En ce moment, mes émotions sont décuplées. Ma sœur me manque énormément. La seule personne qui fait réellement attention à moi est à des centaines de kilomètres et ne peut pas faire grand-chose de là-bas.
En plus de cela, il faut entrer nos vœux dans parcoursup et les premières épreuves vont vite arriver. Elles sont deux semaines après les vacances, donc dans un peu plus d'un mois. Il faut que je révise tout depuis l'année dernière. Ce qui représente une dose colossale de travail pour moi et donc, par conséquent, une dose de stress en plus. Sachant que la première partie de mon concours a lieu une semaine et demie avant les épreuves de bac, j'ai intérêt à redoubler d'efforts pour avoir tout ce que je souhaite. C'est-à-dire empocher le bac avec une mention - bien ou très bien de préférence - et réussir mon concours - qui, soyons honnête, est mon rêve depuis toute petite. Mon père a contribué à l'élaboration de ce rêve dans mon cerveau d'enfant et l'a renforcé au fur et à mesure du temps. Rien n'a jamais pu enlever cette idée de ma tête.
Les vacances sont maintenant dans quelques jours. J'ai hâte de pouvoir me reposer un peu. Mais je les appréhende parce que mon esprit ne sera plus occupé à suivre les cours et toutes mes pensées négatives que j'ai développées ces derniers jours vont accaparer ma tête. Et ces vacances ne seront pas aussi reposantes que je le souhaite.
L'avantage c'est que je vais pouvoir faire pas mal de sport entre mes séances de révisions. C'est, je crois, la seule chose qui marche pour bloquer ces pensées pendant un temps. Ça en devient dommage que je ne puisse pas faire du sport sans arrêt.
Mon frère et ma mère n'ont toujours rien remarqué et continuent à se disputer même s'ils essaient d'être discrets. J'ai réussi à trouver une solution pour ne plus les entendre. Les voix dans ma tête parlent toutes en même temps et je rajoute, en plus de cela, de la musique à un volume élevé sur mon enceinte et dans mes écouteurs. Je fais un maximum de devoirs et de révisions au lycée pendant le repas, mes heures de permanence et parfois même pendant les récréations. Comme ça, à la maison je peux faire autre chose, qui ne nécessite pas d'être concentrée et me permet de faire plus de sport.
Cependant, il me reste toujours quelques choses à faire à la maison puisque j'essaye de profiter de mes amis.
J'ai des milliards de choses dans la tête, et ce en permanence. J'ai l'impression que ma tête bourgeonne sans arrêt. Que ma tête fume. Chaque pensée mène à des dizaines d'autres. Elle est en surcharge. C'est une sorte de bourbier sans fin. Qui n'a pas le dessein de vouloir s'arrêter. Du moins pas tout de suite. J'aimerais tant que toutes ces pensées partent et ne reviennent plus. Je suis mentalement épuisée par toutes ces questions qui tournent en permanence dans mon cerveau. Il ne veut plus s'arrêter.
Tous les souvenirs de mon enfance avec ma sœur à mes côtés, à l'époque où nous formions un duo inséparable et que notre frère nous rejoignait, nous suivait dans nos bêtises d'enfants.
Malheureusement, aujourd'hui tout à changé. Pour le pire comme le meilleur. Et tout ce que j'ai vécu s'entrechoque dans un tourbillon d'idées floues. Que rien ne semble pouvoir entraver. Toute cette agitation constante dans ma boîte crânienne me donne mal à la tête. Mais si j'arrive malgré cette situation pesante à avoir le bac avec la mention que je souhaite ainsi que mon concours, je crois que ça augmentera mon estime de moi. Et ça ne peut qu'être bénéfique.
Alors j'espère sincèrement que tout ce que j'ai mis en place pour mes révisions et tout le reste fonctionnera. Sans quoi, je perdrais sûrement ma raison de vivre. Ce pour quoi je suis née. Ou alors, il faudra que je change mes plans, les adaptent à la situation.
Je révise dans ma chambre, assise en tailleur sur le sol avec mes fiches, mes cahiers et mes stylos, mes airpods enfoncés dans les oreilles jouant 'Already gone' de Sleeping At Least quand j'ai l'impression de sentir une présence à mes côtés. Et je pourrais parier qu'il s'agit d'Amelia. Je reconnaîtrais la présence apaisante qu'elle a toujours était pour moi quand nous étions petites. Seulement, personne ne me croirait si je racontais cela. Parce que sentir ça n'est pas normal. Parce que ce n'est pas ordinaire. Parce que ce sont les fous qui sentent ça. Pas les gens comme moi. Pas les gens qui sont normaux.
J'aimerais pouvoir, un jour, être aussi heureuse que je l'eût été lorsque je n'étais qu'une enfant. Mais tout se complique toujours en grandissant. Et nous n'y pouvons rien. Le problème c'est que nous avons besoin de repères pour grandir correctement. Nous en avons besoin pour savoir comment réagir face aux évènements qui surviennent tout au long de notre existence. Et il se trouve qu'un de mes repères à moi se trouve à des milliers de kilomètres et que l'autre est trop occupé à se disputer avec son fils pour se soucier ne serait-ce qu'un petit peu de sa fille. Peut-être suis-je invisible? Peut-être que ce n'est pas moi, que je n'existe pas? Peut-être qu'en réalité je suis Amelia et que je suis morte? Rien. C'est ce que je ressens à l'instant présent. C'est ce qu'il y a autour de moi là, tout de suite. Ou du moins ce que j'en perçois. Rien. Tout. Mon cœur. Mon cerveau. Il ne sont que contradictions. Le premier ne bat pas. Le second tourne à mille kilomètres par heure. S'embrume, surchauffe. Et rien n'arrive à le refroidir. Ni le sport, ni la douche glacée après, ni le fait que je me cogne la tête contre le mur. Rien.
Je ne mange pratiquement plus. Je fais du sport à n'en plus finir. Je vois mon corps changer. Mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose. Cela fait deux mois que mon père est parti et je n'en peux déjà plus de son absence. Je suis seule. C'est les vacances. Personne n'est là.
Mes écouteurs dans les oreilles, mes chaussures aux pieds, mon hoody et mon manteau sur le dos, je prends mes clefs, glisse mon téléphone dans une poche de mon manteau, mets mon bonnet sur mon crâne et pars discrètement. Les bois dans les hauteurs de la ville sont incroyablement apaisants. J'aime être là-bas. Juste moi, la nature et les lumières de la ville en contrebas. Et bien évidemment avec ma musique dans les oreilles.
Je reçois un appel facetime environ une heure après que je sois partie de chez moi. Je me dis que ça doit être ma mère ou mon frère, qu'ils s'inquiètent pour moi et qu'ils veulent que je rentre. Mais c'est mon père. Non pas que je sois triste qu'il m'appelle, mon père est comme mon meilleur ami, je l'aime énormément. Et en dépit de son métier, c'est l'une des rares personnes qui a toujours été là pour moi. Peu importe la situation. Une des rares personnes à me soutenir quoi que je fasse, et peu importe les décisions que je prends. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises. C'est grâce à lui que je suis la personne que je suis.
- Salut papa! Comment tu vas? Je demande à mon père sur un ton enthousiaste.
- Ça va et toi ma fille? Qu'est-ce que tu fais dehors à cette heure-ci? Me questionne-t-il.
- Je m'échappe de ce monde.
Le ciel est couvert, sombre. La nuit est tombée et les nuages sont noirs. Des éclairs éclatent de temps à autre, la pluie commence à s'abattre et le tonnerre gronde. Je m'allonge par terre et ferme les yeux un bref instant.
- Pourquoi?
- Maman et Aaron se disputent depuis un moment. Et j'essaye de m'échapper de moi aussi...
- C'est-à-dire?
- He bien, j'ai l'impression de ressentir la présence d'Amélia alors que je ne la sentais pas avant. Et je sais pas si ça signifie quelque chose en particulier ou non et, si c'est le cas, ce que ça veut dire...
- C'est sûrement pas grand chose. Mais si ça persiste, tiens-moi au courant. Envoies-moi un message ou fais-moi parvenir une lettre.
On continue de parler de ça, de tout et de rien pendant un long moment avant qu'il ne soit appelé en urgence. Je lui dit que je l'aime, qu'il me manque énormément, que j'ai besoin de lui. Je lui dit aussi de faire attention à lui. Il me retourne mes paroles et m'assure qu'il est toujours extrêmement prudent.
Il raccroche. Je reste encore un peu allongée par terre, la pluie collant mon pantalon à ma peau et ruisselant sur mon visage. Quand je me relève, je sens Amélia à mes côtés et je pourrais presque la voir tant sa présence est forte là, maintenant.
Je fais comme si son corps était contre le mien, la prends dans mes bras et entame une danse en rythme avec la musique diffusée dans mes écouteurs.
Coucou les copains! Désolée pour cette longue absence, bac + vacances + travail + inscription à mon école + code = peu de temps pour moi... J'essaye de reprendre un rythme d'écriture normal voire supérieur à celui que j'avais avant. J'espère quand même que ce chapitre vous aura plu.
J'espère également que quoi que vous fassiez cet été, tout se passe bien pour vous et je vais essayer de garder ce rythme et cet investissement pour MN!! Besos
Maële💛🌻
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Military Nurse
AcciónMaëlia est une jeune femme qui aime le danger, bouger et aider les autres. Quand elle a découvert un métier où elle pouvait avoir ces trois variables en même temps, elle a tout de suite foncé à 18 ans à peine. Suivant par la même occasion les pas de...