamment l'impression de marcher sur des œufs. Ça ne devrait pas être aussi difficile...

Enfin si... Mais pas comme ça...

Je n'ai pas les épaules pour nous gérer tous les deux.

— Si, je n'ai pas envie d'un inconnu chez moi, Milo.

Il se masse la nuque, profondément agacé :

— C'est pas un inconnu.

Il bougonne, mais je n'en démords pas :

— Personne ne l'a jamais rencontré.

— C'est pour dépanner Cassi, il enchaîne.

Je fais volte-face, plantant mes yeux dans les siens. Je peine à trouver un équilibre pour nous deux depuis l'accident. Je ne veux pas d'un inconnu, d'une source de distraction pour mon frère qui tente de remonter la pente. Je ne veux pas d'entorse à mon contrôle, la situation ne m'échappera pas...

— Milo, je n'ai pas envie de me prendre la tête...

Il secoue son visage dur :

— T'es trop butée, putain.

Il affiche une moue de dégoût en s'éloignant le plus possible de moi. Je le vois même allumer la télé pour calmer sa colère :

— Non : censée.

Il me fusille du regard :

— Faut apprendre à lâcher prise, Béryl.

Je ris intérieurement ? Comment puis-je ? Je tiens pour deux, je suis le roc de notre fratrie. Je veille constamment à son bon fonctionnement. Je ne veux pas le perdre, lui non plus. Je ne veux pas rompre l'équilibre qui s'installe petit à petit. Le château de cartes pourrait s'effondrer à tout moment si je baisse la garde. Lui n'en a pas conscience, il se contente de mener sa vie pour se vider la tête. Je ne peux pas lui en vouloir, une noirceur extrême pèse sur l'homme qu'il est devenu, mais moi, je dois continuellement me souvenir, contrairement à lui, me souvenir pour ne pas me laisser aller et nous perdre tous les deux.

Je suis l'équilibre.

— Ça nous soulagerait, un loyer de plus. Il poursuit. On pourrait peut-être changer ce canapé pourri.

Je disperse le contenu de la poêle dans deux assiettes et le rejoins, une boule au ventre. J'ai horreur de me disputer avec lui. Je dépose son dîner sans commentaires devant lui sur la petite table basse avec ses couverts :

— On peut manger en paix ?

Milo me lance un regard dédaigneux :

— Réfléchis-y au moins.

Hors de question.

Je ne reviendrai pas sur ma décision. Je garde pourtant ma bouche close pour ne pas envenimer la chose, mon jumeau serait bien trop content de continuer cette engueulade. Je masse mon avant-bras où un nouveau dessin a été encré il y a maintenant quelques jours. Il me démange énormément, mais je me retiens sous le regard perplexe de mon frère.

Il mastique en silence sans grande faim, il a l'air pensif et toujours aussi fatigué, même si ses joues ont repris des couleurs :

— T'as passé une bonne journée, sinon ?

Pour toute réponse, il hausse les épaules, il est comme ça désormais, fermé comme une huître protégeant sa perle :

— T'es allé voir le docteur Richard ?

Il secoue la tête.

OK...

Je pourrais l'engueuler, mais à quoi bon ? Nous avons besoin de nous retrouver. D'être nous à nouveau. Je ne sens presque plus ce lien entre nous vibrer. Je repose mon assiette bruyamment devant moi. Il me regarde du coin de l'œil, un peu surpris :

— OK ! Je commence.

Je pose une main sur son bras pour le forcer à me regarder. Il ne résiste pas et pose les mêmes yeux que les miens sur moi. Je presse son bras affectueusement :

— Comment tu te sens, là ?

Il hausse un sourcil blond :

— Je suis pas allé chez la psy alors tu veux le faire toi-même ? m'accuse-t-il.

Je ricane en me mordant la lèvre :

— On va sortir, je veux juste savoir si tu es d'attaque.

Il fouille mon regard comme pour savoir si je suis réellement sérieuse. Il y a quelques années, nous étions des fous de sorties. Nous rendions fous mes parents à sortir tous les soirs, nous étions les meilleurs partenaires de fiesta. Désormais, les soirées à deux sont rares :

— Je suis partant, il lâche finalement.

Le nœud dans mon estomac se desserre, voilà comment nous réconcilier.

***
Voici l'avant dernier chapitre que je peux vous poster avant la sortie de Nos Cœurs en Deux

J'espère que ce chapitre vous plaira !

N'hésitez pas à me laisser vos avis qu'on en discute 😊

Que pensez vous de la décision de Béryl ?

Pensez vous qu'elle va craquer ?

Milo parviendra-t-il à la faire changer d'avis ?

Aimez vous cette complicité entre les jumeaux ?

Dites moi tout j'attends vos théories !

Voter et commenter et on se retrouve pour le dernier chapitre avant que vous puissiez le retrouver sur liseuse !

Bisous bisous

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 12, 2021 ⏰

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