☞︎︎︎ 𝐋'𝐎𝐝𝐨𝐫𝐚𝐭 ☜︎︎︎

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Un parfum doux et printanier circule, se diffuse, embaume tendrement le monde et mes vêtements. J'avance à tatillon sur les pavés qui font claquer mes chaussures, sans avoir peur de tomber ou de bousculer quelqu'un. Sa main dans la mienne, il me guide dans ce parc botanique que je connaissais par cœur, où j'ai passé tant de journées à observer les arbres et les fleurs pousser. Il me guide, alors je n'ai pas peur.

— Livai, qu'y a-t-il de ce côté ?

— Des… A-ste-ra-ce-a-bidule.

J'éclate de rire.

— Des Asteraceae ou plus simplement Astéracées, Livai. Mais il s'agit là d'une famille de végétaux, alors que je te demande le nom de la plante !

Je l'entends bougonner.

— Oh ça va, la botaniste de mes deux. Le nom de ta fleur a été effacé, sûrement l'oeuvre de sales morveux.

— Tu peux me la décrire ? 

— Ronde, rose-rouge, aux pétales petits et serrés, courbés comme des alvéoles. 

Je m'accroupis près des plantes pour sentir leur parfum. Livai me dit de me pencher encore un peu, d'aller plus à gauche, de reculer… Je suis ses indications à la lettre, en confiance, et tombe nez à nez sur une fleur qui me chatouille la peau. J'effleure les pétales d'une main d'expert en respirerant l'odeur légère et agréable qui s'en dégage. Après quelques secondes d'inspection à l'aveugle et de réflexion, je finis par m'exclamer en bondissant :

— Eurêka ! Ce sont des Dahlias ! Oh, sont-elles belles, Livai ? 

— On peut dire ça. 

Je perçois de la surprise dans sa voix. Puis un petit rire. Presque inaudible, retenu, un rire qui n'a rien de moqueur. On pourrait presque croire que Livai est attendri. Cette pensée me fait rire à mon tour.

— Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu comme ça, finit-il par avouer.

— Me voir comment ?

— Aussi joyeuse et souriante. Comme avant… – sa voix s'attriste subitement – …quand tu venais me voir en hurlant comme une détraquée afin que que je t'aide à capturer un titan pour tes fichues expériences. Je n'arrêtais pas de t'envoyer bouler, mais aujourd'hui, je me dis que je n'aurais pas dû être aussi dur avec toi, Hanji.

— Livai, ce n'était p-…

— Laisse-moi finir, me coupe-t-il. Je dis toujours qu'il ne faut jamais avoir de regrets, alors que je suis le premier à regretter tous les choix merdiques que je fais. Et ne pas avoir passé assez de temps avec toi lorsque tu pouvais encore voir, c'est une de mes plus grosses conneries. Quand je te vois sourire, Hanji, je retrouve la bourrique à lunettes qui riait fort et prenait les salauds des brigades spéciales par le col. La bourrique à lunettes qui me faisait chié à toujours parler de titans, mais qui malgré tout me manque aujourd'hui. Merde ! Si j'étais resté avec toi pendant la reprise du mur, peut-être que tout ça ne ser-…

Je le prends dans mes bras. Je le prends dans mes bras de toutes mes forces, comme ça, comme si c'était le geste le plus naturel du monde. Puis doucement je me balance, le visage niché dans son cou, la main glissée dans ses cheveux. Livai possède une odeur que je reconnaîtrais entre mille, un mélange agréable d'infusion et de produits ménagers. Respirer son parfum, c'est comme entrer dans un salon de thé propre et chaleureux, où l'on pourrait rêver pendant des heures une boisson à la main, au coin d'un feu qui crépite. Livai a beau être quelqu'un de froid et distant, c'est ainsi que je le perçoit dans ces moments-là, un moment où nous ne sommes que tous les deux, où son masque de glace s'effrite, où il est lui et où je suis moi.

𝐉𝐞 𝐒𝐞𝐫𝐚𝐢 𝐓𝐞𝐬 𝐘𝐞𝐮𝐱 {𝙻𝚎𝚟𝚒𝙷𝚊𝚗 🅢︎🅝︎🅚︎} ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant