Le Quiproquo [ENHYPEN | HEESEUNG]

Chapitre 1 - Heeseung

Je sentais la sueur couler sur mon visage, ma respiration toujours saccadée de l'entrainement de la journée. Un peu plus loin, Sunghoon et Jay jonchaient le sol, peinant eux aussi à reprendre leur souffle. La nouvelle chorégraphie était bien plus difficile et technique que celles que nous avons apprises pour les albums précédents. Étonnamment, même Ni-ki semblait avoir eu du mal à suivre.

Je regardai furtivement l'horloge. Il était 22 :00 à peine. Demain, les activités ne commençaient qu'à 10 :00, exceptionnellement. Cela me donnait enfin la chance de profiter d'une soirée de répit. J'interpellai Jungwon :

— Partez sans moi aujourd'hui. Je vous rejoindrai au dortoir plus tard.

Sa réponse ne fut qu'un simple hochement de tête distrait. Il ne sembla pas me porter grande attention, son regard vitreux laissant transparaitre son épuisement. Je me préparais donc rapidement, me débarrassant au passage de mon chandail trempé de sueur. Je ramassais prestement le reste de mes affaires et lançais un bref « à plus » au reste du groupe.

Le trajet en métro du studio au parc Maebongsan sembla passer en un instant. J'en ratais presque mon transfert; preuve que les efforts de la journée avaient fait leur chemin, me laissant engourdi tant physiquement que mentalement.

La nuit était fraiche, même pour un soir d'octobre, et mon corps finalement refroidi ressentait pleinement l'air frisquet à travers mon polar. Au moins, la marche jusqu'au point d'observation me permettra de me réchauffer. Avec un peu de chance, les lieux seront déserts et je pourrai retirer ce fichu masque de mon visage sans m'inquiéter d'être reconnu par des fans. La montée était plus abrupte par moment, mais je savais que la vue du belvédère en vaudrait la peine.

Afin, j'allais avoir du temps pour relaxer, pour penser, pour simplement être en paix. Je savais que ma destination était près, j'en ressentais déjà l'effet apaisant. Mais je regardai soudainement un peu plus loin devant moi. Une personne, le visage baigné de lumière, regardait au loin, le corps entier penché sur le garde-fou au-dessus de la falaise. Merde, j'ai déjà enlevé mon masque, j'aurai certainement des ennuis si elle me reconnait. Mais à peine eut-elle traversé mon esprit, cette pensée se volatilisa. La jeune femme levait lentement, presque délicatement, ses pieds du sol, basculant ainsi l'entièreté de son poids vers l'avant. Il ne me fallut qu'une seconde pour réaliser ce qui allait se produire; elle allait tomber de la falaise, sur les arbres qui se trouvaient plus bas. Elle ne s'en sortirait certainement pas indemne.

Réfléchir n'était plus une option, mon corps dictait ses actions de lui-même. Et je courais. Plus vite que j'aurais même cru possible.