La première Tempête

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Je ne sais pas pourquoi je suis sortie, je ne comprends pas ce qu'il se passe en moi, et surtout dans mon cœur. La tempête, une tempête d'émotions, de sentiments, que je n'arrive pas à discerner les uns des autres. Un coup de vent me fait sortir de mes pensées, et me fait revenir à la réalité, le soleil s'est couché. Je me rends alors compte que j'ai la chair de poule. Même si l'été est là, il fait toujours froid le soir. Il est temps de rentrer et de prendre une douche.

Le robinet ouvert, l'eau se met à couler le long de mon corps. C'est à cet instant-là que les larmes qui non pas voulu couler plus tôt se sont mêlées à l'eau chaude de la douche. Le sel de mes larmes n'a pas cessé de quitter mes yeux. Je suis restée là longtemps, sans savoir pourquoi. La voix de ma mère se fait entendre, les pâtes sont cuites mais je reste là, sous la douche, et je leur demande de ne pas m'attendre. Je ne sors que deux heures plus tard, mange les pâtes froides, prends mon téléphone et me mets à écrire à Inna. Elle ne me répond pas. Je suis bête, elle doit déjà dormir. Je regarde alors l'heure, il est minuit et demi. Bon sang, mais qu'est-ce-que j'ai fait pour me coucher si tard ! La seule solution serai d'avoir passée 3 où 4 heures sous la douche !!! Pourtant j'ai juste l'impression d'y avoir passée 2 heures, et seulement 2 heures. Je me place bien sous la couette pour m'endormir, mais je passe encore une heure à me retourner avant de trouver le sommeil.

Mon réveil sonne. Pourquoi je ne l'ai pas éteint avant de me coucher... Ce qui est fait est fait. Pour une fois j'ai fait une nuit complète. Je traîne dans la maison, lit et me regarde un film dans le canapé, tout en mangeant une grosse part de brioche au chocolat. La journée se passe sans plus d'activités. Mon téléphone se met à sonner, je décroche machinalement. C'est Lys ! Merde ! J'avais oublié notre rendez-vous goûter ! J'attrape en vitesse un paquet de gâteaux, mon sac, une gourde et l'un de mes couteaux. Je mets tout dans le sac et saisie les clés au passage. En sautant les marches quatre à quatre je manque de me prendre le voisin dans la cage d'escalier. Je vois mes rollers dans leur coin mais je n'ai pas le temps de faire machine arrière pour des chaussettes.

Une fois arrivée au parc

- Ah, te voilà enfin ! On pensait ne jamais te voir ! dit Sonia, sur la rambarde du parc.

- Tu dit ça parce que tu voulais parier sur l'heure de mon arrivée !

- Non, mais nous aurais-tu emmené de quoi se faire un bon goûter, par hasard ?

- Si tu crois que mon estomac aurait accepter que je parte sans le goûter, c'est très mal me connaître ! Et vous ?

- Moi je nous ai fait un gâteau au chocolat, s'exclama Athéna !

- Ça vous dit on va se poser vers la rivière ? Propose soudainement Lys coupant cours à notre conversation sur les gâteaux au chocolat.

La porte est ouverte. Les vêtements mouillés de l'eau de la rivière, j'entre sans faire de bruits. Je me déplace le plus vite possible pour ne pas mettre de l'eau partout, ce qui ferai rager maman. Il est déjà 8h. Même si j'ai bien dormi, je suis crevée. C'est peut-être à cause de l'eau de la rivière qui est revigorante et glacé à la fois, même très, très, très froide.
C'était une journée calme et sans problèmes, mais les rires qui ont parcourus les berges de la rivière cette après-midi sont sur le point de s'éteindre !

Je suis dans mon lit, je viens de me réveiller. Encore un de ces cauchemars dont je ne me souviens pas. Je prends un livre, de toute façon je n'ai rien d'autre à faire à cette heure-là. Je sombre de nouveau dans le sommeil avec comme dernière image celle d'un champ de bataille sous un ciel d'ocre et de sang.

Je cours. Mon cœur bas à tout rompre dans ma poitrine. Je ne suis pas seule. Je n'entends plus que le bruit de nos pas sur le sol. Dans ma main se trouve un bouclier, dans l'autre une épée simple. Je me sens étrangement légère, capable de courir sur des kilomètres à cette vitesse sans jamais m'arrêter. Je vois une ligne au loin. Un mur ? Non, c'est une armée, ennemie. Le bruit des boucliers qui s'entrechoquent fait mal aux oreilles. La clameur des combats s'intensifie. Je ne me contrôle plus, mon épée fend l'air, blesse et tue. Arrêtée par une autre, elle se lance dans une danse meurtrière et décapite mon assaillant. Je n'éprouve rien. J'ai tué plus d'un homme et pourtant je n'éprouve rien. Le bruit des épées diminue. Je suis toujours en vie et je continue de me battre, sans leur laisser d'autres solutions que la mort. Le soleil a disparu derrière les montagnes, le temps est passé si vite. Je sors mon épée du corps d'un soldat pour m'attaquer au suivant, qui est à cheval, corsant l'affrontement. Mais au lieu de m'attaquer de son destrier, il descend de sa selle pour un combat loyal. On tourne en rond en attendant un moment d'inattention de l'autre pour se lancer dans le combat. Finalement il attaque en premier, un coup que je pars sans problème. Je contre-attaque. Autour les combats ont cessé. Seul le bruit de nos épées qui s'entrechoquent est toujours présent. On attend, à l'affût de la moindre hésitation ou faiblesse. Il tente une feinte mais mon épée le bloque, encore et encore. Je me laisse donc aller, inspire et expire, mes coups sont plus forts, plus complexes. Je laisse toute la colère qu'il y a en moi se transformer en fureur, qui se déverse dans mes veines et les nourri. Elle prend possession de mon corps, de moi. Je feinte sur la droite, il part le coup mais sa puissance me fait reculer. Je plis les genoux, saute et abat mon épée avec une telle force et une telle rapidité qu'il en perd l'équilibre et part de justesse le coup, mais la puissance du choc brise les épées déjà bien ébréchées. La stupeur se peint sur son visage. Après une brève roulade, je me rends alors compte que ma fureur est retombée. Je regarde le champ agricole, qui maintenant ressemble plus à un cimetière. Je me trouve une autre épée parmi les cadavres qui jonchent le sol. Quelques hommes sont encore debout, ils font tous partis de nos ennemis. Je comprends qu'ils ont gagné la bataille juste avant de me faire assommer.

Je me réveille avec un puissant mal de crâne. Je suis désarmée, mes mains sont liées à un arbre. Le ciel commence à s'éclaircir, c'est l'aube. Un garde s'approche et envoi son pied dans mon ventre. Ça fait super mal mais je l'ai sûrement mérité. Il retourne à son poste. Plus tard, le campement se réveil. La douleur provoquée par le coup de pied s'est déjà volatilisée. Soudain, trois hommes me maintiennent plaquée contre l'arbre tandis que deux autres accrochent la corde qui entravait mes mains à une branche. Un homme imposant s'avance vers moi, probablement leur chef. Plus il s'approche plus je reconnais ces traits : c'est le soldat que j'ai affronté hier. Il dégaine un poignard et laisse une coupure sanglante sur ma joue.

- Quel est ton nom ? Dit-il d'une voix calme

Avant que je puisse formuler la moindre réponse, un des soldats qui l'accompagnait sort un long couteau recourbé. Il fait deux profondes entailles dans ma cuisse. Je sers les dents. Son point part ensuite en direction de mon sternum mais j'esquive avant qu'il ne me touche. Sa colère augmente, il se prépare à m'assener un deuxième coup mais son chef le bloque et lui demande de partir.

- Quel est ton nom ? Toujours sur le même ton.

Le silence se fit. Je n'ai pas envie de répondre ni même de parler. En voyant ma réaction, il prend mon visage dans sa main et répète la question. Je me libère brutalement. Il appelle alors trois soldats que je n'ai jamais vu qui me roue de coups sous ses yeux. Quant à lui, son visage affiche un sourire satisfait. Il range son poignard avant de sortir une épée de son fourreau. C'est mon épée, celle que j'ai brisé. Elle a été reforgée, mais elle contient encore le sang de mes victimes. Il la regarde d'un air satisfait avant de la plonger dans mon cœur. Je sens mes os se briser dans un craquement sinistre. Je sens la lame me traverser avant de m'empaler à l'arbre. Chaque partie de mon corps me fait souffrir.

Je me réveille en sursaut. Pour la première fois je me souviens de mon cauchemar, il était si vrai. Plus étonnant encore, je sens comme une trace de ce rêve déplacé dans la réalité. J'ai mal à la cuisse et à la joue, pourtant rien. Aucune trace de sang ni de cicatrices. Je sens dans mon dos le passage de l'épée, je ressens encore le chemin qu'elle a tracé dans mon corps afin me transpercer, comme si c'était réel. Je suis trempée de sueur. J'essaie de me rendormir mais je n'y arrive pas, alors j'attends la sonnerie de mon réveil. Je fonds en larmes. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je pleure jusqu'à ne plus avoir de larmes. Quand elles s'assèchent, je me lève machinalement, pour affronter une nouvelle journée de cours.

Je rejoins les filles dans la cour. Je fais comme si tout allait bien alors que j'ai très mal dormi. Pire que d'habitude.

La journée était longue. Il ne reste plus qu'une semaine avant les vacances. Je suis perturbée par mon rêve, ou plutôt mon cauchemar. Pourquoi je m'en rappelle encore ? Il était sanglant, digne d'un film de guerre et de sang pour adultes, et moi je me suis retrouvée en pleins cœur de cette mêlé. J'ai tué, sans scrupule. Et je me suis retrouvée empalée à un arbre. Pourquoi ces cauchemars sans raisons ? Pourquoi moi ? Pourquoi ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 10, 2022 ⏰

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