Chapitre 9: Mon Histoire

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Je prends le plateau et le pose sur le bureau, sans aucune faim avant de m'asseoir sur le lit. Liam s'assoit sue le lit face à moi,dos à la porte. Il ouvre la bouche, sûrement pour détendre l'atmosphère mais je lui souris et l'arrête en secouant la tête.

Je prends une grande inspiration et commence à tout lui expliquer. Je lui parles des mots, de leur contenu de lus en plus terrifiant, rétrospectivement je lui parle de mon sentiment d'avoir été espionné quelques temps avant mais auquel je n'avais pas prêté attention. Je lui parle des moments où je le croisais, de son regard fixé sur moi, de sa main baladeuse. Je lui raconte comment j'ai voulu croire que c'était faux, pensant à une blague, soit-disant fort de mon expérience 2 ans auparavant. Je lui parle de tous ces moments où j'ai voulu appeler à l'aide sans qu'aucun autre mot que« tout va bien » ne dépasse le seuil de mes lèvres. Je lui raconte mon faux espoir lorsque les mots ont cessé, de mes muscles douloureux d'être toujours tendus. Je lui raconte en détail ce fameux jour où il m'a surpris dans le dortoir, de ma fuite dans une chambre, du transpondeur, des toilettes, d'Amandine. Je me tais cependant sur mon imagination confondant sa propre personne avec celui de mon assaillant. Enfin, j'arrive à hier soir, du dernier mot, de la menace à demi voilée, d'à quel point j'ai eu peur qu'il soit blessé. A ces mots, son visage change, mais il se retient de dire un mot, me laissant terminer en m'écoutant attentivement. Puis je parle de cette nuit et je commence à paniquer, mon cœur se serre ma gorge se noue, mon souffle se coupe...

Liam m'enlace et me tire contre sa poitrine. Je suis d'abord surpris, puis j'accepte son étreinte et la lui rend alors que je reprends mon souffle.

"Je comprends"

Dit-il. Il me regarde et me sourit.

"Tu as voulu me protéger, merci!"

Je rougis et détourne les yeux.

"Ce n'est rien..."

La vérité c'est que je suis vraiment heureux qu'il ne m'en veuille pas, qu'il soit là, juste là.

« Comment m'as-tu trouvé ? »

Je demande fébrilement.

Liam soupire.

« Je... Je me sentais mal après ce qu'il s'était passé dans ta chambre, j'avais besoin de prendre l'air, je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il s'était passé, mais je ne pouvais pas réfléchir dans cette chambre exigüe, alors j'ai voulu aller marcher et j'ai vu de la lumière. J'étais intrigué et j'ai regardé par la fenêtre, sans doute un peu comme toi quand tu m'as surpris avec Léo. Je t'ai vu et, et bien je suis entré... »

Je ne dis rien pendant quelques instants, une question me brûlant ma gorge abîmée.

"Tu ne m'en veux pas?"

"Pardon, je sais que j'ai été froid ces derniers temps,et peut-être que ce ne sera pas la dernière fois, mais je tiens vraiment à toi. Je t'assure, prends se livre pour te le rappeler, situ as besoin je serais là. Avec toute mon amitié, Gabriel."

Je rougis. Mon mot.

"Je l'ai relu tellement de fois si tu savais. Jamais je ne t'en voudrais, j'en suis incapable je crois. Mais... Pourquoi tu n'as rien dit? Pourquoi...Tu as eu si peur que tu n'as pas pu dire un seul mot ? Enfin, tu me comprends... Au début, pourquoi tu n'en n'a pas parlé ?"

Je me dégage, les yeux las de tristes souvenirs. Je me force à sourire un petit peu en demandant à Liam:

"Dis, tu veux bien écouter mon histoire?"

Il hoche la tête. Je prends une grande inspiration et commence,peinant d'abord à trouver mes mots avant que l'histoire ne se raconte elle-même:

"Il y a plutôt longtemps maintenant, j'ai obtenu une bourse d'étude très importante et je suis entré dans une école de riche.Le genre d'école où tu pourrais être allé, un bâtiment regroupant collégiens et lycéens qui ressemblerait à celui-ci si ce lycée accueillait aussi les collégiens. J'avais travaillé très dur pour pouvoir y aller. Mes parents venaient de mourir et je voulais les rendre fiers, et fuir la famille qui m'avait recueilli au passage, elle était horrible, comme la plupart des famille d'accueil où j'ai été envoyé. J'étais super content d'intégrer une école aussi prestigieuse, mais là bas, j'étais le seul boursier. Ma bourse ne m'avait pas permis de m'acheter un nouvel uniforme ou de belles affaires, alors j'ai vite été pris en grippe par... A peu près tous les autres élèves. Je n'avais aucun, mais alors aucun ami. Pas même l'ombre d'un seul. Même quand je ne faisais rien, ces gosses de riches me harcelaient. Je retrouvais souvent mes affaires dans les ordures par exemple, ou dans la fontaine, et personne ne faisait rien, bien que tout le monde le voyait: les surveillant, les enseignants... Chaque soir je rentrais dans un foyer où je n'étais pas le bien venu plus blessé que la veille et je me soignais avec une douche froide. Je n'ai jamais voulu changer d'école, haha même si j'ai voulu en finir mais que j'en ai pas eu le courage. Je voulais vraiment, vraiment faire mes études là bas. Je travaillais très dur, de manière que chaque année je renouvelais ma bourse et que personne ne pouvait rien me reprocher. Le harcèlement a empiré avec les années. Je suis entré au lycée dans le même bâtiment, comme la plupart de mes camarades de classe. C'est durant ces années, les dernières de collèges et le lycée, que ça a vraiment empiré. Ils ont commencé me violenter, plus que des bousculades malencontreuses dans les roses ou les orties, ils me coinçaient dans des coins sombres et me tabassaient. Je ne protégeais que mon visage car je ne voulais pas qu'on m'engueule pour m'être battu une fois rentré au foyer... Puis ils ont commencé à vouloir s'entraîner sur moi après avoir atteint... leur maturité sexuelle. Ils ont commencé à me harceler plus psychologiquement qu'avant et..., ils m'ont attouché sexuellement. Ils allaient chaque fois plus loin, et j'ai fini par ne plus pouvoir le supporter. Ils ont tout bonnement fini par me violer,et m'abandonner dans une décharge. Je me suis enfuis du foyer avec toute mes économies, je me suis trouvé quelques petits jobs et j'ai loué une chambre. Je ne suis jamais retourné à l'école. Mais ironiquement j'ai toujours voulu retourné à l'école pour pouvoir,je ne sais pas trop, assister de loin à la vie des étudiants. Je voulais être un surveillant qui m'aurais aidé, mais j'avais trop peur d'être vu des élèves, donc au final je n'aurais pu aider personne. C'est alors que j'ai trouvé ce poste, exactement ce que je cherchais, le seul problème était le public: des élèves aussi riches que ceux qui m'avaient violenté. Après mûre et mûre réflexion, j'ai décidé d'accepter le poste. C'était il y a deux ans. Avec le salaire élevé j'ai pu acheter mon minuscule appartement où je ne vais presque jamais et je n'ai jamais eu de problème... Jusqu'à ce que je te rencontre en faite!"

Je relève la tête et souris, voulant détendre la lourde atmosphère. Je regarde Liam: Lui ne sourit pas du tout.

"Liam?"

Il me prend dans ses bras, le visage crispé et soucieux. Je souris et lui rend son étreinte.

"C'est une nouvelle manie que de me prendre dans tes bras?"

Il grogne et enfonce son nez dans mon cou, je pouffe.

"J'aime bien."

Liam reste tard dans ma chambre et on pu discuter de sujet moins pesants.

Les jours passent, je me détends petit à petit, mais reste plus ou moins cloisonné dans ma chambre. Sous l'impulsion de Liam, je réussis à sortir, et je raconte ce qu'il s'est passé à mes amis,à collègues et même au directeur. Celui-ci convoque les parents d'Aaron et Aaron lui-même, je décide de ne pas me présenter à la réunion, j'ai encore trop peur de voir le jeune garçon... La simple idée qu'il soit de retour au lycée me fait frisonner et Liam dû rester longtemps avec moi avant que je ne me calme. Quand à mes amis, ils se sont inquiétés, mis en colère, Amandine à voulu se rendre à la réunion pour frapper le jeune homme, mais Lætitia réussi à grand-peine à l'en empêcher. Le directeur m'offre un congé que je prends avec plaisir, mais je reviens dès que j'apprends qu'Aaron a été viré, malgré les pots de vins des parents, sûrement d'autres personnes en ont versés de plus généreux. Les-dis parents semblent bien énervés, ils tentent de m'approcher pour acheter mon silence mais je refuse de les voir.Basile ayant apprit l'histoire propose de me payer le procès, j'en suis si touché que je dois me retenir de lui sauter dans les bras,virtuellement puisque nous parlons par conversation téléphonique.Je refuse cependant, décidant de révéler l'histoire anonymement sur les réseaux.

"Je témoignerais si il recommence où s'il l'a déjà fait,mais sinon,ça ira."

Basile eut un petit rire.

"Tu es vraiment spécial."

Je suis soutenu par plus d'amis que ce que je ne pensais, le petit et timide Hugo à qui personne ne fait jamais attention m'offrit discrètement des chocolats, Lætitia et toutes les femmes de la cantine à qui la cheffe dû confisquer quelques couteaux, en faite tous mes collègues, sauf peut-être Bastien qui s'en fiche royalement, même le directeur, même si c'est sans doute grâce à Basile qui lui offrit un pot-de-vin, comme je l'appris de son fils,Amélia aussi fut d'un grand réconfort, notamment grâce à sa douceur, quant à Léo il se montre particulièrement attentif,compréhensif et gentil, Thibault vient même me voir un jour, Liam l'accueillit avec un regard noir et ce qui me sembla être un comportement protecteur qui me fit bien rire, alors évidemment, Liam est mon plus grand soutient.

Liam. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs, ce qui m'attriste. Je redécouvre mes souvenirs. Sa mine boudeuse prend une autre dimension, et je sais maintenant ce que j'ai toujours ressenti,du moins ce que j'ai peu à peu ressenti. Liam a toujours été là,du début à la fin, du meilleur au pire, il m'a protégé. Il ne m'a jamais abandonné. Alors un soir qu'il est avec moi quelques semaines après que les choses se soient calmées, je le regarde nerveux.

"Liam?"

"Ouais?"

Je me pince les lèvres.

"Je"

Je me ronge un ongle et rougis. Liam se redresse, les joues un peu rouges aussi, comme sachant ce que je vais dire. Je déglutis et lance:

"Je t'aime."

Je lève les yeux vers lui. Il sourit de tout ses dents, les yeux brillants. Il approche son visage du mien et souffle:

"Moi aussi je t'aime."

Il m'embrasse doucement, passionnément, et je lui rends son baiser. Sur le lit, entre nous, trône le vieil exemplaire de Cyrano que j'ai offert à Liam, sur le bureau sont posés mes recherches et au milieu de la pièce, il y a nous, les lèvres scellées,j'arrive pourtant encore à sourire comme jamais.

L'homme qui nettoyait les dortoirs (TW Viol)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant