L'obstination du radiateur

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J'ai beau savoir qu'il est froid. Il l'est toujours.

Je sors, marche dans le couloir, baisse la tête quand je vois quelqu'un que je connais, parce que, honnêtement, j'ai tout sauf envie de faire la conversation. Instinctivement, j'enlève mon manteau, un imperméable couleur sable, parce qu'il pleuvait ce matin.

Ce qui est fou, c'est que j'hésite toujours sur le manteau que je dois prendre, mais au final je prends mon imperméable. Il est extensible, je grandis (toute proportions gardées) mais lui n'est jamais petit. Je ne m'en plains pas, c'est bien pratique pour ne pas finir en flaque dégoulinante devant la salle de cours. Après, je le confesse, on a fait plus stylé : c'est sûr que ça jure un peu avec ma robe longue, mais bon, je ne suis plus à ça près.

Pendu à mon bras, je le ballote dans l'océan de gris et échoue devant ma salle, à peu près. Le petit coin à l'entrée du couloir.

Il est là depuis longtemps, plus très blanc, pas foncé pour autant, un peu écaillé quand même. Ils ont essayé de le fondre dans le gris, et ça marche bien.
Mon sac tombe dans un bruit sourd par terre.

«Aïe, un truc doit être cassé, je regarde ? Mmh...j'hésite, j'ai un peu la flemme.»

Ma conscience débat tranquillement pendant que mes omoplates rencontrent le mur. Ce n'est pas particulièrement confortable comme position, mais j'aime bien. Et je me pose contre le radiateur, mais il est froid. Il est toujours. Mais j'espère, que pour une fois il soit chaud, dans mes rêves, et tiède ? Dans mes espoirs les plus fous.

On est le lendemain, j'ai une veste couleur sable cette fois, mais elle reste sur mon dos. Je fais cliqueter mes bagues sur le métal...froid, évidemment.

Un jour, j'amènerai une bouillotte.

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