Cher Journal,
Le réveil sonne, il est 6h30. Je me lève, enfile mon sweat rouge dérivé de la série Teen Wolf préféré ainsi qu'un jean bleu clair, et prend mon petit déjeuner (une tasse de café au lait avec des madeleines) avant de me brosser les dents et de partir pour la gare. C'est Lundi, il fait gris sans pour autant y'avoir de brouillard. L'air est froid, je ressers mon écharpe Serdaigle, achetée récemment à Londres et en détache un pli afin de me couvrir le visage. Je sens l'odeur du pain frais et des viennoiseries sortir des boulangeries à peine ouvertes. Il n'y a pas beaucoup de passage automobile, c'est agréable, je n'aime pas le bruit qu'elles font dès le matin, ni leur odeur de smog écœurante qui nous irrite la gorge comme si l'on venait d'avaler des lames de rasoir.
Dire qu'il y'a de cela 14 ans, je n'avais absolument aucune idée de l'existence de ces monstres de ferraille... Comme tu le sais, de là où je viens, nous n'avions accès à quasiment aucune ressource technologique. J'ai d'ailleurs mis plusieurs années à m'adapter dans ce nouveau-monde. Le plus étrange, c'est le fait que désormais je ne pourrais jamais revenir à mon ancien mode de vie, je me suis trop habitué à tout ce que me proposait celui-ci. Désormais, je vis comme un vrai gars de la ville. Nul ne pourrait s'imaginer où j'ai réellement grandi en me regardant, il faudrait pour cela que je lui confie mon histoire, comme je le fais avec toi.
Quelques personnes âgées vont acheter leur pain quotidien, d'autres promènent leurs chiens, comme Mr Philippe qui me parle de ses exploits dans la marine chaque matin devant la friperie lorsque je leur adresse le bonjour, à lui et à son bouvier bernois, adorable comme tout on dirait une peluche, d'où son nom : Winnie. C'est d'ailleurs à cause de ce petit moment de discussion que j'essaie de toujours partir avec 5 minutes d'avance, autrement le gentilhomme me ferais sans doute louper le train. Il faut dire que le pauvre se sent bien seul depuis le décès de sa femme l'an dernier. Il m'avait alors demandé d'assister à l'enterrement car j'étais le seul à lui parler absolument tous les jours et que ma présence l'aurait rassuré lors de cette épreuve. Il faudrait que je pense à lui rapporter quelques cookies la prochaine fois, il en raffole. Surtout ceux à la noisette, c'est vrai qu'il a un faciès d'écureuil maintenant que j'y pense...
Après 20 minutes de marche tranquille (je ne me presse jamais le lundi matin, même si je suis en retard) j'arrive à la gare. Elle me redonne toujours le sourire car elle est de couleur rouge, ce qui la détache de son décor grisonnant et froid. De là où je viens, il y'avait des couleurs chaudes quasiment partout, il était alors quasi-impossible de garder bien longtemps une humeur maussade. Sa petite musique douce me fait toujours sourire aussi dès que je l'entends, vas savoir pourquoi ! Je ne dois pas être quelqu'un de totalement censé, mais j'aime mon côté dérangé. La vie serait des plus monotone et ennuyante sans lui. D'ailleurs, tous mes amis ont un côté dérangé, au moins nous pouvons rire ensemble sans tabous... Bon c'est peut-être aussi parce qu'avec toi, ce sont les seuls qui peuvent me supporter. Je leur en tire d'ailleurs mon chapeau haha !
Tient, en parlant du loup, voilà Anaïs ma meilleure amie qui arrive, toujours emmitouflée dans ses 5 couches de vêtements quand arrive le mois de novembre. Je me demande comment elle fait pour réussir à survivre durant la vraie période hivernale. Elle arrive toujours en même temps que le train, je ne sais pas comment elle fait pour ne jamais l'avoir loupé ; bref, nous nous installons donc, elle côté couloir et moi côté fenêtre comme d'habitude. Les images qui défilent lui donnent la nausée, et très loin de moi l'envie de me faire asperger de jus d'orange dégobillé avant d'aller en cours. Elle met ses écouteurs comme lors de chaque trajet, étant donné qu'elle non plus n'est pas très matinale, et moi je regarde le paysage défiler à l'allure du train.
Au départ, je fais attention aux arbres qui changent et aux oiseaux qui s'envolent dans les champs éloignés... Mais il se produit toujours ce petit phénomène hypnotique qui fait que je finis par atteindre une sorte de rêverie profonde en continuant de fixer cette fenêtre. Je me plonge alors dans mes souvenirs, ou bien dans des scénarios étranges prenant place dans mon esprit, ça dépend des jours. D'ailleurs heureusement que personne ne peut réellement lire dans les pensées d'autrui comme le ferait Edward Cullen dans Twilight, sinon on me ferait interner sur le champ ! Bien qu'il suffirait que tu divulgues certaines informations compromettantes pour que j'atterrisse à Eichen House moi aussi... ( Mais si je ne te racontais rien, tu n'aurais pas de raisons d'exister haha !) Mais ai-je moi-même une raison d'exister de toute façon ?
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Short StoryUn jeune homme venant d'un pays en développement arrive dans une nouvelle famille d'accueil. Un lien important se tisse entre eux. Les années passent et il devient un homme étudiant à la fac. Il a des amis avec qui il est super proches Sa vie bien...