[1]

302 16 6
                                    

Point de vue de Livai.

Tout le matériel est rangé, tous les équipements tridimensionnels rassemblés et tous les corps sans vies des soldats morts au combat brulés. Ils ne nous reste plus qu'à partir, rentrer dans notre ville et rapporter le désastre qu'à fait cette bataille. 

Les rares recrues survivantes éteignent les derniers braises encore flamboyantes du feu où reposent les cendres de nos collègues défunts.

Tous sauf un, le corps d'Erwin. 

Aucunes larmes ne coulent sur mon visage rempli de sang, aucune émotion ne se laisse paraitre. Pourtant, elles sont bien là, cachées au plus profond de moi, et bien plus dures à supporter que les autres fois. Mon cœur, pourtant meurtris par les années de misère, peine à supporter le poids de mes sanglots internes qui pleurent la disparition de mon être le plus cher. 

Il l'a fait, il a offert son cœur à l'humanité. 

Je regarde les dernières flammes qui s'éteignent et tourne les talons pour me diriger dans une autre direction. J'utilise mon équipement et m'élance en bas du mur pour rejoindre Shiganshina, maintenant en ruine à cause des nombreux combats menés par les titans. 

Mes pieds atterrissent d'eux-mêmes sur le toit d'une maison qui, par chance, tient encore sur ses murs. Je descends et emprunte la porte de celle-ci, avant de monter au première étage pour le revoir une dernière fois. 

J'arrive devant la chambre, pousse la porte grinçant sur le vieux plancher et avance vers le lit autrefois occupé par les occupants de la demeure. 

Au chevet, il y a déjà un tabouret, sur lequel je me suis déjà assis pendant de longues heures et sur lequel je reprends place une nouvelle fois. 

Mon regard se lève vers la silhouette de notre ancien Major, reposant sur les draps. Ses yeux sont fermés, son visage détendu. N'importe qui pourrait penser qu'il rêve paisiblement si on ne prenait pas en compte son corps ne se soulevant plus au rythme de ses respirations. 

Je profite de notre solitude pour reprendre sa main, déjà bien froide, entre les miennes afin de le remercier une énième fois pour tout ce qu'il a fait. Les mots affectifs peine toujours à sortir de ma bouche mais ils s'échappent d'entre mes lèvres, petit à petit, me libérant d'un poids retenu pendant tant d'années. 

Il est celui qui m'a appris à lire et à écrire. Celui qui m'a tout simplement fait découvrir les bataillons alors que je n'étais qu'un simple rebelle des bas fonds.  Erwin à vu en moi quelque chose que je n'ai toujours pas moi-même remarqué. Il a toujours dit qu'il l'avait senti, que j'étais quelqu'un de bien. L'espoir de l'humanité comme il le disait. 

C'est faux.

Je serais une bonne personne si j'avais pu le sauver,  si j'avais su l'empêcher de foncer tête baisée vers le titan Bestial. Si j'avais eu la force d'injecter la contenance de cette fichue seringue dans l'avant bras de celui que j'ai toujours aimé.

Mon corps se noie dans les larmes qui n'arrivent pas à couler et qui reste cachée au fond de moi, comme pour me faire endurer ce que je n'ai pas réussir à accomplir, comme pour garder mon chagrin enfouit en moi pour l'éternité.

Je sers la main d'Erwin, espérant qu'il crie de douleur face à mes doigts serrant sa paume, mais je sais, je sais que ça n'arrivera pas. 

Je baisse la tête, abattu, énervé, désemparé.  

Je desserre ma main de la sienne, en y laissant quelques marques causée par la peine, et plonge sur la manche de sa veste de couleur vert foncé, pour y découdre l'emblème du bataillon, si précieux à mes yeux. 

J'arrive à le détacher, brisant les dernière coutures qui le relie à Erwin et le pose délicatement contre ma poitrine. C'est à ce moment précis que je me rends compte, je me rends compte qu'il ne sera plus jamais parmi nous, à élaboré des plans incompréhensible basés sur le hasard des choses. Plus jamais présent devant la troupe partant en expédition, fièrement dressé sur le seul cheval blanc du bataillon. Plus jamais dans son bureau à trier des documents jusque tard le soir. Plus jamais là pour me rassurer de ses doux baisers. 

Une main se posant sur mon épaule me fait sortir de mes pensées. Je me retourne et vois une silhouette que je reconnais facilement.

Hange.

Silencieusement, elle s'accroupit pour être à ma hauteur. Je remarque son unique œil et ses joues rougis par les nombreuses larmes qui ont coulés. Seuls une perle d'eau sur le coin de son œil est encore présente. 

Je sens tous mon corps se briser à nouveau en remarquant son visage fermé, ayant remplacé son visage si souriant et joyeux en temps normal. Son teint est pâle, ses cheveux encore plus en pagaille que d'habitude et sa figure tapissée de sang. Le bandage qui entoure sa tête pour cacher son œil meurtrit par un débris est horriblement sale et ses lunettes ont probablement rendu l'âme dans la bataille. 

Elle regarde notre ancien Major, surtout son ami, aliter tel un enfant que l'on vient de bercer. Les larmes ne coulent plus chez elle non plus, elles l'ont déjà assez fait.

La brune à perdu tout également, ses collègues, son ami d'enfance et surtout, celui qu'elle a aimé. Moblit.

Après de longues minutes de silence horrible, à entendre les respirations rauques de l'autre, je vois la tête d'Hange se tourner vers moi, d'un mouvement munit d'aucune énergie. Mon coeur se serre quand je la vois de face, son visage déjà maigrit par le deuil et les traces des larmes se dessinant sur la couche de saleté de son visage. Elle cligne de son seul œil, laissant couler une énième larme. 

-"Moblit est la dernière personne que j'ai vu de mes deux yeux". 

Sa voix se brise à cette phrase. 

Elle qui à toujours adorer découvrir le monde et observer les choses sous tous leurs angles, elle ne les verra plus qu'à moitié. 

Je ne réponds rien à ça, par peur de ne pas savoir me prononcer à cause des tremblements qui parcours mon corps. Par peur de ne pas savoir la réconforter. 

Qui réconfortera le bataillon en deuil alors que notre seule source de bonne humeur est à présent réduite à une tristesse incomparable? 

Je sens un poids se rajouter sur mes épaules, déjà assez lourdes comme ça, en pensant aux nombreuses remarques que l'on va se prendre en rentrant au Mur Sina, où nos supérieurs nous attendrons déjà de pieds fermes pour décrédibiliser cet exploration désastreuse. 

Certes, elle a été fatale au bataillon, mais le requête d'Erwin à été accomplie. Nous avons pu ouvrir la cave du père d'Eren, Grisha Yaeger. 

Les documents trouvés doivent encore être analysés et décryptés mais nous avons déjà une piste sur le monde en dehors de mur. Monde dont rêvait Erwin. 

Juste avant son but ultime, juste avant son rêve, juste avant ce qu'il a attendu toute sa vie, Erwin est tombé. Il a fallut que ce soit à ce moment, à ce moment où, peut-être le blond aurait pu trouver une source de bonheur et de réconfort en trouvant ce qu'il cherchait tant.

Mais la vie en a décidé ainsi.

La vie est injuste. 

J'entends les sanglots interminables de la brune désemparée à côté de moi, sa main glissant doucement sur mon épaule jusqu'à tomber sur le sol. 

C'est à cet instant précis, juste après la phrase poignante de mon amie, qu'une pensée commence à hanter ma tête. 

Je la garde pour moi pour ne pas augmenter la désolation d'Hange.

Tout comme Moblit à été la dernière personne qu'Hange à vu de ses deux yeux, j'ai été la dernière personne qu'Erwin à vu qui était dans la capacité le sauver.

La seule différence c'est que je suis encore vivant et cette simple pensée réussi à fracasser mon cœur et mes sentiments. 

J'ai tué Erwin.

Solitaires. [LeviHan, Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant