Les lampadaires se dressent le long de la rue comme des sentinelles, des sentinelles lumineuses et immobiles qui éclairent les pas des derniers rescapés de la nuit. Et sous leur éclairage, un adolescent poursuit sa route, machinalement, sans se presser, malgré la pluie qui le mouille jusqu'aux os. Son assaut tente de le faire flancher, de l'anéantir, mais Owen n'est même plus assez maître de lui-même pour céder à l'inquiétude de rentrer trempé. Ne plus s'appartenir, c'était se traîner partout, comme un pantin, comme un cadavre ambulant, sans âme et sans cœur, n'agissant qu'en tant qu'exécuteur d'une routine mécaniquement planifiée jusqu'aux moindres détails sur laquelle il n'avait aucune emprise. Des fois, il se demandait si ce qu'il faisait, c'était vraiment ça, vivre ? Il avait d'excellentes notes, un comportement irréprochable, et portait la figure de l'enfant modèle dont rêvent tous les parents.Alors pourquoi ce vide en moi ?
Il réajuste son capuchon d'où s'échappent quelques boucles blondes, et fixe le ciel. Ce dernier est complètement noir, un gouffre béant qui les surplombait, lui et la nuit. Les étoiles ont été avalées par l'orage qui inondait la ville sous son déluge. Aucun astre n'est là, ce soir, pour l'accompagner dans ses pas. Seulement les lampadaires. Foutus lampadaires. Il sent que même ces derniers ont plus d'utilité que lui. Pourquoi ce vide accablant ? Cette tristesse sans fin qu'il ne cesse de refouler derrière des barrières superficielles ? Les larmes qu'il empêche de s'écouler de ses yeux se dissimulent dans son cœur, le gonflent, s'en imprègnent, distillent un poison aux eaux noirâtres qui se perd dans tout son être. Il se noie dans le vide, ne trouve plus ses repères. Désormais, il n'est rien de plus que le misérable pantin de ce monde sans grâce. Il a vendu son âme, il ne s'appartient plus.
Ne s'appartient plus.
Au loin, le fracas de la foudre se fait entendre. Les cieux reprennent leurs droits. Pas lui.
Owen n'est plus Owen. Il n'est que la marionette du Diable.✃
Un petit morceau pour vous mettre dans l'ambiance.
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THE THING HIDING IN THE DARK
ParanormalDans le Noir, les Ombres s'esquissent, Puis dansent et valsent jusqu'au précipice Les Ailes pourpres de la Mort S'élancent, scellent le sort Depuis leurs Cadavres, les Âmes hurlent, Et ce depuis le Crépuscule ×•×•× Crow Hill. C'est là que déménagent...