Toplexil l'édredon

Chapitre III - Rebondir

Pour Toplexil, ce travail est intéressant mais très difficile. Il y a 4 ans, il a eu un accent de travail. En rendant visite au pôle de production voisin,
il a trébuché sur une machine et s'est fait sectionner ses 2bras. L'opération a tardé et, par malchance, aucune greffe ne fut possible.
Les médecins n'avaient ni peau de porc, ni peau humaine et pas suffisamment de sang à transfuser. La chirurgie a eu lieu en urgence, le corps médical a fait
de son mieux.
Toutefois, en l'absence de bras ou de peau à greffer, les médecins ont dû lui greffer du tissu à la place de ses bras. Dans la précipitation, ils ont pris les oreillers de son lit d'opération et les ont accrochés aux épaules. Depuis, Toplexil ne peut plus saisir facilement des objets ou bien porter des charges. L'usine a pourtant bien eu pitié et l'a laissé resté à condition qu'il redouble d'efforts une fois sa rééducation terminée.

Les premiers mois furent difficiles, puis Toplexil s'y est fait. Aujourd'hui, son seul problème reste son surnom. Il n'apprécie pas qu'on
lui rappelle ce souvenir qui donne à son quotidien, un goût amer. Il aurait souhaité de vrais bras, faits de chair, de nerfs et d'os et non pas qu'on l'appelle « Édredon ».
C'est un handicap lourd pour lui et qui lui a valu des remarques très incisives de la part de ses collègues.

Vivre avec deux édredons en guise de membres inférieurs est tout sauf une expérience agréable, il le sait bien. Il s'estime pourtant heureux de s'être
dessiné une place en Birmingham. D'ailleurs, grâce à sa nouvelle anatomie, il dort mieux. Parfois, il reste coincé chez lui, parce qu'il ne parvient pas toujours à ouvrir les portes de son petit studio qui moisit peu à peu.
Nonobstant tout cela, Toplexil n'en demeure pas moins content de sa position, de sa valeur en tant qu'être humain.
Ce dont il est convaincu, c'est que demain, il pourra travailler et continuer sa vie de débonnaire ; à condition de parvenir à sortir de chez lui.