as time goes by

Les souvenirs de monsieur monde

J'ai oublié la dernière fois que j'ai pensé aux souvenirs, au fait de se souvenir.

J'ai oublié de me souvenir.

Les souvenirs c'est des embêteurs. Ils sont tellement bons, chocolat, vanille, fraise, mangue...tous les parfums de glace qui existent. Mais ça fond, tout dépend des morceaux, et donc, de la durée. Alors tu manges le cornet imprégné de l'odeur, parfois du gout, mais c'est parti. Chaque glace est unique.

Ce qui les rend encore plus importants c'est le culte qu'on en fait. On veut toujours faire des souvenirs, toujours se souvenir de ce moment magique, de ces jours de camping entre amis, mais parfois le cerveau choisit pour nous. On a beau essayer ; je me souviens toujours de la fois où j'ai pleuré en CP parce que je pensais qu'on mangeait des frites, et j'avais dit à ma maman que je restais manger à la cantine. Mais on m'avait fait une blague : on m'a dit que c'était des épinards. J'ai pleuré parce que je préférais ma maman aux épinards, pas aux frites mais aux épinards oui. 

Les souvenirs il dépendent de l'importance qu'ils ont eu dans ta vie. De la durée, du contexte. Le contexte fait le souvenir, comme les blagues.

La Voie Lactée elle doit s'en souvenir du Big Bang, celle du Sombrero, aussi. 

Parfois on oublie des visages, des voix, des rires. Ces gens deviennent des gens-qu'on-croit-avoir-déjà-croisé-quelque-part-mais-on-sait-plus-où. Je voudrais qu'on se souvienne de moi, pas dans l'histoire parce que franchement les photos qu'ils prennent dans les manuels sont tellement moches que les élèves oublieraient ma beauté. Mais plutôt une personne, quand en entendant son nom tu fais "aaah oui c'est vrai je vois qui c'est".

Jusqu'à maintenant j'ai globalement échoué. Je dis globalement parce que j'existe encore dans la mémoire des gens. Au moins dix personnes se souviennent de mon anniversaire.

La photo a révolutionné le marché du souvenir, maintenant on peut arrêter le temps , et y retourner. Certains disent qu'ils se souviennent même des sensations. La photo a fait évoluer le monde du souvenir, le cinéma celui des flemmards. Il permet de revoir le moment, les réactions, l'expression, on se replonge dans le film de l'anniversaire de nos dix ans puis on en sort, à l'année prochaine. Le cinéma empêche les sens de s'extasier autour de l'image.

Les planètes je pense que fondamentalement elles s'ennuient, rien à faire, elles voient passer des voitures de course à longueur de journée tout en faisant les cent années lumières comme un lion en cage autour du Soleil. Nous on a plein de divertissements, de quoi s'occuper ! Comme les enfants on détruit notre joujou pour ensuite pleurer et demander à nos parents de le reconstruire. Mais nos parents ils ne peuvent rien faire pour notre joujou de l'Univers.

Mon rêve c'est d'être une météorite.

Je voudrais qu'on se souvienne des souvenirs qu'on a perdu, parce que même les larmes sont précieuses, surtout en pleine canicule.