Naissance d'une pansexuelle un peu naïve.

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Je m'étais toujours crue hétéro. Puisqu'il fallait des étiquettes pour tout, il avait bien fallu que je m'en pose une dès l'adolescence ! C'est celle-ci qui m'était venue naturellement lorsque, élève au collège, j'avais commencé à m'intéresser aux garçons.

Puis j'avais grandi et étrangement, alors que je regardais des films dans lesquels mon attention se fixait surtout sur certaines femmes magnifiques mais aussi en côtoyant une amie bisexuelle, je me suis posée des questions. Je me rendais compte que m'imaginer dans les bras d'une femme ne me dégoûtait absolument pas. Loin de là, même ! Mais toujours aucun coup de cœur autre que masculin à l'horizon. Alors j'ai arrêté de me poser des questions. J'étais hétérosexuelle. Une hétéro qui trouvait juste que les corps féminins étaient bien plus beaux et harmonieux que les corps masculins mais moins excitants ou moins attirants qu'eux. Pourquoi chercher plus loin ?

Et puis, je suis partie à l'Université. Et là, je l'ai rencontré, mon premier coup de cœur féminin ! Elle était là, assise au premier rang, devant moi. Ses beaux cheveux blonds encadrant son visage fin aux traits réguliers. Elle était grande, très grande ! Bien plus que moi ! Très fine aussi. Et belle. Mais surtout, elle était intelligente, la meilleure de ma promo. Sa façon d'être concentrée en cours, son sérieux, le son de sa voix, son sourire qui pouvait illuminer toute une pièce, son rire... Tout, absolument tout me plaisait chez elle. Même son prénom. Léonie. Il lui allait si bien ! Je découvrais donc que j'étais finalement pansexuelle. Pas bi mais pan car c'est sa personnalité qui m'avait attirée en premier, pas son physique ou son genre. Et je me rendais compte que le genre ne comptait finalement pas vraiment pour moi. Ce mot, j'en avais appris la signification peu de temps auparavant grâce à... Miley Cyrus - oui, je sais... - qui revendiquait cette sexualité. Merci, Miley !

La belle Léonie et moi avions cours de latin ensemble. Une matière qui n'était qu'une option et dans laquelle nous n'étions pas très nombreux. Elle était assise à côté de moi. Toute sérieuse et concentrée comme à son habitude alors que moi, je respirais son odeur, je buvais sa présence, je la dévorais du regard. Littéralement, je me rassasiais d'elle pendant 1h30. Cette envie de la dévorer grandissait en moi et je prenais les choses comme elles venaient. Non, je ne suis pas une criminelle ! Quand je parle de la dévorer, c'est plus dans le sens : « J'ai trop envie de l'embrasser ! ».

C'était le seul cours où nous étions juste toutes les deux, côté à côte, sans tout notre groupe d'amis. Léonie. Son prénom me rappelait le nom « leo » qui décliné au datif singulier en latin, donnait « leoni » et voulait dire « lion ». Léonie, ma lionne. Avec ses beaux cheveux blonds, je trouvais que ça lui allait particulièrement bien.

Décidée et sous couvert d'humour, je me lançais donc pour la toute première fois de ma vie dans la drague ! Oui, moi, Anna, 20 ans, j'allais draguer une fille sans penser une seule seconde que ma vie allait être différente, que mon entourage pouvait mal réagir. J'étais en mode « conquérante » !

Sans transition, j'ai commencé à faire des allusions un peu coquines ! Genre, alors que j'étais enrhumée et qu'elle m'embêtait gentiment en cours, je lui ai répondu tout à fait naturellement : « Si tu continues, je t'embrasse pour te passer mes microbes ! ». Elle m'a regardée avec ses beaux grands yeux étonnés et moi, je me suis sentie pousser des ailes ! Des allusions, il y en a eu ! Beaucoup ! Des mignonnes : « Je suis à toi. ». Des coquines : « Tu peux m'avoir quand tu veux... ». Des... très classes... : « Je veux voir ta petite louve ! ». Et tout ça, sans aucune gêne de ma part car après tout, comme on dirait dans ma famille : « Là où y a de la gêne, y a pas de plaisir ! ». Tout à fait, tout à fait. Mais surtout, sous le regard et les oreilles trainantes de mes camarades de classe...

Je n'avais pas pensé une seule seconde qu'il y aurait des conséquences ! Que l'on pouvait me rejeter en se basant sur un seul fait qui n'avait rien à voir avec ma personnalité, mon intelligence, mon caractère, mes qualités, ma gentillesse, mon empathie, mes goûts, etc. En bref, tout ce que je jugeais essentiel chez une personne ! Mais sur quelque chose qui leur paraissait si important sans que je n'en comprenne la raison : MA SEXUALITÉ. Pourtant, comme il est marqué, il s'agit de la mienne. MA sexualité. Pas la leur, mais à moi, dans l'intimité. Quelque chose qui ne regardait que moi et qui n'avait à être jugé par personne. Je ne me suis pas méfiée et je n'ai donc pas compris. Le choc n'en a été que plus rude...

Journal d'une pansexuelle.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant